Vincent Chery, directeur régional de l’office national des forêts : « Il y a certes un enjeu pour l’économie locale mais nous devons aller vers du tourisme durable. »

Antilla : « Quels faits nouveaux ont conduit Monsieur Mongin à entamer une grève de la faim ?

Vincent Chery : Jeudi matin, nous avons mené une opération légère de démontage des installations de Monsieur Mongin sur l’îlet Oscar avec des hommes à pied et sans engins. Monsieur Mongin était là et s’est interposé en disant qu’il faudrait lui passer sur le corps, alors j’ai tout de suite demandé à mes hommes de se retirer.

A : Que reproche-t-on précisément à Monsieur Mongin ?

VC : Monsieur Mongin a été condamné plusieurs fois et pour plusieurs motifs. Le premier PV de l’ONF date de 1990 pour occupation illégale d’un site de l’Etat, la seule plage de l’îlet Oscar.  Il a été condamné à démonter et cette condamnation a été confirmé en appel et en cassation, avec ensuite des astreintes. Il a été condamné plusieurs fois, pour construction illégale sur le domaine de la forêt domaniale du littoral à la Pointe Courchet avec astreintes. Il a été rappelé à l’ordre par le Juge d’exécution des peines. La dernière condamnation fait suite à un PV de la DEAL pour atteinte à des espaces naturels remarquables.

A : On parle de discrimination, notamment par rapport à Monsieur de Lucy qui semble moins inquiété,  y a-t-il d’autres poursuites en cours contre des occupants illégaux ?

VC ; Oui et la DEAL a dressé d’autres PV pour les mêmes motifs et pas seulement sur les îlets. En forêt domaniale, il y a six cents occupations dont une partie est régularisée en concessions et d’autres toujours pas.  Monsieur de Lucy en fait partie. Il est propriétaire de la maison mais pas du terrain, il est dans la même situation juridique que Monsieur Mongin et entreprend des recours pour faire reconnaître sa propriété. Il n’y a pas deux poids, deux mesures, nous sommes en contentieux avec Monsieur de Lucy aussi. Ensuite, il y a différents critères, on prend en compte l’ancienneté de la maison et l’activité de Monsieur de Lucy est moins impactante sur l’environnement, mais il est occupant sans titre.  La loi est la même pour tous, il n’y a pas de discrimination. Monsieur Mongin s’entête, il ne veut pas comprendre qu’il porte atteinte à l’îlet. J’ai fait une proposition pour sortir de cette situation, d’effacer les astreintes et de régulariser sa situation à Pointe Courchet avec une concession de 30 ans. En contre partie, il doit accepter que nous rasions ses installations de l’îlet Oscar pour les remplacer par des équipements plus adaptés et respectueux de l’environnement, ouverts à tous. Je lui ai garanti qu’il pourrait poursuivre son activité, qu’il aurait toujours accès à l’îlet. Je pense que c’est une proposition honnête mais il tient à l’îlet Oscar qui ne possède qu’une petite plage sur laquelle il est en situation de monopole. Quand  il y débarque trois cents personnes, les autres excursionnistes et le grand public ne peuvent pas y avoir accès. Il y a plusieurs enjeux, l’occupation illégale, la dégradation environnementale et le monopole d’un espace qui est à tous.  Je reconnais son travail, il est à l’origine de la Baignoire de Joséphine mais il doit le faire autrement.

A : Comment allez-vous gérer la suite de ce contentieux qui se durcit ?

VC : On est entré dans le temps de l’action après des négociations refusées avec la volonté d’ouvrir le site au public. On va préparer la suite avec les services de l’Etat.

A : Il y a un enjeu économique non négligeable, les îlets sont très convoités par l’exploitation touristique, subissez-vous des pressions politiques ?

VC : Ce n’est pas le sujet, il y a des décisions de justice que l’on doit appliquer. Le stade de la pression est dépassé. Je fais mon travail sans militantisme et je conteste le fait de discrimination. Il y a certes un enjeu pour l’économie locale mais nous devons aller vers du tourisme durable.

Propos recueillis par NLaulé

 

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