Le Point.fr – Publié le 02/05/2011 à 12:38

Dix ans auront été nécessaires pour localiser et neutraliser le chef d’al-Qaida Oussama Ben Laden, tué dimanche au Pakistan. Récit.

 

Une des vidéos de Ben Laden le montrant aux côtés d'Ayman al-Zawahiri, n° 2 d'al-Qaida, marchant dans une région montagneuse au printemps 2003. © al-Jazeera / -

 

Dix ans. À quatre mois près, les Américains auront mis une décennie entière à mettre la main sur Oussama Ben Laden. Depuis ce 17 septembre 2001, quelques jours après les attentats du 11 septembre, où George W. Bush avait réclamé “mort ou vif” le chef d’al-Qaida, jusqu’à ce dimanche 1er mai, où Barack Obama a annoncé sa mort.

Installé en Afghanistan depuis 1996, Ben Laden promettait dès le 7 octobre 2001 aux États-Unis qu’ils ne connaîtraient “plus jamais la sécurité”. Au même moment, les frappes américano-britanniques débutaient en Afghanistan. Fin décembre de la même année, les renseignements américains croient le localiser dans les grottes et les souterrains de Tora Bora, dans l’est de l’Afghanistan, près de la frontière pakistanaise. Malgré d’intenses bombardements, Ben Laden reste introuvable. Il ne refera surface qu’en mai 2002, dans une vidéo le montrant dans un décor printanier. En novembre de la même année, dans un message audio, Ben Laden se félicite des attentats de Djerba (Tunisie, avril 2002), de Karachi (Pakistan, mai 2002), de Bali (Indonésie, octobre 2002) et de l’attaque contre le pétrolier français Limbourg au Yémen et des soldats américains au Koweït. Le chef d’al-Qaida apporte ainsi la preuve qu’il est bel et bien vivant. Mais où ?

25 millions de dollars de récompense

Le 1er mars 2003, c’est le choc. Le numéro 3 présumé d’al-Qaida, Khaled Cheikh Mohammed, est arrêté au Pakistan, confirmant ainsi l’hypothèse que Ben Laden ait pu lui aussi trouver refuge dans ce pays. D’autant que six mois plus tard, une vidéo montre Ben Laden et Ayman al-Zawahiri, n° 2 d’al-Qaida, marchant dans une région montagneuse à cheval entre l’Afghanistan et le Pakistan. Conséquence, le 7 mars 2004, les États-Unis lancent l’opération “Tempête en montagne” dans le sud, l’est et le sud-est de l’Afghanistan, dans l’espoir de mettre enfin la main sur Ben Laden. Sans succès. “Ben Laden et al-Zawahiri sont en sécurité en Afghanistan”, nargue même un porte-parole taliban quelques jours après le début des hostilités. En juin, la coalition affirme avoir eu à plusieurs reprises Ben Laden “à portée de main”. Mais pas plus. 

En 2005, les Renseignements pakistanais reconnaissent avoir perdu sa trace il y a “peut-être huit ou dix mois”. Un an plus tard, le chef des services de renseignement américains John Negroponte affirme que le patron de la nébuleuse terroriste opère “à la frontière pakistano-afghane”. Rien de nouveau, donc. En conséquence, les Américains décident de passer à la vitesse supérieure. Le Sénat débloque 200 millions de dollars pour créer une cellule du renseignement dédiée à la traque. Une récompense de 25 millions de dollars est promise en échange de sa capture. Les rumeurs le donnant mort d’une typhoïde n’entachent pas la détermination de Washington. Pourtant, un long silence fait suite à ces décisions.

“Travail de fourmi” (Obama)

Deux ans plus tard, coup de tonnerre. Ben Laden apparaît à nouveau. Dans un document sonore, accompagné d’une photo, il menace d’intensifier la lutte en Irak et fait l’éloge de Walid al-Shehri, un des auteurs des attentats du 11-Septembre. Mais il reste toujours introuvable. Le 23 juillet 2009, Saad, un de ses fils, “serait mort” dans une attaque américaine par drône début 2009, selon des informations de presse relayées par un responsable américain antiterroriste. Fin juin 2010, quelques semaines après la mort du n° 3 d’al-Qaida, l’Égyptien Mustafa Abou-al Yazid (alias Saïd al-Masri), le chef de la CIA Leon Panetta estime que Ben Laden est “très bien caché” dans une région tribale au Pakistan. On sait depuis lundi matin, et la déclaration de Barack Obama, que les services secrets américains étaient sur la piste de Ben Laden depuis “août dernier”.

“Après des années de travail de fourmi de nos services de renseignements, j’ai été informé de l’existence d’une possible piste vers Ben Laden”, a expliqué le président américain. “Il a fallu plusieurs mois pour remonter ce fil. J’ai rencontré mon équipe de sécurité nationale à de nombreuses reprises pour réunir davantage de renseignements relatifs à une localisation de Ben Laden dans un complexe de bâtiments en plein coeur du Pakistan”, a-t-il ajouté. “Et finalement, la semaine dernière, j’ai déterminé que nous avions suffisamment de renseignements pour agir.” Le renseignement était juste.

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