POLITIQUE

il y a 3 heures

Le Président de la République prononçant un discours à l’Elysée le 8 novembre 2021.
Le Président de la République prononçant un discours à l'Elysée le 8 novembre 2021.
©MICHEL EULER / POOL / AFP

LE SAUVEUR

Si le réel est celui d’une volonté réformatrice empêchée et de la mise en doute permanente de sa parole, le Président s’est livré à un exercice de sublimation de son bilan

Que retenir du discours d’un Président de la République coincé entre un rebond épidémique et un mandat qui s’achève , si ce n’est qu’il ne peut être perçu que comme un long discours de campagne , un peu laborieux, souvent stéréotypé, à coup sûr emphatique : laborieux dans son articulation entre la préoccupation sanitaire et la defense et l’illustration du quinquennat; stéréotypé dans son objectif communicant qui vise sans surprise à occuper le terrain et à “scénariser” la figure du président en exercice, dans l’action jusqu’au bout du temps imparti à sa mission ; emphatique dans la promotion de son bilan, dans la sublimation de ses résultats, dans la projection d’une présidence qui entend imposer son leadership sur nos imaginaires, quand bien même le réel serait une mise en doute permanente de la communication présidentielle.
L’allocution du chef de l’Etat a sans doute trouvé dans le virus le “MacGuffin” au déploiement de sa stratégie électorale. L’équation macroniste vise à substituer à la réalité d’un logiciel réformiste empêché, pour ne pas dire invalidé par la cruauté des faits l’image du Président sauveur et protecteur qui aurait au mieux gérer le phénomène pandémique dans toutes ses dimensions. Imposer cette lecture vise à requalifier le mandat, loin de cette impression d’un mandat blanc ou pour rien, et d’en ériger un récit de secours pour mieux en sur-souligner le caractère exceptionnel, avec ses épreuves et adversités successives et multiples, et ses ” victoires ” sur le sort grâce à la dextérité de son chef . Le noyau de cette démarche a une finalité, non seulement de répondre aux critiques des diverses concurrences, mais d’impulser une motricité à la dynamique pré-électorale du président sortant en installant celui-ci dans l’évidence de sa réélection, en prenant d’assaut les opposants dans leur absence supposée de crédibilité, en réduisant l’espace de la compétition électorale qui commence à une scène binaire entre l’homme qui agit et celles et ceux qui s’agitent. Ce long plaidoyer inaugure la geste à venir : elle sera celle d’une prophétie dont on escompte qu’elle sera auto-réalisatrice, l’auto-satisfaction se diffractant en satisfactions des parts dominantes du marché politique, comme s’il s’agissait de se convaincre autant que de convaincre de la force de vente du macronisme.

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