Cher monsieur De Reynal,il y a encore plus simple qu’une zone franche sociale : un versement, par l’Etat, de 1 million d’euros à chaque nouveau né, ne trouvez-vous pas?Diminuer ou supprimer taxes, impôts, cotisations sociales peut avoir un effet à court terme. Mais est-ce le cas à long terme?
La théorie économique et l’observation du fonctionnement de certains pays de la zone montre que le niveau des prix s’adapte à la quantité de monnaie en circulation. Plus cette quantité est élevée, plus les prix s’accroissent quasi automatiquement.
Le cas d’Haïti fournit une illustration. En 1998, lors d’un séjour à Port-au-Prince, j’avais été très surpris de constater la présence d’un nombre très élevé de coopérants étrangers originaires de pays occidentaux. L’USAID disposait de 500 coopérants, la France, autour d’une centaine, le Canada, à peu près autant, tout cela non compris tous ceux intervenant dans le cadre d’ONG.
Ces coopérants disposaient de revenus très élevés et résidaient, pour ceux qui vivaient dans la capitale, à Pétionville, sur les hauteurs de Port-au-Prince, dans de belles villas où résidaient naguère la bourgeoisie haïtienne. J’ai bien connu un coopérant français, professeur dans un collège en France, qui, en Haïti, percevait une rémunération 3 fois supérieur et vivait dans belle villa avec piscine tout en disposant de plusieurs domestiques. Inutile de dire que ce n’était pas la le sort de la plupart des Haïtiens, même appartenant à la classe moyenne. La perception des prix domestiques qu’avaient ces coopérants, eu égard à leur niveau de revenu, faisait qu’ils pouvaient non seulement acheter ce qu’ils désiraient mais épargner et transférer cette épargne dans leur pays d’origine.
La seule présence de ces coopérants, dorés sur tranche, avait provoqué une forte augmentation des prix, notamment dans le secteur de l’alimentation, au point que des haïtiens avouaient rencontrer plus de difficultés pour vivre que sous la dictature Duvalier.
N’est-ce pas un peu notre cas, compte tenu des fortes disparités qui existent et de la présence de sur-rémunération, initialement dans la fonction publique mais étendue depuis, sous une forme parfois différente (13ème voire 14ème mois), à d’autres secteurs?
Pourquoi un agriculteur produisant du vivrier ou du maraicher chercherait les voies et les moyens pour accroitre la productivité de son exploitation, seul moyen pour abaisser les couts unitaires, puisque même vendu au tarif actuel, la taille des production est très loin de satisfaire la demande et que, même cher, cela se vend?
je note que personne, strictement personne, n’ose parler de ce problème!!!Personne n’évoque notre manière de consommer et de dépenser des sommes considérables dans des activités parfaitement secondaires pour ne pas dire parasite comme les jeux d’argent type PMU, LOTO, etc.
Personne ne s’interroge sur le parc automobile en Martinique, à faire pâlir de jalousie un très grand nombre de ceux qui vivent dans des pays autrement plus développés que le notre. Le dernier véhicule à la mode est le DODGE RAM de 6 litres de cylindrée et de 32 chevreaux fiscaux et développant 400 ch. Son prix : entre 80 000€ et 120 000€.
Je n’évoquerai pas notre consommation de champagne, de cognac Hennessy et de vodka, même parfois sur des barrages.Est-il raisonnable de faire croire à nos compatriotes que sur une île aussi petite, disposant d’un potentiel agricole et un marché limité, lequel implique des choix souvent drastiques, il est possible d’avoir le même mode de consommation, tant en quantité qu’en qualité et en diversité, que celui de ceux qui résident dans et autour de grandes capitales européennes, peuplées de millions d’habitants et approvisionnes par une noria de camions?
Vous affirmez que cela permettra de baisser les prix, favorisera l’emploi. Qui garantit que la baisse des charges sera répercutée intégralement dans les prix PUISQUE CES DERNIERS SONT LIBRES!!!
Vous laissez entendre qu’une entreprise embaucherait, juste par altruisme, non parce qu’elle éprouverait des besoins en personnel mais que cela lui couterait moins cher!!! On pourrait presque dire que le plein emploi pourrait être atteint quand le cout du travail sera à … zéro. Ce système, on le connait en Martinique et ceux qui le subissaient s’en sont débarrassés un certain 22 mai 1848.Ce ne sont pas les dispositifs d’incitation à l’embauche qui manquent en France et à ce jour, aucune étude sérieuse ne conclut à leur fiabilité. Au contraire, elles montrent que les exonérations de cotisations favorisent les “trappes à bas salaire”, au point qu’un salarié à temps complet ne peut plus vivre avec sa seule rémunération!
C’est d’ailleurs ce à quoi sert essentiellement l’octroi de mer puisqu’il finance le budget de fonctionnement des communes, et donc, les pratiques douteuses de clientélisme, de népotisme et de favoritisme trop souvent répandues. Cet octroi de mer n’aurait-il pas été plus utile s’il était consacré à l’investissement?
En dépit de cette manne qui s’accroit au rythme annuel de 4,5%, 28 communes sur 34 étaient dans le rouge en Martinique.Cette idée de zone franche sociale est une proposition à courte vue qui affaiblit le financement de la sécurité sociale, ce que le président Macron a passé son temps à faire et qui méconnait le fait que les cotisations sociales (ouvrières et patronales) ne sont rien d’autre que du salaire différé. La logique de cette proposition devrait conduire à l’étatisation d’abord puis à la privatisation de la sécurité sociale. C’est donc une fausse bonne idée. Notons qu’elle accroit encore un peu plus le niveau de l’assistanat dont nous bénéficions et qui fonctionne, à l’image d’un nœud coulant qui vous étrangle au fur et à mesure que vous tirez dessus.
Du point de vue de l’histoire, c’est comme un crachat lancé post mortem au visage de Victor LAMON grâce auquel la sécurité sociale a été étendue, dans les faits, à la Martinique.
Enfin, la revue “Alternatives économiques” a publié un intéressante étude (https://www.alternatives-economiques.fr/modele-social-francais-coute-t-cher/00112477) sur les méfaits causés par des politiques d’exonération de cotisations sociales qui n’ont d’effet qu’à très court terme tout en étant particulièrement néfastes à moyen et long terme.
Votre proposition de zone franche sociale ne change rien quand aux vraies raisons de nos difficultés. Elle laisse l’essentiel des déterminant de la vie de nos compatriotes inchangés. D’un certain point de vue, vous partagez l’idée de ceux qui prétendent que puisque la France ne se séparera jamais de ses possession outre mer, elle doit casquer. C’est finalement ce que vous proposez en réduisant un peu plus le financement de la sécurité sociale et en disant, implicitement, les français paieront. Curieuse logique qui veut qu’on ne cherche jamais à réduire les situations abusives en nous exonérant de tout effort (et certains le peuvent parfaitement) mais en reportant les responsabilités sur d’autres.
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Réponse d’un lecteur à la Tribune de Emmanuel de Reynal sur la Zone Franche Sociale
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