D’ici deux ans la commune du Morne-Rouge devrait compter 31 logements dits « sociaux » supplémentaires, suite à un partenariat entre l’édilité péléenne et la Société OZANAM, qui n’avait plus réalisé ce type d’opération en logement social sur ce territoire communal depuis 23 ans. Ce 23 novembre, a donc été posée la première pierre de cette future réalisation sur le site concerné, en plein centre-bourg. Les précisions successives d’Antoine Roffiaen, le directeur général de la Société OZANAM, et de Jenny Dulys-Petit, la mairesse du Morne-Rouge.


Antoine Roffiaen :


L’idée c’est aussi de répondre aux besoins du territoire”

Antilla : Pouvez-vous nous présenter cette opération ?

Antoine Roffiaen : C’est la première pierre d’une opération de 31 logements, sur ce terrain où était située une école. Alors cette opération a été un peu compliquée à monter car il y a eu des surcoûts liés à de l’amiante et à des fondations spéciales. Le budget global de cette opération est de 5,6 millions d’euros, dont 1,4 millions de surcouts liés à l’amiante et à ces fondations spéciales. Heureusement nous avons eu l’appui de l’Etat, qui nous a donné des subventions complémentaires avec la LBU (Ligne Budgétaire Unique) et l’appui du Groupe Action Logement avec le PIV, le Plan d’Investissement Volontaire, venu en complément pour permettre de boucler le budget ; faute de quoi on n’aurait pas pu sortir l’opération.

Ces difficultés inhérentes à de l’amiante et des fondations spéciales sont-elles récurrentes dans les opérations de construction accompagnées par OZANAM ?

Cela arrive de manière de plus en plus fréquente parce qu’on intervient de plus en plus en centre-bourgs. A Fort-de-France par exemple, les pieux peuvent descendre jusqu’à 30 mètres de profondeur, avec des surcoûts qui sont parfois ‘’monstrueux’’. On essaie de plus en plus de revitaliser les centre-bourgs, du coup on a des difficultés. Sur ce terrain du Morne-Rouge il a fallu démolir une ancienne école, donc on s’est retrouvés avec de l’amiante. Les sujets où nous réintervenons sur du bâti existant sont en effet susceptibles de générer ce genre de difficultés, mais qui ne sont pas, la preuve en est, insurmontables (sourire).

Combien de temps ce futur chantier devrait-il durer avant la finalisation totale de l’opération ?

Je pense qu’il faudra à peu près deux ans. D’ici là – si tout se déroule normalement et qu’on n’a pas de difficultés ou de défaillance(s) d’entreprise(s) – on devrait pouvoir se revoir pour l’inauguration (sourire).

Il faut faire une différence entre la demande et le besoin de logements ” 

Ce type d’opération en centre-bourg s’inscrit-il dans une politique générale et partenariale de la société OZANAM avec nos communes ?

Oui. Comme les autres bailleurs nous essayons d’intervenir de plus en plus en centre-bourgs, parce que tous les réseaux sont ‘’sous la main’’, qu’on n’a pas des kilomètres de câbles à tirer pour alimenter les opérations, etc. Ce sont aussi des sujets de proximité de services et de transports, ce qui est bien plus pertinent en termes d’aménagement du territoire. Aujourd’hui pour le Morne-Rouge il y a 116 demandes sur le SNE – le ‘’Serveur National d’Enregistrement’’, le site sur lequel les gens font leurs demandes de logement social -, dont 49 demandes qui sont en premier choix sur cette commune. Donc le fait de construire ces 31 logements permettra à ces gens, d’ici deux ans, de pouvoir bénéficier d’un logement là où ils le souhaitaient, avec une proximité souvent liée au travail, à la famille etc. L’idée c’est aussi de répondre aux besoins du territoire.

La demande en logement social est-elle toujours aussi forte  en Martinique ? OZANAM et les autres bailleurs sont-ils très sollicités par nos municipalités pour ce type de réalisation ?

Il faut faire une différence entre la demande et le besoin de logements. Aujourd’hui pour la Martinique il y a à peu près 12.000 demandes sur le SNE, mais nous évaluons le besoin réel, c’est-à-dire les gens qui sont aujourd’hui mal logés, entre 5000 et 6000. Il y a évidemment des gens qui font une demande en se disant ‘’si on me propose mieux que ce que j’ai, je vais prendre’’, mais l’important pour nous c’est de traiter d’abord les gens qui sont dans le besoin de logements, qui sont dans des conditions de logement indécentes, insalubres, etc. Ce sont ces demandes là qu’il faut traiter en premier, et on les estime entre 5000 et 6000. Les bonnes années, tous les bailleurs de Martinique produisent entre 700 et 800 logements ; et les mauvaises années, comme cette année, on sera nettement en-dessous avec des difficultés liées au Covid-19 et à des contraintes extérieures. C’est donc important de se dire que d’ici quelques années on aura résolu, on l’espère, le problème du besoin de logements. Mais on continuera à travailler sur notre patrimoine ; on a d’ailleurs un sujet de mutation de ce patrimoine.

Ce Plan se traduira par de la rénovation et du confortement parasismique de 6400 logements ”  

C’est-à-dire plus précisément ?

Il faut ‘’retravailler’’ ce patrimoine, il faut l’entretenir. A OZANAM on vient d’ailleurs de valider notre ‘’Plan stratégique de patrimoine’’, qui prévoit 638 millions d’euros d’investissements d’ici 2028 ; ce qui est assez colossal. Ce Plan se traduira par de la rénovation et du confortement sismique de 6400 logements, avec des interventions en réhabilitation(s). On a aussi un travail à faire avec la filière BTP, qui est aujourd’hui en souffrance et pour laquelle on souhaite avoir une action de partenariat ; donc travailler avec eux, les informer de tous les appels d’offres qu’on va lancer régulièrement, tous les six mois, pour leur présenter les choses et qu’il puissent s’organiser pour pouvoir répondre à nos appels d’offres – tant en termes de personnels, de matériels, d’investissements – et leur donner de la visibilité sur tout cela.

Cette collaboration avec la filière BTP en est donc à ses touts débuts ?

On a déjà une collaboration mais depuis mon arrivée, il y a un an, je souhaite vraiment ancrer les choses et concrétiser cette collaboration, permettre que ce soit beaucoup plus fluide et améliorer cette communication avec eux. C’est la même chose avec les maitres d’œuvre, les architectes, les bureaux d’études etc., car il n’y a pas que des entreprises de BTP pour construire mais toute une filière qui doit accompagner ces constructions.

Cette future réalisation sur ce terrain aura-t-elle des caractéristiques particulières, ou s’agira-t-il d’un type de construction assez « classique » ?

On est sur un type de construction assez classique. On essaie d’instiller des sujets liés à la sobritété énergétique et au ‘’bilan carbone’’, avec évidemment des éclairages LED, essayer de faire des logements ventilés et traversants, pour éviter les sujets de surchauffe, etc. Tous ces sujets là sont approchés de façon systématique dans toutes nos opérations ; ça devient le standard.

Propos recueillis par Mike Irasque

 

 

 

 

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