Pendant trois jours, la Martinique était le centre des Outre-mer. A l’occasion des assises de l’eau et de l’assainissement, les acteurs clefs de l’eau dans l’Outre-mer se sont réunis à Madiana. Objectif : partager les bonnes pratiques et mettre en commun les réflexions autour de la problématique de l’eau dans les territoires ultramarins.
En ces jours où la pluie ponctue le temps, difficile de s’imaginer retomber dans une période de sécheresse aussi intense que le Carême de cette année. Pourtant avec les saisons s’enchaînent, l’hivernage est bien plus humide et le Carême de plus en plus sec. Il devient difficile de gérer une précieuse ressource dont la population ne peut de passer, l’eau.
S’il y a bien un élément commun entre les territoires ultramarins, c’est le problème de l’eau. Le prix, la qualité, la quantité, l’assainissement. La problématique de l’eau a ses particularités dans chaque région ultramarine qui handicape les populations à leur droit à l’accès à l’eau. Pour sortir la tête de l’eau, des assises ont été organisées. Les acteurs de l’eau de tout l’Outre-mer se sont réunis à Madiana, à Fort-de-France. Trois jours d’ateliers, de réflexion, de tables rondes et de partage de bonnes pratiques. Outre les obstacles déjà présents, les participants se sont penchés sur une gestion durable de l’eau et de l’assainissement en Outre-mer dans un contexte de changement climatique.
Il s’agit de réfléchir aux solutions possibles face à la raréfaction de la ressource en période d’étiage. Pour Justin Pamphile, président de l’association des maires de Martinique il y a « urgence à intervenir. » Celui qui est également maire du Lorrain affirme l’importance de sa commune dans l’alimentation en eau des Martiniquais. Le Lorrain est une ville d’eau puisque traversée par trois cours d’eau dont la Capot qui alimente l’usine de production d’eau de Vivé. Elle produit pour les besoins de 150 000 foyers. Malgré deux sites de production, des quartiers de la commune connaissent des coupures.
Le Carême rend la distribution d’eau complexe à cause de la sécheresse mais les pluies de l’hivernage mettent les usines de production d’eau potable à l’arrêt. Pendant le Carême, cette année, sur le territoire du centre des foyers sont restés 26 jours sans eau.
Sur les 27 sites de production, la majorité se situe dans le nord de la Martinique.
Le changement climatique n’est pas le seul facteur à complexifier la distribution. Les pesticides et singulièrement l’usage du chlordécone a laissé des traces. Pour une consommation d’un produit sain, la collectivité a investi 30 millions sur l’usine de Vivé.
« L’eau ne doit pas diviser la Martinique », insiste Justin Pamphile. Un consensus prend d’ailleurs forme autour d’une gouvernance unique pour la gestion de l’eau. Le maire du Lorrain indique qu’il y a 500km de tuyaux à reprendre d’urgence.
« L’accès à l’eau dans les Outre-mer demeure une question prégnante et une priorité », affirme Lucien Saliber, président de l’Office de l’eau. Il poursuit : « L’assainissement est chez nous, la principale source de pollution de nos eaux côtières, enjeu majeur pour les générations futures. »
Ces assises de l’eau et de l’assainissement sont organisées dans le cadre du plan Eau Dom initié en 2016. Ce plan à destination de la Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Mayotte et Saint-Martin accompagne les acteurs de l’eau s’étale sur dix ans. Renforcer, développer, améliorer les services d’eau potable et mieux intégrer les politiques de l’eau sont les missions du plan Eau Dom.
Laurianne Nomel