A l’occasion du World Economic Forum Davos, Kevin Lognoné propose un résumé des grandes lignes du discours du président de la Confédération suisse, Alain Berset, à l’occasion de l’ouverture du WEF de janvier 2023 à Davos.
L’ordre d’après-guerre traverse sa plus grande crise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Russie, en lançant une guerre d’agression contre l’Ukraine, s’est brutalement attaquée non seulement à un pays pacifique, mais également au droit international ainsi qu’au multilatéralisme.
La guerre entraîne de nombreuses souffrances. Mais elle impacte aussi l’évolution de la démocratie. C’est pourquoi la solidarité des pays démocratiques à l’égard de l’Ukraine – y compris envers les personnes qui ont fui le pays – est essentielle.
Cette agression est le fait d’un membre du Conseil de sécurité de l’ONU qui, selon l’art. 24 de la Charte des Nations Unies, assume pourtant «la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale ». Malgré cela – ou plus précisément pour cette raison –, la Suisse s’engage à renforcer le droit international et le multilatéralisme au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, où elle siège pour la première fois. Elle le fait déjà dans le cadre de la Genève internationale, l’une des principales plateformes multilatérales. De telles plateformes sont indispensables. Car les principaux défis actuels – changement climatique, pandémies, guerres, migration, prolifération des armes atomiques – sont des défis transnationaux.
Un risque de basculement
Les démocraties sont actuellement en fort recul dans le monde. Selon Freedom House, près de 50% de la population mondiale vivait il y a 10 ans dans un Etat démocratique. Aujourd’hui, cette proposition a chuté à 20%. Nous nous trouvons à un point de bascule. Les institutions démocratiques sont affaiblies et l’État de droit est menacé dans plusieurs pays; une érosion qui affecte l’entier du système international. Continuer ainsi n’est plus une option. Nous devons défendre les fondements sans lesquels le vivre ensemble, en bonne intelligence, est impossible.
Selon le Programme alimentaire mondial de l’ONU, la faim menace gravement quelque 350 millions de personnes dans 82 pays. C’est plus de 200 millions de plus qu’avant la pandémie et la guerre en Ukraine. Dans de grandes parties de l’Afrique, les conséquences sont dramatiques. Avant la guerre, 90% de l’approvisionnement en céréales de l’Érythrée et de la Somalie venaient de Russie et d’Ukraine. La flambée des prix des engrais et du pétrole affectent les pays les plus pauvres du continent de manière disproportionnée et les affaiblit davantage.
Le COVID-19 a lui aussi frappé de plein fouet ces pays fragiles, avec un impact direct sur les inégalités qui ont encore augmenté. Avant 2020, les pays africains faisaient pourtant partie de ceux dont la croissance était la plus rapide au monde. Aujourd’hui, nombre d’entre eux – à l’instar d’autres parties du globe – sont encore affaiblis par la guerre en Ukraine et voient leurs ambitions freinées. Cette situation nécessite une approche différente de notre part. Nous avons besoin d’un vrai partenariat! Il doit permette à l’énorme potentiel des pays africains de se déployer, il doit permettre de renforcer les droits de l’homme et la démocratie, et il doit tenir compte des besoins humanitaires, tout en soutenant les opportunités économiques et l’innovation.
Kévin Lognoné