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PLANÈTE

ACTUALITÉ

Nathalie Mayer

Journaliste

 

La COP26 vient de s’ouvrir à Glasgow ce 31 octobre. Le rendez-vous s’annonce décisif dans la lutte contre le réchauffement climatique. Futura vous propose dès aujourd’hui, de commencer à en décrypter plusieurs de ses tenants et aboutissants. La première question que nous nous posons : limiter le réchauffement à +1,5 ou à +2 °C, cela change quoi ?

Il y a 6 ans, à l’occasion de la COP21, 196 États s’engageaient en effet à « limiter le réchauffement climatiqueà un niveau bien inférieur à 2 °C, de préférence 1,5 °C, par rapport au niveau préindustriel ». C’était à Paris, en 2015. Pour y arriver, une seule solution. Une diminution marquée de nos émissions de gaz à effet de serre (GES).

Car, dans son dernier rapport publié au mois d’août, le Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le soulignait : les températures moyennes à la surface de la Terre ont déjà augmenté de +1,07 °C. Et aujourd’hui, seul un scénario de réduction drastique de nos émissions de GES — le scénario baptisé SSP1-1.9 — pourrait nous permettre de nous maintenir à peu près au niveau des fameux +1,5 °C de réchauffement. Même un scénario de limitation intermédiaire de nos émissions — celui que le Giec appelle le scénario SSP2-4.5 — nous entraînerait bien au-delà des +2 °C.

Mais après tout, 0,5 °C de plus ou de moins, est-ce vraiment si important ? Oui, avait déjà répondu une étude en 2017. Les chercheurs avaient alors comparé deux périodes récentes séparées de dix ans, mais surtout, de 0,5 °C. Ils notaient par exemple une augmentation des précipitationsextrêmes de 10 % sur un quart de la Planète. Sur la moitié des régions, les sécheresses, quant à elles, s’étaient allongées d’une semaine.

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Avec le réchauffement, les épisodes de chaleur extrême vont non seulement devenir de plus en plus fréquents, mais aussi de plus en plus intenses. © Ludovic LAN, Adobe Stock  

0,5 °C en plus, ça change les températures extrêmes

« Une différence de 0,5 °C compte », confirme aujourd’hui le Giec. Désormais, les scientifiques estiment en effet qu’il est très probable que 0,5 °C de réchauffement supplémentaire provoquerait des augmentations perceptibles de l’intensité et des fréquences des extrêmes de chaleur :

  • Avec un réchauffement global à 1,5 °C, les vagues de chaleur décennales — qui se produisaient, durant l’ère préindustrielle, environ une fois tous les dix ans — deviendront 4,1 fois plus fréquentes et 1,9 °C plus chaudes ;
  • Avec un réchauffement global à 2,0 °C, ces mêmes vagues de chaleur deviendront 5,6 fois plus fréquentes et 2,6 °C plus chaudes ;
  • Avec un réchauffement global à 1,5 °C, les vagues de chaleur qui se produisaient, durant l’ère préindustrielle, environ une fois tous les cinquante ans deviendront 8,6 fois plus fréquentes et 2,0 °C plus chaudes ;
  • Avec un réchauffement global à 2,0 °C, ces mêmes vagues de chaleur deviendront 13,9 fois plus fréquentes et 2,7 °C plus chaudes ;
  • Avec un réchauffement global à 1,5 °C, la part des personnes touchées par une vague de chaleur au moins une fois tous les cinq ans serait de 14 % ;
  • Avec un réchauffement global à 2,0 °C, cette part passe à 37 % !

Une étude récemment publiée livre des informations complémentaires. Alors que les personnes nées en 1960 devraient avoir à affronter quatre vagues de chaleur extrême dans leur vie, des enfants nés en 2020 devront en affronter 18 si le réchauffement est maintenu à 1,5 °C. Et même 30 s’il va jusqu’à 2 °C ! Notamment dans les régions en développement, les plus fragiles.

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Sur cette carte apparaissent en rouge les pays dont les populations nées en 2020 seront plus exposées à des vagues de chaleur que celles nées en 1960. En haut pour un réchauffement de +1,5 °C, en bas, pour un réchauffement de l’ordre de +2,5 °C. © Joe Goodman, Carbon Brief based on data from Thiery et al. 

0,5 °C en plus, ça change les régimes de précipitations

Autre domaine dans lequel 0,5 °C de plus ou de moins peut avoir des conséquences importantes : celui du cycle de l’eau. Ainsi les experts du Giec estiment, avec un niveau de confiance élevé, que l’intensité et la fréquence des précipitations et des sécheresses vont, elles aussi, augmenter :

  • Avec un réchauffement global à 1,5 °C, les événements de fortes pluies — d’une durée de 24 heures – décennaux deviendront 1,5 fois plus fréquents et 10,5 % plus humides que ceux d’aujourd’hui ;
  • Avec un réchauffement global à 2,0 °C, ces mêmes événements deviendront 1,7 fois plus fréquents et 14 % plus humides ;
  • Avec un réchauffement global à 1,5 °C, les sécheresses décennales dans les régions déjà sèches deviendront 2 fois plus fréquentes ;
  • Avec un réchauffement global à 2,0 °C, ces mêmes événements deviendront 2,4 fois plus fréquents.

Plus globalement, les latitudes plus élevées, les tropiques et les régions de moussons devraient voir leurs précipitations augmenter. Les zones subtropicales devraient, quant à elles, les voir diminuer. Ainsi limiter le réchauffement à 1,5 °C plutôt que 2 °C permettrait de préserver plus de 200 millions d’êtres humains de la sécheresse.

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0,5 °C en plus, c’est aussi une série d’autres difficultés majeures

Même si les effets du réchauffement climatique anthropique sur le niveau de la mer sont difficiles à évaluer, les experts du Giec estiment que les eaux pourraient monter de 0,5 mètre d’ici 2100 avec un réchauffement global de 1,5 °C et de 10 centimètres de plus avec un réchauffement de +2,0 °C.

Et notez qu’en Europe, la France est parmi les pays les plus menacés par la submersion marine. Notamment sur son littoral Atlantique qui serait touché dès une élévation du niveau de la mer de 0,5 mètre.

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Avec la montée des eaux, les villes de Calais, Gravelines et Dunkerque, notamment, pourraient se retrouver en grande difficulté. © Climat Central 

Les scientifiques avancent aussi que sous un réchauffement de 1,5 °C, la production de maïs devrait diminuer de 3 %. Sous un réchauffement de 2,0 °C, elle pourrait baisser de 7 %.

Le saviez-vous ?

Dans l’Arctique, les scientifiques préviennent qu’il est quasiment certain que les températures vont beaucoup augmenter :

  • de 3 °C dans le cas d’un réchauffement global de 1,5 °C ;
  • de 4 °C dans le cas d’un réchauffement global e 2 °C.

Enfin, si un réchauffement de +1,5 °C met directement en danger 7 % des écosystèmes, un réchauffement de +2,0 °C n’en menace pas moins du double.

Déjà, selon l’OMM, l’Organisation météorologique mondiale, au cours de ces 50 dernières années, les extrêmes climatiques auront coûté à nos sociétés près de 175 millions d’euros par jour ! Avec un réchauffement qui s’accentue, la facture deviendra de plus en plus salée.

Et 0,5 °C en plus, ce n’est malheureusement pas la voie que nous prenons

L’étude déjà citée plus haut souligne que dans un monde qui se réchaufferait de 3 °C, un enfant de six ans aujourd’hui connaîtra deux fois plus de feux de forêt et de cyclones tropicaux, trois fois plus d’inondations fluviales, quatre fois plus de mauvaises récoltes, cinq fois plus de sécheresses et 36 fois plus de canicules au cours de sa vie qu’un enfant de six ans vivant dans un climat préindustriel.

Réchauffement climatique : « toute personne de moins de 40 ans sera exposée à des catastrophes sans précédent » !Plus 3 °C, c’est peu ou prou la voie sur laquelle le rapport sur le réchauffement climatique United in Science 2021 nous voit engagés. Et il n’est question ici que de nombre comme appellent les scientifiques, les périodes qui voient plusieurs extrêmes frapper en même temps ou de manière rapprochée.

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