Par Michel Herland

Il faut remercier Claude Lanzmann d’avoir consacré la dernière livraison des Temps modernes aux émotions populaires qui ont agité la Guadeloupe et la Martinique au premier trimestre 2009. Peut-être ce choix n’est-il pas étranger au fait qu’il a lui-même atterri au Raizet en décembre 2008, un soir où les routes de Guadeloupe étaient déjà bloquées par de nombreux barrages (cf. le récit de Juliette Simont, p. 4 à 6). Quoi qu’il en soit Les Temps Modernes font une œuvre salutaire en rouvrant le dossier antillais, deux ans après les événements de 2009. Œuvre par ailleurs méritoire, car l’outre-mer ne constitue sans doute pas un souci majeur pour la grande majorité des lecteurs de la revue.

Ce copieux numéro des Temps modernes (416 pages) est uniquement consacré au sujet qu’annonce le titre – « Guadeloupe-Martinique – janvier-mars 2009 : la révolte méprisée » – à l’exception de la chronique théâtrale qui le conclut, encore que deux des spectacles qui y sont recensés aient été présentés en Martinique (« Écorce de peine » par D’ de Kabal et « Léon-Gontran Damas a franchi la ligne » de Frédérique Liébaut, deux spectacles dont on a pu lire une critique sur Madinin-art sous la plume de Selim Lander).

Le numéro a été coordonné par Jean Bourgault, membre de la rédaction de la revue, qui signe une introduction optimiste (« de l’art créole, art [au sens de savoir faire] d’inventer le neuf au sein de la contrainte, on peut attendre qu’il n’ait pas fini de nous étonner », p. 37) et livre deux entretiens « empathiques » avec Élie Domota et Patrick Chamoiseau. Le numéro, qui s’ouvre sur un poème d’Édouard Glissant (« La pierre »), recense une vingtaine de contributions, la quasi-totalité par des auteurs originaires des Antilles, pour la plupart des intellectuels engagés depuis de longues années dans les débats politico-identitaires qui agitent le microcosme antillais. Les articles ne se rattachent pas moins à des genres différents (celui du chercheur, du témoin, du militant), avec parfois des correspondances inattendues, par exemple à propos du processus d’acculturation de la société antillaise, dénoncé par P. Chamoiseau et qui trouve sa frappante illustration dans la monographie d’une sociologue, Marlène Hospice, où se trouve décrit le parcours de trois Antillais appartenant à trois générations différentes.

 

La suite dans le magazine papier

 

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