par Sylvain Bureau

Mise en scène par Andy Warhol dans ses sérigraphies, la bouteille de Coca-Cola symbolise la puissance d’un modèle de société. Son projet : produire de la certitude. Partout sur la planète, le célèbre soda offre un standard reproductible à l’infini, une couleur, une saveur et une forme invariables. Cette certitude, consommée à raison de1,5 milliard d’unités chaque jour dans plus de 200 pays, est indifférente aux cultures.

Bien au-delà du Coca-Cola, la production et la consommation de la certitude s’est massifiée, notamment grâce aux intelligences artificielles. De l’e-commerce à la culture, du tourisme à la santé, la certitude est devenue addictive tant elle est rentable, rassurante et divertissante.

Cette société de la certitude packagée, sous-vide, en boîte, en plateforme se perd dans ses excès. Déjà en 1935, l’écrivain Paul Valéry décrivait cet « abus de vitesse, abus de lumière, abus de toniques, de stupéfiants, d’excitants (…). Toute vie actuelle est inséparable de ces abus. » Qu’aurait-il dit aujourd’hui ? Peut-être qu’avec la pandémie, cette certitude devrait être dépassée. Les scientifiques, les politiques, les dirigeants constatent la violence de l’inconnu. Comment la pandémie va-t-elle évoluer ? On ne sait pas. Comment l’économie peut-elle redémarrer ? On ne sait pas. Est-ce que les extrémismes politiques vont en profiter ? On ne sait pas. Devant cette incertitude absolue, l’option la plus rassurante consiste à faire davantage de ce que l’on faisait avant : fabriquer toujours et encore de la certitude. On surveille plus, on contrôle plus et on subventionne comme jamais les systèmes productifs passés. Le problème : depuis le rapport Meadows de 1972 (ce texte, dont le véritable nom est « Les Limites à la croissance », porte sur les liens entre les conséquences écologiques de la croissance économique, la limitation des ressources et l’évolution démographique, NDLR ), on sait que le modèle économique actuel produira l’effondrement de notre monde. La société de la certitude est certaine de sa perte et pourtant, rien (ou presque) ne change. Alors que faire ?

La fabrique de l’improbable

Et si on se tournait un peu plus vers l’art ? Les artistes ont l’habitude de jouer avec l’inconnu. Les plus grands nous offrent, non pas de la certitude, mais des œuvres improbables. Les premières toiles impressionnistes ou cubistes, les premiers ready-made (ces objets manufacturés promus au rang d’objet d’art par un artiste, selon la notion élaborée par Marcel Duchamp en 1913) étaient invraisemblables. Ils ne respectaient en rien les codes de leur époque. Ils n’offraient pas tant un progrès qu’une autre manière de penser. Ils venaient prolonger l’histoire de l’art en la réinventant. Dans ces cas-là, l’improbable, c’est le scandale : il fait peur et attaque des positions établies. Et puis, on finit par l’apprécier et de nouveaux critères de jugement du beau, du sacré, du vrai s’imposent.

Cette fabrique de l’improbable, propre aux mondes de l’art, est dorénavant accessible aux non-artistes grâce à une méthode agile, appelée l’Art Thinking. Fondée sur des recherches scientifiques et complémentaires d’autres méthodes agiles, l’Art Thinking permet de créer de l’improbable avec certitude.

L’Art Thinking : une démarche complémentaire aux autres méthodes agiles

 

Partager.

Comments are closed.

Exit mobile version