Sébastien Lecornu aux assises économiques des Outre-mer

« J’ai mis les pieds dans le plat et tout le monde face à ses responsabilités »

Les assises économiques de l’Outre-mer, série de tables rondes sur le thème de la relance de l’économie après la crise sanitaire qui se sont tenus mardi sur la toile, ont été ouvertes par le ministre des Outre-mer. A cette occasion, Sébastien Lecornu a fait un nouveau point de la situation de la crise que traversent encore actuellement les Antilles françaises et donné des pistes de réflexion à l’approche de la présidentielle.

« La situation est fragile, a d’emblée annoncé le ministre des Outre-mer, mais tenue sur le terrain de l’ordre public et de la sécurité. » Sébastien Lecornu distingue la crise de sécurité, la crise sociale à l’hôpital due au refus de la vaccination de la part de certains soignants et pompiers et enfin une « crise sociale plus globale concernant la jeunesse ». Il différencie cette dernière de celle de 2009 et de ses 44 jours de grève générale, en opposition à ceux qui faisant ce rapprochement « font preuve d’un opportunisme tout à fait cynique ».

Le ministre a expliqué qu’en Martinique, grâce à « un système tripartite regroupant État, Collectivité et syndicats », les choses avancent. En revanche, en Guadeloupe, le ministre a regretté que « le LKP n’en fasse qu’à sa tête » en demandant l’amnistie des responsables de violences. Pour autant, il assure avoir enclenché « une discussion avec les maires qui tiennent bon, notamment sur la place et l’avenir de la jeunesse ». Et sur ce thème de la jeunesse, le ministre a évoqué « une crise du non-recours à ce sui est mis en place ». Il visait là l’enveloppe des emplois aidés largement sous-consommés (contrairement à la Réunion) comme celle des parcours emploi compétence utilisée au quart de son potentiel en Guadeloupe. Sébastien Lecornu a également regretté que sur le chantier de reconstruction du CHU de Pointe-à-Pitre (600 millions entièrement financés par l’État), les entreprises locales du BTP fassent venir des compétences de l’extérieur. Il a aussi évoqué pour cette jeunesse les enjeux de la culture et du sport. Il a ainsi reconnu la nécessité de rattraper les investissements qui n’ont pas été faits pour éviter l’obsolescence des infrastructures, notamment en Martinique, mais également en Guyane ou à Saint-Martin.

Répondant à la critique récurrente de territoires oubliés ou méprisés, le ministre l’a contesté. « Ou alors, ça devient une rente ! » Il a toutefois admis que « ne parler d’outre-mer qu’en période de crise est stigmatisant ». Il s’est fait défenseur de l’État : « Sur place, l’État est présent ! Il y a de l’argent ! » Il a rappelé les 6000 soignants venus en renfort dans les Outre-mer pour faire front face à l’épidémie et ajouté : « Les Outre-mer ont été les premiers servis en vaccin ! »

Vu de Paris

Quant au traitement que l’on fait sur la situation des Outre-mer depuis Paris, le ministre l’a jugé « toujours un peu latéral dans la manière de faire de certains candidats », notamment sur la Nouvelle-Calédonie : « La campagne présidentielle fait que tout le monde se jette avec opportunisme sur cette affaire. »

Il a donc salué ces assises qui permettent de parler différemment des Outre-mer, mais également de son bilan à la rue Oudinot, des 1,5 milliards du plan de relance, les 6 milliards de soutien pendant la crise Covid (le fameux « quoi qu’il en coûte »), et de sa vision pour 2022 et au-delà. « L’approche de l’élection présidentielle est le moment de la réflexion ». Il a ainsi répété ce qu’il a déjà exprimé devant la représentation nationale : la réforme de la défiscalisation » pour la remettre au goût du jour de la transition écologique ou l’ouvrir aux investissements sur le petit patrimoine ; la réforme de l’aide au fret qu’il assure être en train de remettre à jour ; et enfin sur la fiscalité, notamment l’octroi de mer. « Il doit rester une barrière douanière de protection », tout en déplorant qu’il soit perçu « sur les gilets pare-balles des forces de l’ordre, sur les vaccins ou les dons d’organe… »

Enfin, concernant le vieillissement de la population et l’exil d’une jeunesse diplômée, il a reconnu l’action des gouvernements successifs avec Ladom, l’aide au retour, le passeport mobilité tout en mettant en avant la question de l’attractivité des Outre-mer avec notamment ses problèmes d’eau potable, de coupures et de tours d’eau. C’est alors qu’il a fait la seule allusion, sans la citer, de la question de l’autonomie : « J’ai mis les pieds dans le plat et tout le monde face à ses responsabilités. »

FXG

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