Ce mardi 28 novembre, les 18e Assises de l’Économie de la Mer, qui se sont déroulées à la Cité des Congrès de Nantes, ont offert une tribune exceptionnelle aux débats sur l’économie maritime globale. Cette édition a été une occasion pour mettre en lumière un consensus fort parmi les intervenants sur l’importance stratégique des Outre-Mers, percevant ces territoires comme des acteurs cruciaux dans la préservation de la souveraineté en mer. Les discussions ont souligné la nécessité urgente de protéger ces régions ultramarines, véritables joyaux de biodiversité et atouts stratégiques majeurs pour la France.”


DOSSIER RÉALISÉ PAR NOTRE JOURNALISTE SUR PLACE THIBAUT CHARLES


La Cité des Congrès de Nantes s’est métamorphosée en un lieu d’échanges inédits en y accueillant les 18e Assises de l’Économie de la Mer. Réunissant 1 800 participants, cette édition exceptionnelle a jeté une lumière particulière sur divers thématiques cruciales au sein de l’économie maritime. Alors que les débats s’articulaient autour des grands enjeux tels que l’éolien, l’avenir de la pêche, et la décarbonation, l’attention des participants s’est également tournée vers les Outre-Mers, perçus comme des acteurs indispensables dans la préservation de la souveraineté française et européenne en mer. Cette journée mémorable a dévoilé un consensus fort parmi les participants quant à l’importance stratégique de ces territoires insulaires dans le panorama économique des océans.

Des endroits stratégiques aux enjeux décisifs

Alain Pinot, directeur du projet Marha à l'office de la biodiversité“L’Outre-Mer se présente comme le joyau de la biodiversité française, constitué en grande partie de richesse naturelle,” expose Alain Pinot, directeur du projet Marha de l’office français de la biodiversité. Cet établissement public s’est donné pour mission de préserver la diversité biologique notamment en réalisant des actions telles qu’installer des aires protégées. “Plus de 90% des espèces de faune et de flore présentes sur le territoire national sont concentrées dans les territoires d’outre-mer, notamment aux Antilles, où l’on trouve des ensembles impressionnants d’espèces,” reprend-t-il. “La préservation de la biodiversité de ces territoires revêt un rôle essentiel. Cela implique la mise en place d’aires protégées, des espaces spécifiques où la gestion de la biodiversité est effectuée de manière équilibrée en tenant compte des activités humaines”.

Jean Pierre Beurier, professeur émérite droit de la mer

Au cœur de l’événement, des intellectuels ayant déjà résidé dans les Outre-Mers participent également à cette rencontre. “Dotés d’une vaste étendue et caractérisés par une diversité exceptionnelle, les Outre-Mers se présentent comme des territoires aux opportunités stratégiques majeures pour la France,” selon Jean Pierre Beurier, professeur émérite de droit de la mer, ayant déjà donné des cours à la faculté des Antilles et de la Guyane, en Martinique. “Les îles telles que la Martinique, avec des courants dont les canaux ouvrent des perspectives prometteuses pour l’hydrolien en mer, pourraient ainsi conduire à la création d’infrastructures remarquables dédiées à la production d’énergie renouvelable. Il s’agit là d’une piste parmi d’autres à explorer attentivement.”

Anna Cullerre, Ancienne Vice-Amirale

Il aurait été impensable que les assises se déroulent sans la présence des membres de la Marine Nationale. Anna Cullerre, ancienne vice-amirale ayant déjà réalisé des missions en Polynésie française était présente pour elle aussi débattre de l’intérêt stratégique de nos département. “L’histoire de la France révèle une prise en compte inégale de ses Outre-Mers, souvent considérés comme accessoires,” souligne-t-elle. “La question actuelle réside donc dans le rôle que peuvent jouer les Antilles, Nouméa, et la Polynésie française pour renforcer cette influence et contribuer davantage à l’économie française. Cette interrogation souligne la nécessité de trouver des solutions concrètes pour tirer pleinement parti de ces territoires ultramarins”.

L’ancienne militaire souligne fermement la nécessité d’accorder une reconnaissance accrue et un soutien adéquat aux habitants des Outre-Mers. “Il s’agit de protéger les ressortissants, même en l’absence de menaces directes, tout en assurant la protection des vastes espaces maritimes, une tâche complexe étant donné les moyens limités dont dispose l’Outre-Mer en termes de surveillance maritime, que ce soit par voie navale ou aérienne. Cette responsabilité confère à la France des devoirs envers ses territoires ultramarins, qui contribuent significativement à sa position en tant que deuxième espace maritime mondial,” termine-t-elle.

Des lieux à préserver et revaloriser

Xavier Rebour, directeur de France Cyber Maritime

Les associations et les organisations gouvernementales présentes aux assises ont pleinement conscience de la valeur des Outre-Mers. Elles n’hésitent donc pas à se montrer résolues à les intégrer de manière significative dans leurs programmes respectifs. “On nous a souligné à plusieurs reprises l’importance cruciale des départements et territoires d’outre-mer ainsi que des collectivités d’outre-mer, qui représentent 95% de notre zone économique exclusive,” réagit Xavier Rebour, directeur de France Cyber Maritime. “Face à cette réalité, sécuriser ces territoires en matière de cybersécurité maritime devient une priorité. Ces régions dépendent fortement, voire à 100%, de l’économie et du transport maritimes. C’est pour répondre à ce besoin que France Cyber Maritime a été créée il y a trois ans, initialement basée à Brest en France hexagonale, mais rapidement étendue aux Outre-Mers”.

Kylian Helleux, chef de publicité au Marin

Participer aux assises, c’est aussi l’occasion pour certains médias spécialisés dans le domaine maritime de venir à la rencontre des gens. C’est le cas de la rédaction du Marin, un journal fondé en 1946, appartenant au groupe Ouest-France. “Notre journal explore une thématique spécifique, couvrant des sujets variés tels que les énergies marines renouvelables,” détaille Kylian Helleux, chef de publicité du “Marin”. “Nous nous intéressons particulièrement aux Outre-Mers notamment  en mettant en avant les acteurs clés, les innovations, et les projets locaux. L’objectif est de fournir une information de qualité, informant sur les développements en cours dans les Outre-Mers, même pour les acteurs métropolitains moins au fait de l’actualité ultramarine”. Cependant, le média n’est pas le seul acteur présent à la convention cherchant à restaurer la valeur des Outre-Mers, dans l’économie de la mer.

Gilles Chatry, Vice-president de l’institut de la mer à Brest

“Nous faisons la promotion de toutes les activités maritimes, couvrant aussi bien la plaisance que le transport maritime,” témoigne Gilles Chatry, vice-président de l’Institut de la mer à Brest. Cette association s’est donné pour objectif de revitaliser et dynamiser l’ensemble des activités maritimes, y compris en Outre-Mers. “Cette impulsion se concrétise notamment par l’organisation d’événements stimulants, à l’image de celui-ci. En favorisant de telles rencontres et en stimulant les échanges, le Cluster maritime contribue à renforcer le dynamisme des activités maritimes dans ces régions éloignées”.

La fin des nombreux débats animés autour de divers sujets maritimes, tels que l’éolien, l’avenir de la pêche, la décarbonation, ainsi que la place centrale accordée aux Outre-Mers, a marqué la clôture des 18e Assises de l’Économie de la Mer à Nantes. Cette édition aura eu le mérite de mettre en lumière la richesse des échanges et des réflexions sur les enjeux majeurs de l’économie maritime, renforçant l’importance de ces discussions pour l’avenir des océans et de la France en tant que puissance maritime mondiale.

Thibaut Charles

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