Cette formule de Mallarmé à propos de Paul Gauguin entend attirer l’attention de l’opinion publique mondiale sur l’empoisonnement des Antilles à la chlordécone à l’occasion de la prochaine Exposition universelle d’Osaka.


Le passage de Paul Gauguin en Martinique remonte à 1887, au moment où naissait une Manchester de l’Orient dans le creuset de l’ère Meiji et des modernités japonaises. Stimulée par les innovations textiles du siècle précédent et l’approvisionnement en eau abondant pour les filatures de coton le long de la rivière Yodo qui la traverse, Osaka se prépare à accueillir la prochaine Exposition universelle prévue en 2025 autour du thème : « Concevoir une société future pour nos vies ».

Comme un triple appel à positionner l’empoisonnement des Antilles au chlordécone comme un enjeu mondial et universel, l’Expo d’Osaka a prévu de développer trois sous-thèmes de prospective : « Sauver des vies », « Inspirer des vies » et « Connecter des vies » pour partager défis et solutions provenant du monde entier.

En 2025, nous ne serons qu’à quelque cinq années de 2030, la cible fixée par les Nations Unies pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), Elle sera donc cruciale pour redoubler d’efforts afin de réaliser ces objectifs. L’Expo universelle 2025 d’Osaka entend devenir un tremplin stratégique pour concrétiser les ODD à l’horizon de 2030.

« Tant de mystère et tant d’éclat », la formule de Stéphane Mallarmé à propos de Paul Gauguin trouve une résonnance sémantique avec l’ambitieux « Projet Éclat de vie » qu’Osaka entend expérimenter comme laboratoire de prospective sur l’île de Yumeshima (littéralement, « l’île du rêve »). L’accumulation et la résonance entre les efforts de chaque pays partenaire conduisant à « concevoir la société future pour nos vies » .

De la Bretagne à la Martinique, sans oublier Tahiti et les îles Marquises, l’itinéraire de Paul Gauguin, de 1886 à sa mort, est certainement nourri de plusieurs vies. Son goût pour l’expérimentation s’est révélé dans les trois étonnants dessins-empreintes et l’extraordinaire – et si fragile – calque aquarellé de son chef-d’œuvre et testament pictural : D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?

Trois questionnements qui invitent à réinventer à Osaka de nouveaux gestes de fraternité pour montrer la solidarité humaine avec l’empoisonnement des Antilles au chlordécone. Le Japon a, lui aussi, traversé des drames humains comme celui raconté dans le livre des mille oiseaux d’Hiroshima, de Julie Mercier et Eleanor Coerr. L’histoire émouvante d’une fillette âgée de deux ans lors de la chute de la bombe atomique sur sa ville, Hiroshima. Irradiée, elle succombe à une leucémie dix ans plus tard. Avant de mourir, elle essaie de construire 1000 grues en papier, geste qui, selon une vieille légende japonaise, pourrait la guérir. Mais le temps manque, et ce sont les élèves de sa classe qui terminent l’ouvrage après le décès de Sadako. Cette histoire vraie est célébrée par un mémorial devant lequel sont déposées les grues de papier confectionnées par des enfants du monde entier.

« Tant de mystère et tant d’éclat » … Paul Gauguin avait trouvé refuge en Martinique à la suite d’un périlleux voyage au Panama où il s’était embarqué avec le peintre Charles Laval pour travailler au percement du canal. En 1915, l’exposition internationale « Panama-Californie » célébrait l’ouverture du Canal du Panama et faisant connaître San Diego comme premier port américain sur la route des navires circulant vers le nord ouest.

Et si après le Panama, le temps d’une Exposition universelle, la Martinique se retrouvait au centre du monde, proche de l’eau au sud et d’espaces verts à l’Ouest, reliée au monde par la terre, la mer et les airs, pour prôner une terre saine pour une santé pérenne ? « Tant de mystère et tant d’éclat » en baie d’Osaka.

Kevin LOGNONÉ

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version