Notre Terre se réchauffe. Et du côté de l’Arctique, malheureusement, la tendance se confirme. Plutôt deux fois qu’une. La région montre désormais les signes d’une transformation profonde. État des lieux.

 

« Il n’y a aucune ambiguïté. La transformation de l’Arctique en une région plus chaude, moins gelée et biologiquement modifiée est définitivement engagée. »C’est le constat de Rick Thoman, climatologue à l’université de Fairbanks (Alaska), dans un communiqué de l’Agence américaine d’étude de l’atmosphère et des océans. La NOAA vient en effet de publier, pour la 15e année consécutive, son Arctic Report Card. Entre la hausse des températures, le recul de la calotte glaciaire, la fonte des glaces de mer et la diminution de la couverture neigeuse, le tableau brossé par le rapport d’experts n’est pas beau.

 

L’#Arctique se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la Terre. Ce 8 décembre, @NOAA a publié son rapport sur l’Arctique qui confirme cette tendance.

Du côté des températures, d’abord, le réchauffement climatique plus rapide que la moyenne de cette région se confirme. En Arctique, les températures de ces six dernières années ont toutes dépassé la moyenne de 1981-2010 d’au moins 1 °C. Et les températures mesurées au-delà de 60° nord entre octobre 2019 et septembre 2020 classent l’année écoulée au deuxième rang des plus chaudes jamais enregistrées dans la région avec plus 1,9 °C par rapport à la moyenne de 1981-2010. C’est sur la Sibérie, notamment, que des températures extrêmement élevées — de 3 à 5 °C au-dessus des normales — ont été observées au cours du printemps 2020.

Résultat, une saison de feux de forêt sans précédent dans la région. Plus de neuf millions d’hectares ont brûlé. « 41 ans maintenant qu’en Arctique, les températures moyennes augmentent. Et qu’en parallèle, la végétation se développe. Des conditions de plus en plus favorables à des feux de forêt intenses et étendus », commentent les chercheurs. L’Arctic Report Card fait ainsi état du verdissement de plus d’un tiers de la toundra au cours des dernières décennies. Tout en notant que depuis quelques années, certaines régions ont commencé à montrer des signes de brunissement.

L’Arctique (en rouge) se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète (en noir). © NOAA

L’Arctique (en rouge) se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète (en noir). © NOAA 

 

Une région bouleversée par le changement climatique

Autre conséquence de la hausse des températures de l’atmosphère sous l’effet du changement climatique : la fonte des glaces. De septembre 2019 à août 2020, la calotte glaciaire du Groenland a une fois de plus perdu plus de glace que la moyenne de 1981-2010. L’Alaska et l’Arctique canadien ont également continué de fondre de manière marquée.

Anomalie des températures de l’air pour octobre 2020 en Arctique. © Nasa, EarthObservatory  

Les glaces de mer ont, elles aussi, beaucoup souffert. Globalement, nous apprennent les mesures satellites, la couche de glace a perdu, au cours de la dernière décennie, à la fois en âge, en épaisseur et en solidité. À la fin de l’été 2020, l’Arctique enregistrait même sa deuxième — 2012 conserve le record en la matière — plus faible étendue minimale sur les 42 dernières années. Confirmant le déclin régulier des glaces de mer depuis deux décennies. Et participant à son tour à une élévation des températures de surface de la mer. De 1 à 3 °C au-delà des normales en août 2020.VOIR AUSSIL’Arctique entre dans un nouvel état climatique

C’est ainsi que les chercheurs ont pu noter une prolifération massive de phytoplanctons. En juillet 2020, la productivité de la mer de Laptev, par exemple, a été environ six fois plus élevée que la moyenne. De quoi teinter de turquoise les eaux des côtes de l’Arctique ! Avec une bonne nouvelle tout de même, car le phénomène — et l’augmentation par ailleurs de la disponibilité en krills — a soutenu la population de baleines boréales. Au bord de l’extinction il y a 30 ans, les chercheurs en recensent aujourd’hui quelque 10.000 individus.

POUR EN SAVOIR PLUS

En Arctique, rien ne va plus : fontes des glaces record au Groenland et incendies gigantesques en Sibérie

Des feux de forêt sans précédent ravagent l’Arctique. La conséquence d’une météo défavorable. Et la cause probablement d’une accélération du réchauffement climatique. Alors même que la région est actuellement en proie à une intense canicule. De quoi accélérer encore le rythme de la fonte des glaces et élever le niveau de l’océan.

Article de Nathalie Mayer paru le 02/08/2019Lacs de fonte observés au nord-ouest du Groenland le 30 juillet 2019. Images du satellite Landsat 8. © Nasa Earth Observatory

Lacs de fonte observés au nord-ouest du Groenland le 30 juillet 2019. Images du satellite Landsat 8. © Nasa Earth Observatory  

Au Groenland, la vague de chaleur fait fondre la glace à une vitesse record

Ce week-end, le Groenland devrait retrouver des températures plus fraîches. Mais le mal semble fait. Selon les estimations provisoires de l’Institut météorologique danois, en ce mois de juillet 2019, le Groenland a perdu 197 gigatonnes de glaces de surface. C’est plus que la moyenne d’une année entière depuis le début du XXIesiècle. Et pour vous faire une idée concrète, c’est l’équivalent de quelque 80 millions de piscines olympiques !

 

Depuis mercredi, la tendance s’accélère encore un peu plus. « Le Groenland vient de connaître les taux de fonte parmi les plus élevés de tous les temps », constate Ruth Mottram, météorologue danoise. Car même au sommet de la couche de glace, à quelque 3.200 mètres au-dessus du niveau de la mer, les températures ont été positives, ce mercredi 31 juillet, pendant plus de 10 heures.

De quoi étendre à près de 60 % de la superficie de la calotte glaciaire du Groenland touchée. Un triste record de plus ! Résultat ce mercredi seulement, plus de 10 milliards de tonnes de glace ont disparu dans l’océan et 11 milliards de plus ont fondu ce jeudi.

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