Aimé Césaire, figure emblématique de la négritude et fervent pourfendeur du colonialisme, a brièvement figuré au programme de littérature des terminales L. En 1994, deux de ses œuvres majeures, Cahier d’un retour au pays natal et Discours sur le colonialisme, étaient inscrites sur la liste des textes à étudier. Ce fut une reconnaissance éphémère. Dès l’année suivante, une note de service publiée au Bulletin officiel de l’éducation nationale du 27 juillet retirait Césaire du programme, au profit des Yeux d’Elsa de Louis Aragon.
Officiellement, François Bayrou, alors ministre de l’Éducation nationale, justifiait ce choix par des critères littéraires. Interrogé par Le Canard enchaîné en septembre 1995, il affirmait que ce remplacement n’était pas motivé par des considérations idéologiques, mais par le fait qu’Aragon était, selon lui, “plus représentatif de la littérature française” que l’écrivain martiniquais.
Cependant, cette décision a soulevé des soupçons d’ordre politique. Odile Tobner, coauteure de Négrophobie, y voyait une éviction idéologique, rappelant une intervention à l’Assemblée nationale d’Alain Griotteray, député UDF, en septembre 1994. Celui-ci dénonçait la présence du Discours sur le colonialisme dans les programmes scolaires, qu’il qualifiait de “résolument politique”, critiquant notamment la comparaison entre nazisme et colonialisme. Une inclusion qu’il jugeait “choquante et inacceptable”.
Alain Boissinot, recteur de l’académie de Versailles et directeur des lycées en 1995, avançait une autre explication : selon lui, de nombreux enseignants s’étaient plaints de la difficulté des textes de Césaire, jugés trop complexes en raison de leur syntaxe et de leurs références culturelles. Face à ces protestations, François Bayrou aurait décidé de modifier le programme, choisissant Aragon précisément pour éviter toute accusation de partialité idéologique.
Pourtant, cet épisode a laissé une empreinte durable. À l’époque, François Bayrou, a certainement observé les remous provoqués par cette décision. Aujourd’hui, en tant Premier Ministre il doit à nouveau réfléchir à la place à accorder au poète martiniquais dans les programmes scolaires.Aimé Césaire, reste encore largement absent des salles de classe de France.
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