Le 20 janvier, à midi, heure à laquelle le nouveau président des Etats-Unis, le démocrate Joe Biden a pris  officiellement le pouvoir, tous ceux qui aspirent à une gouvernance plus apaisée des affaires des Etats-Unis et du reste du monde pousseront un soupir de soulagement. Mais il nʼest pas évident que la page puisse être aussi rapidement tournée. Certes, à cette date, Donald Trump ne disposera plus de lʼimmense pouvoir de nuisance que lui conférait sa fonction de président.


Dʼautant que la procédure dʼempeachment engagée contre lui risque fort de franchir une nouvelle étape avec la prise de contrôle du Sénat par les démocrates. Mais avant de partir, il aura encore commis quelques méfaits comme lʼaggravation des sanctions contre Cuba, lʼamnistie de plusieurs de ses complices condamnés pour de graves délits ou la signature de lʼordre dʼexécution de plusieurs condamnés à mort.

Lorsque Biden sera aux commandes, il aura la lourde tâche de tenter de rassembler un pays profondément divisé, dʼautant que les plus fanatiques des 74 millions dʼAméricains qui ont voté pour Trump resteront accrochés à leur volonté dʼimposer leur politique raciste et xénophobe aux Noirs et aux Latinos. Lui qui nʼa toujours pas digéré sa défaite sʼappliquera, à nʼen pas douter, à entretenir un climat social et racial tendu.

Mais la majorité du peuple américain peut espérer revenir à une société plus apaisée, et pour les plus démunis, à plus de justice sociale. A commencer par la gestion de la crise Covid qui a déjà fait 350 000 morts, qui se poursuit au rythme de plusieurs milliers par jour et dont les plus pauvres sont les principales victimes. Avec une majorité au Sénat et à la Chambre des Représentants, il disposera des moyens pour répondre aux aspirations de lʼaile gauche du parti démocrate, porteuse des aspirations de la base progressiste qui réclame une réforme radicale du système de santé pour le rendre réellement universel comme le prévoit Bernie Sanders dans son projet de Medicare for All. Il devra tenir sa promesse de rénover le système scolaire laissé à lʼabandon sous la présidence de Trump, de lutter contre la pauvreté qui a atteint un niveau jusque là inconnu en mettant en œuvre des réformes sociales hardies comme lʼinstauration dʼun Smic horaire à 15 dollars dans tous les Etats, lʼextension de lʼallocation chômage ainsi que lʼins- tauration dʼun congé parental ou de maladie. Toujours au plan intérieur, il devra faire montre de courage pour impo-

ser la gratuité des études dans les universités dʼEtat et résoudre lʼépineux dossier de lʼendettement étudiant qui atteint des sommes vertigineuses et quʼils doivent rembourser sur des décennies. Comme prévu dans son programme, Biden devra tenir sa promesse dʼabolir la peine de mort au niveau fédéral et dʼinciter les autres Etats, en particulier ceux du Sud qui la maintiennent, encore à le faire. Aura-t-il le courage de sʼopposer au puissant lobby des armes à feu qui entretient la violence dans le pays et dont certains membres ont participé à lʼassaut du Capitole ? Mais ne nous faisons pas trop dʼillusions. Sʼil est vrai quʼau plan intérieur, lʼaction de Biden pourrait contribuer à lʼamélioration du sort des plus démunis, il est peu probable quʼau plan international, elle se traduise par un changement radical de doctrine. Car il est illusoire de penser que les Etats-Unis renonceront  à leur politique hégémonique. Biden va- t-il enfin mettre fin au scandale que constitue le maintien en détention de prisonniers à Guantanamo ? Il y a peu de chance que le terrible embargo auquel sont soumis Cuba, le Venezuela ou lʼIran et qui leur interdit jusquʼà lʼachat de médicaments soit sensiblement assoupli. Biden va-t-il continuer dʼentretenir la guerre commerciale avec la Chine ? Et les autres pays occidentaux vont-ils continuer à se plier aux volontés des Etats-Unis et à se soumettre aux règles dʼéchanges qui ne visent quʼà préserver leurs seuls intérêts ? Vont-ils, comme annoncé par Biden, réintégrer lʼaccord de Paris sur le climat pour contribuer effectivement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique ? Il faut tout de même espérer que son arrivée à la Maison blanche inaugure une ère de diminution de la tension internationale.

Telles sont les lourdes interrogations posées par lʼaccession de Biden au pouvoir et les quelques espoirs quʼelle nourrit. Autant de sujets qui imposent la plus grande vigilance à tous ceux qui sont attachés au respect des droits de lʼhomme, à la justice sociale, à la paix et à la fraternité entre les peuples.

Georges Erichot ( In Justice. )

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