Avis de tempête sur la République dominicaine. La faute à une parité euro/dollar défavorable mais aussi et surtout à l’instauration d’une surtaxe locale sur le jet fuel, qui a rendu prohibitive l’exploitation des vols sur la destination, sur le tronçon retour en l’occurrence. Plutôt que d’augmenter le prix de l’essence à la pompe pour ses concitoyens lors de l’envolée des cours du brut, le gouvernement dominicain a ainsi préféré faire payer la note aux compagnies aériennes. Un moyen d’acheter la paix sociale.

« Le kérosène est 80% plus cher à Punta Cana comparé à Orly où son prix est pourtant déjà élevé », explique ainsi Julien Houdebine, le directeur commercial et marketing de Corsair, première compagnie à avoir arrêté, le 7 janvier dernier, l’ensemble de ses vols sur la destination, reprotégeant ses passagers sur Air Caraïbes.

Et d’ajouter : « Corsair n’a pas prévu de reprendre ses dessertes l’hiver prochain préférant se concentrer sur la croissance des autres lignes de son réseau ». Air France lui a depuis emboîté le pas puisque ses derniers vols sont programmés les 23 et 25 mars, la compagnie nationale enfonçant même le clou puisqu’elle précise dans un communiqué que « la suspension de ses liaisons au départ de Paris-Charles de Gaulle vers Saint-Domingue et Punta Cana, initialement annoncée pour la saison été 2023, sera étendue à la saison hiver 2023-2024 ».

Un problème de rentabilité

Si la compagnie n’a pas souhaité la justifier, sa position radicale constitue un coup de tonnerre pour la destination qui avait pourtant connu une saison 2022 record avec 8,5 millions de visiteurs dont quelque 250 000 français. « C’est avec tristesse que nous avons accueilli ces décisions, justifiées selon ces compagnies par le fait que leurs vols, qui étaient pourtant complets, seraient non rentables. Je ne comprends pas ce choix alors que rien n’a changé sur les autres marchés européens, British Airways augmentant même ses vols cet été », regrette Mercedes Castillo, la directrice France de l’Office du tourisme de la République dominicaine. Et de rappeler que le congrès des Entreprises du Voyage s’y est déroulé en mai dernier comme une célébration du succès de cette destination balnéaire long courrier restée ouverte durant toute la pandémie.

« Il est important de comprendre que les compagnies doivent être rentables et que ces partenaires aériens ne soient pas affaiblis en cette période de reprise post-covid », tempère Gilbert Cisneros, le patron d’Exotismes. Pour ses confrères interrogés, il semble clair qu’un bras de fer s’est engagé entre Air France et les autorités dominicaines. « C’est clairement un coup de pression », estime ainsi Philippe Sangouard, le directeur des marques Kappa Club/Coralia/Boomerang Voyages. « Je ne vois pas la destination se saborder alors qu’elle a été exemplaire pendant toute la période du Covid ». Hélion de Villeneuve, DG d’Austral Lagons, estime toutefois « qu’il n’est pas certain que le gagnant soit celui que l’on croit car il ne faut pas oublier que les Etats-Unis représentent leur premier marché. La France est marginale pour eux ».

Les Antilles touchées par une taxe similaire aux Antilles

L’insularité et le coût d’acheminement de l’essence font que ce type de surtaxe n’est pas une nouveauté dans les Caraïbes. Il en existe d’ailleurs une similaire, mais de 15%, dans les Antilles depuis mi-2022. Le prix des billets des compagnies aériennes avait automatiquement augmenté, Air Caraïbes par exemple annonçant à l’époque appliquer une hausse de 3 à 30 euros selon ses différentes classes.

Ce transporteur ainsi qu’Air France et Corsair ont, au travers de la Fédération Nationale de l’Aviation et ses Métiers (Fnam), décidé d’attaquer en justice fin janvier cette décision de l’Etat prise en concertation avec la Société Anonyme de la Raffinerie des Antilles (Sara). Ces hausses n’ont toutefois pas détourné les voyageurs de la Guadeloupe et de la Martinique qui enregistrent de bonnes performances commerciales. Avec un effet report de clients se détournant de la République dominicaine pour leurs vacances ? Le contexte évolue en outre depuis quelques semaines, les cours du brut accélérant leur chute ce qui devrait à terme améliorer l’équation économique des transporteurs.


Mercedes Castillo, directrice France de l’OT de la République dominicaine et Marc Rochet, président d’Air Caraïbes, à Punta Cana. SJ
Air Caraïbes renforcera-t-elle ses capacités l’hiver prochain ?

Sur la saison été 2023, Air Caraïbes maintient ses vols vers la Rep Dom, en vente via les GDS et sur son site. Et après ? Marc Rochet, président d’Air Caraïbes et de French bee, travaille sur le sujet, activement, nous répond-il aujourd’hui : « Je rentre ce matin de Saint-Domingue, où j’ai rencontré à sa demande le chef de l’Etat et le ministre du tourisme. »

La compagnie Air Caraïbes renforcera-t-elle sa desserte l’hiver prochain ? Suspense… « On verra, nous répond Marc Rochet. Nous sommes pour la croissance mais celle ci doit être rentable ! » Une façon de défendre les intérêts de son groupe, mais aussi indirectement ceux de ses concurrents…

 

 

Ecrit par sur www.lechotouristique.com

 

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