Aujourd’hui, l’Assemblée de Martinique a choisi de retirer son soutien à la série Tropiques Criminels, faisant suite à un courrier anonyme de professionnels du secteur exprimant le souhait que les 500.000 € soient investis plutôt en soutien aux acteurs locaux de l’audiovisuel. 

Exprimé ainsi, ce que nous entendons, c’est le cri de ce secteur sur le manque de vision politique et de perspectives offertes par les Exécutifs successifs pour accompagner cette filière à la hauteur des talents de notre territoire. Mais instruire à cette occasion le procès de la série Tropiques Criminels est non seulement un faux débat, mais surtout nous défausser, en tant que politiques, de notre responsabilité à l’égard de nos compatriotes de l’audiovisuel. Leur demande n’est pas tant de supprimer cette subvention que de s’interroger sur les raisons pour lesquelles EUX ne sont pas aidé à cette hauteur.

 

Pour rappel, Tropiques Criminels devait initialement être tourné en Guadeloupe, qui a depuis 10 ans à l’expérience de « Meurtre au Paradis ». Je me suis personnellement engagée avec Yan Monplaisir et d’autres auprès des producteurs pour les convaincre que la Martinique, qui n’avait pas encore de Bureau d’Accueil des Tournages, serait suffisamment réactive pour accompagner le lancement de ce projet, et nous avons réussi. Nous étions conscients de l’opportunité que serait la mise en place de cette première série pour booster la structuration de la filière, être un avantage ‘touristique’ en termes d’image, une opportunité de faire connaître et monter en compétence nos talents locaux. 

Résultats, après 2 saisons, et une 3e actuellement en tournage, pour 1€ investi par la Collectivité, la Martinique a gagné 6€. Pour 500.000 € investis, les retombées ont été de 2,5 M€ dont 1 M€ en salaires. 

S’il y a eu manquement auprès de nos compatriotes, c’est de NOTRE RESPONSABILITE POLITIQUE

La responsabilité de la Collectivité dans ce dossier était de s’assurer que notre destination Martinique, sa culture, séduise un public de téléspectateurs. Ce rôle, le Comité Martiniquais du Tourisme l’a assumé. 

La responsabilité de la CTM est de soutenir les entrepreneurs, producteurs et acteurs de l’audiovisuel locaux, de les aider à se lancer, à mettre en avant la Martinique, à se propulser sur la scène nationale ou internationale.

En deux mots à valoriser nos talents. Et sur ce point, nous sommes encore défaillants. Mais faire porter cette responsabilité à une série au lieu de reconnaître nos défaillances c’est, une fois encore freiner notre progression.

QUE N’AVONS-NOUS GARDER LES 3 M€ D’EUROS DONNES A CORSAIR, QUI N’EN AVAIT PAS BESOIN, POUR PARTICIPER AUX FINANCEMENT DE NOS PRODUCTIONS LOCALES ? 

Je regrette qu’à l’occasion de ce dossier, nous ne nous soyons pas saisi de l’opportunité de nous engager auprès de nos compatriotes de l’audiovisuel pour nous engager formellement auprès d’eux : de la formation, à l’apport de partenariat en passant par le financement, il nous faut être conscient que nous pouvons appuyer nos talents tout en restant ouverts aux autres projets qui viennent alimenter notre Martinique. 

Notre responsabilité était de faire de l’échec pointé du doigt dans ce courrier l’opportunité d’être plus ambitieux pour nos talents martiniquais, pas de faire d’une série un bouc émissaire de nos insuffisances !

Aux responsabilités, nous prendrons les nôtres pour le développement d’une vraie filière cinématographique en Martinique, ouverte au monde.

MI CHANS MATINIK

Karine Mousseau, 5 Mai 2021

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