En ce jour anniversaire de sa mort, nous devons avoir une pensée pour cet homme. 

Voilà 22 ans que ce pionnier de l’écologie nous a quittés , et pourtant sa voix grave et persuasive résonne encore à nos oreilles. Près d’un quart de siècle  après sa disparition ses idées et son combat sont de plus en plus d’actualité. Le scandale du chlordécone est malheureusement là pour nous le rappeler.

Nous ne reviendrons ici ni sur ses nombreux travaux , ni sur les multiples démarches et interventions qu’il a dû entreprendre afin de sensibiliser la population martiniquaise aux risques qu’elle encourait à cause de l’utilisation massive dans le pays de pesticides et autres produits dangereux en tous genres , dont très peu ont été répertoriés par les pouvoirs publics. (Le Chlordécone ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt.) Les rares médias qui acceptaient de lui ouvrir leurs antennes et leurs colonnes (RBR, Antilla) peuvent en témoigner.

Rappelons quand même qu’avec le peu de moyens dont il disposait, il a pu alerter les élus de tous bords et à tous les niveaux. Du simple maire en passant par les parlementaires locaux et européens jusqu’aux présidents de la République. Des démarches avec force de dossiers qui avaient pour seul but de les amener à s’intéresser aux pratiques illégales et dangereuses qui allaient conduire à la catastrophe que nous connaissons aujourd’hui que d’aucuns s’accordent à appeler “génocide”. Au lieu  de lui accorder un semblant d’écoute, certains ont préférer le traduire devant les tribunaux.

Quel pays !

 

Quand Pierre DAVIDAS parlait de risques de développement de divers cancers, de malformation congénitale et autres maladies , il ne s’est jamais pris pour un spécialiste de la médecine ou un quelconque scientifique . Il pouvait démontrer très facilement que tout ce qu’il préconisait pouvait être vérifié parce qu’ il s’agissait là des résultats de travaux très sérieux menés par des chercheurs de renommée internationale. Tout individu qui se souciait un tant soit peu de sa propre santé et de celle de ses compatriotes pouvait s’en assurer.

Beaucoup d’années se sont écoulées et le Chlordécone fait des ravages.

Aujourd’hui tout le monde veut en parler mais que de temps perdu et de vies détruites.

                                                                          Claude OZIER-LAFONTAINE

Vue sur le site http://www.montraykreyol.org/


ICI UN TEXTE ECRIT PAR LUI IL Y A BIEN LONGTEMPS…MAIS TOUJOURS D’ACTUALITE (2002)


C’était… Pierre Davidas : « Les eaux en Martinique »

Le thème de l’eau à été un thème central des chroniques de Pierre Davidas, et tout ce qu’il avait dit et prédit se réalise, hélas, maintenant puisque de plus en plus de contaminations perfides de cette boisson essentielle sont annoncées…

La forêt est essentielle à la vie marine. Elle est capitale à l’agriculture dans un pays comme la Martinique.

Qui parle de forêt parle d’eau, de climat dans le pays. L’eau venue des nuages est emmagasinée à 75 % par la forêt, et à 25 % par les terres en savane. Ce faisant la forêt emmagasine beaucoup d’eau qui forme les nappes phréatiques superficielles et profondes. Par l’intermédiaire de ses racines aériennes, l’arbre retient l’eau qui coule. Grâce à ses racines pivotantes, l’arbre introduit l’eau dans le sol. Ainsi se forment les nappes phréatiques superficielles et profondes. L’eau dans la forêt n’arrive pas brutalement au sol. Elle est brise par les feuilles, et tombe en fines gouttelettes. Elle suit aussi les lianes et les branches et les troncs des arbres, pour arriver au sol.

Les arbres ont besoin de beaucoup d’eau pour vivre. Ils agissent comme des pompes pour faire monter l’eau. la masse d’eau extraite du sol est toujours supérieure aux nécessités des arbres, ce qui donne naissance à de multiples sources qui forment des ruisseaux, et les ruisseaux donnent naissance à des rivières.

Les rivières arrosent les lieux traversés, ce qui donne naissance à d’autres arbres et fertilise les sols.

Les nappes phréatiques profondes donnent naissance à des rivières souterraines. En cours de route, la jonction des rivières de surface et des rivières souterraines donne naissance à des marais. Ces marais et zones humides sont de très grande importance, car ils participent à la régulation des eaux, la vie pour la rivière elle-même, mais aussi pour la faune terrestre et aviaire.

La forêt produit des tonnes de fleurs, de graines, de fruits, de feuilles sèches qui seront amenées par les eaux de ruissellement et serviront de nourriture à la faune de la rivière, et beaucoup de nourriture arrivera en mer. L’eau en s’écoulant produit des limons. Dans ces limions vivent des zooplanctons et phytoplanctons, qui serviront de nourriture aux alevins (titiris) en mer. Sur le rivage se forment aussi des phytoplanctons et zoo-planctons et surtout sous les forêts du littoral et les mangroves.

Sur le littoral se forment des polypes, qui donnent naissance à diverses sortes de coraux, qui seront des rochers en mer pour protéger les jeunes et moins jeunes animaux et dans lesquels ils trouveront nourriture. Ceci devrait être connu de tous les Martiniquaises et Martiniquais, car de là dépend la vie économique de notre pays, et devrait être le bréviaire de tout responsable de la vie économique martiniquaise.

La pollution bactérienne et phytosanitaire

Le problème de la pollution bactérienne est un vrai drame pour le pays Martinique. Selon le rapport du comité de basse, dont le responsable est Julienne De Grandmaison et est piloté par les Conseils régional et général, les stations d’épuration de 1000 équivalents habitants ou plus jettent 39 % de leurs rejets très chargés en germes fécaux dans les ravines, 32 % dans les rivières, 18 % directement en mer, et 11 % en mangrove. En clair, les 100 % vont en mer sous une forme ou une autre. On explique que les micro-stations font de même. Et que même lorsque les stations fonctionnent parfaitement bien, elles dégagent une charge microbienne particulièrement importante. Selon ce rapport, le traitement des boues pour 170.000 personnes devrait donner 2200 tonnes de matières sèches par an et on arrive à 700 tonnes, ce qui démontre une déperdition de boue mal piégée qui s’en va dans la nature. Ce faisant, pas besoin de dessin pour comprendre l’état de la Martinique, de ses rivières et de sa mer, surtout que 170.000 personnes ne constituent même pas la moitié de la population martiniquaise. Quand l’eau dans un pays est aussi polluée, c’est le pays lui-même qui est dans un état lamentable. Toute la vie dans le pays est en décadence. De l’homme aux animaux, rien ne peut être en bonne santé. Toutes les cultures maraîchères irriguées par une telle eau sont systématiquement de mauvaise qualité pour l’alimentation.

L’eau pour l’alimentation humaine

Ce même rapport nous explique page 52 : «La matière organique n’est pas abattue en sortie de station. Cela conduit à un risque de reviviscence bactérienne dans le réseau et donc de dégradation de la qualité bactériologique de l’eau distribuée». Dans un tel contexte, c’est le choléra, la fièvre typhoïde, etc, etc. Pour pallier cela, on applique des doses élevées de produits de chloration pour abattre les germes. Le rapport dit que la jonction du chlore et de la matière organique dans l’eau donne «naissance à la formation de sous-produits indésirables».

Mais le rapport n’explique pas ce que sont les sous-produits indésirables, qui sont en fait des produits très dangereux si l’on en croit le Centre international de la recherche sur le cancer de Lyon, mais aussi le Haut comité de l’hygiène publique de France, car tous ces sous-produits sont des toxiques redoutables, qui se nomment benzènes et dioxines.

Des nombreux animaux arrivant à l’abattoir, on constate post mortem qu’ils ont la tuberculose. Et on enlève les entrailles de l’animal et la carcasse est remise au propriétaire, qui ira vendre cette viande à la population. Ainsi va la Martinique. Un rapport de la D.D.A.S.S. au Président de la Région Martinique versé au S.A.R. affirme : «La connaissance que l’on a actuellement de la qualité des eaux littorales oblige à envisager à très court terme une reconquête de la qualité (…)

Ceci justifie pleinement qu’un des objectifs soit de protéger qualitativement les zones littorales. Mais il faut aller plus loin. Les études bien qu’incomplètes prouvent que déjà le niveau de pollution des eaux littorales est élevé». Dans le rapport de Madeleine de Grandmaison, on affirme que 181 molécules de pesticides ont été employées à la Martinique en 1997 pour un tonnage de plus de 2500 tonnes. Que cela se renouvelle d’année en année depuis plus de vingt ans et que certains pesticides ont une durée de vie de plus de dix ans. Par exemple, les D.D.T., D.D.D, D.D.E, Mirex, Polyphénil Bypolichlore, qui ne sont pas employés en Martinique depuis plus de dix ans sont retrouvés dans les eaux martiniquaises et surtout en mer.

On nous explique encore que la consommation d’insecticides à la Martinique est supérieure au tiers de la consommation de la France entière. La Martinique a 1000 km2, la France 550.000 km2 : voilà un exploit qui est difficilement réalisable. Dans ce Comité de bassin, on trouve MM. le Préfet de Région, le directeur régional de l’Environnement, le trésorier-payeur général, le directeur de l’Agriculture et de la Forêt, le directeur départemental de l’Équipement, le directeur de l’Action sanitaire et sociale, le directeur départemental des Affaires maritimes. Dans ce Comité de bassin on trouve vingt-six élus dont deux députés, un soi-disant écologiste. On peut dire sans risque de se tromper que tous ceux qui ont responsabilité envers la Martinique connaissent la qualité de ses eaux. Ils savent que cette eau est empoisonnée. La jonction de la matière organique dans les eaux et des pesticides, et surtout les pesticides chlorés, c’est la mort de tous les animaux sédentaires (moules, lambis, oursins, pieuvres…), c’est l’impossibilité de reproduction pour une très grande catégorie de poissons, c’est la mort des polypes et des coraux, la destruction des alevins, c’est une vraie désertification de la mer. Les animaux qui résistent sont surchargés de dioxines, qu’ils transmettent à ceux qui les consomment.

C’est ce que l’on appelle un véritable désastre.

Alain Bozelec, ingénieur des Eaux, président du groupe 4 du Comité de Bassin affirme avoir besoin d’investigations complémentaires pour connaître l’impact des produits phytosanitaires dans l’eau pour l’alimentation humaine.

C’est vraiment se moquer sérieusement du monde nègre, quand le Centre de recherche international sur le cancer de Lyon affirme que ces produits sont des agents sûr de cancers. Et que le Haut Comité d’hygiène de France dit que la dose maximum de dioxine tolérable pour l’homme est un cent milliardième de gramme par jour et par kilo de poids corporel. Que les pesticides ne doivent jamais dépasser 0,5 microgramme par litre d’eau.

En Martinique, on va par endroits à plus de 100 microgrammes de dioxine par litre d’eau. Le microgramme est 1000 fois plus grand que le milliardième.

Ainsi va la Martinique et tous nos dirigeants, tous sans exception connaissent la situation du pays et laissent faire, en bavardant sur les choses secondaires.

Pierre DAVIDAS.

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