Co-présentée par Johnny Hajjar et plusieurs député.e.s (dont nos trois autres députés péyi), la « proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête (parlementaire) sur le coût de la vie dans les départements et régions d’Outre-mer » a été adoptée à l’unanimité (263 pour), ce jeudi 09 février à l’Assemblée nationale. Quelques rappels, non exhaustifs, des hautes ambitions affichées quant à cette future commission d’enquête.

Mentionnant l’inflation actuelle, le texte de ladite proposition de résolution ne fait pas de cette hausse des prix, loin s’en faut, l’unique cause de la cherté de la vie sous nos latitudes. « Il s’agit en réalité de la conjonction de 4 déterminants à la fois structurels et conjoncturels », assure en effet ce texte, « des niveaux de vie et de revenus significativement moins élevés qu’en Hexagone ; des prix effectivement et fortement plus élevés qu’en Hexagone ; un sousfinancement des collectivités territoriales ; (et) un traitement de l’État injuste et inéquitable visàvis de ces territoires. » Un deuxième « déterminant » que ledit texte étaie d’ailleurs en des termes souffrant peu d’ambiguï(s) : « (…) l’étroitesse du marché intérieur et la faiblesse des productions locales provoquent une faiblesse concurrentielle et consolident des positions oligopolistiques et monopolistiques historiques. L’autorité de la concurrence note que l’intégration verticale, c’est-à-dire la présence d’un même acteur aux différents niveaux de la chaîne joue sur la concurrence et que c’est bien l’accumulation des marges des acteurs tout au long de la chaîne de production et de distribution des produits de grande consommation, qui explique les écarts de prix avec l’Hexagone. » Le propos est limpide.

Et ledit texte d’en conclure et d’annoncer : « Cette commission d’enquête est d’autant plus importante qu’elle permettra d’actualiser les données et connaissances qui datent pour la plupart de 2019, c’est à dire avant la crise sanitaire liée au COVID- 19 dont nous savons qu’elle a aggravé la situation des populations et des territoires de l’ensemble des DROM. Ainsi, cette commission d’enquête que nous appelons de nos vœux devra chercher à dresser une appréciation objective, globale et détaillée, pragmatique, de l’ensemble des causes contribuant directement et indirectement à la cherté de la vie via un travail réaliste afin d’y apporter des réponses à court, moyen et long terme qui soient à la hauteur des enjeux et défis à relever. »

« Cette commission a des pouvoirs exorbitants… »

Récemment interrogé par Martinique la 1ère télévision sur cette future commission d’enquête, le député Johnny Hajjar exprima la volonté affichée de dissiper plusieurs opacitéspersistantes. « Il faut mettre la lumière sur des mécanismes du coût de la vie dans nos territoires, et donc sur la vie chère », assura-t-il, « mettre la lumière sur les oligopoles, les monopoles, la question de la formation des prix, la question de la fiscalité, la question de la continuité territoriale ; enfin tout ce que subissent aujourd’hui nos peuples respectifs (…). »Un parlementaire qui, en outre, ne fit pas mystère de son enthousiasme quant aux futurs « résultats » de ce collectif d’enquête. « Cette commission a des pouvoirs exorbitants qui lui permettront de faire prêter sous serment, d’aller sur lieux et sur place(s) et d’avoir les vérités en matière de mécanismes et de réalités économiques (…) », affirma-t-il notamment. Avantde faire valoir, eu égard aux quatre « déterminants » précités, un objectif particulièrement ambitieux. Pour le moins. « C’est d’avoir une coordination, une vision globale, et de regarder, sur le fond, comment on règle définitivement cette problématique de vie chère, parce que l’insularité, l’éloignement et l’exiguïté du territoire sont des réalités qui ne vont pas changer », affirma ainsi Johnny Hajjar. Avant de conclure : « Et à partir d’un diagnostic posé, qui ne sera pas interprétable, on va pouvoir faire des préconisations, des solutions qui seront données, et faire en sorte qu’on puisse mettre en place, derrière, des propositions de loi, des projets de loi, des actions qui vont pouvoir permettre d’agir correctement sur le fond de la problématique du coût de la vie. » A suivre, forcément. Une commission dont les conclusions sont déjà très attendues par un certain nombre de martiniquais.es. En tout cas par les martiniquais.es plus ou moins convaincu.e.s que lesdites conclusions et autres préconisations, ne finiront pas dans un énième tiroir étatique.

 Mike Irasque

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