Article mis à jour le 13 novembre 2020


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Dans un élevage de visons en France en août 2020
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Pas moins de 15 millions de visons, élevés pour leur fourrure au Danemark vont être abattus suite à la découverte d’une mutation du coronavirus SARS-CoV-2 qui a déjà infecté des centaines de personnes.

Alors que la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, vient d’annoncer la fin des élevages de visons en France, d’autres pays comme le Danemark, en font une industrie mortifère mais lucrative.

Le Danemark est le 1er pays producteur de fourrure de visons au monde : il compte plus d’un millier de fermes à fourrure pour une population totale de visons d’environ 15 millions. Un secteur qui pèse plusieurs milliards d’euro et qui exporte principalement vers la Chine et Hong-Kong.

Or, les visons sont devenus aussi des hôtes pour le coronavirus SARS-CoV-2 et l’ont déjà retransmis aux humains : plusieurs centaines de cas de personnes contaminées par le coronavirus au nord du Danemark sont liés aux élevages de visons selon le Ministère de la santé du pays. Or, le coronavirus a profité de son nouvel hôte, le vison, pour muter.

Une étude publiée dans Science début novembre 2020 confirme que le virus a été initialement introduit par l’homme, puis a évolué. Les premiers cas ont été diagnostiqués aux Pays-Bas en avril 2020 dans deux élevages de visons.

Si le SARS-CoV-2 n’en est pas à sa première mutation, cette nouvelle forme génétique du coronavirus – appelée “Cluster 5” – est particulièrement résistante aux anticorps humains et pourrait tout simplement compromettre la mise au point d’un vaccin : la mutation “pourrait présenter le risque que les futurs vaccins (contre les coronavirus) ne fonctionnent pas comme ils le devraient“, a déclaré le Premier ministre Mette Frederiksen lors d’une conférence de presse. Elle met en garde : “C’est très, très sérieux (…) le virus muté chez les visons peut avoir des conséquences dévastatrices dans le monde entier“. A ce jour, 12 personnes au Danemark ont été contaminées par cette mutation du coronavirus.

La dernière mutation qui se répand massivement chez l’humain s’appelle D614G et permet au coronavirus d’être plus contagieux sans être toutefois plus grave. Elle pourrait être à l’origine de la 2e vague de la pandémie qui frappe notamment l’Europe depuis le début de l’automne.

Cette décision, qui n’a aucune base légale, a indigné l’opposition parlementaire qui a réclamé la démission de la ministre Mette Frederiksen.

“A ce jour, six pays, à savoir le Danemark, les Pays-Bas, l’Espagne, la Suède, l’Italie et les Etats-Unis ont rapporté des cas de SARS-CoV-2 chez des élevages de visons auprès de l’Organisation mondiale de la santé animale”, a annoncé l’OMS dans un communiqué qui ajoute : “cette variante (…) présente une combinaison de mutations ou de changements qui n’avaient pas été observés auparavant”.

Alors que cette nouvelle mutation se propage déjà peut-être à d’autres humains, le gouvernement danois a choisi, par prévention, d’abattre l’ensemble de son cheptel de visons, soit 15 millions d’animaux ! En effet, plus de 200 fermes sont contaminées contre 41 le mois dernier indique le ministre de l’Alimentation Mogens Jensen.

Au 07 novembre 2020, le Danemark comptait 58 963 cas et 755 morts pour une population totale de 5,8 millions.

Les visons sont élevés et tués massivement dans des conditions souvent effroyables pour leur fourrure pourtant devenue inutile avec les substituts synthétiques actuels. L’horreur de ces élevages a conduit de nombreux pays à les fermer. Avant la France le 30 septembre 2020, “le dernier élevage de Bosnie-Herzégovine a fermé en juillet, les Pays-Bas stopperont l’exploitation de leurs 160 élevages en 2021, et la Finlande, elle aussi, prévoit de clore définitivement ses 700 fermes à fourrure !”, précise l’association One Voice.

L’abattage de 15 millions de visons au Danemark à cause de la Covid-19 n’est pas une première puisque “plus d’un million de visons, eux aussi touchés par le virus, ont été abattus dans les fermes européennes aux Pays-Bas, en Espagne, au Danemark, et ce par la seule faute des humains qui les soumettent à des conditions de détention favorables au développement de ce type de fléau”, ajoute One Voice.

C’est sans doute la première et incontestable preuve que les élevages, même modernes, sont de véritables incubateurs pour le coronavirus SARS-CoV-2 qui non seulement se transmet aux animaux mais en profite pour muter et se retransmettre aux humains sous des formes bien plus problématiques.

A ce titre, les auteurs de l’étude parue dans Science mettent en garde : “Il est impératif que la production et le commerce de la fourrure ne deviennent pas un réservoir pour les futures contaminations du SRAS-CoV-2 sur les humains.
Cependant, une telle éventualité pourrait mettre fin à ces élevages immondes et inutiles.

Rappelons que parmi les 1 407 agents infectieux pathogènes connus pour l’Homme, 58 % sont d’origine animale et 75 % des maladies infectieuses émergentes ou réémergentes chez l’Homme sont d’origine animale.


Référence

Transmission of SARS-CoV-2 on mink farms between humans and mink and back to humans ; B. Oude Munnink, Reina S. Sikkema, David F. Nieuwenhuijse et al. – Science 10 Nov 2020: eabe5901 DOI: 10.1126/science.abe5901

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