Dr Thomson Fontaine –

Balla est célébré comme l’un des plus grands leaders marrons (Neg Mawon) dans la lutte pour la libération des Noirs asservis pendant la période de l’esclavage en Dominique. Sa quête intrépide de la liberté des esclaves, qui a culminé avec l’attaque effrontée du domaine de Rosalie, lui a valu une attention internationale et a permis de mettre en lumière le sort des Noirs réduits en esclavage à la Dominique et dans l’ensemble des Caraïbes.

Son action et celle de ses centaines de partisans déclencheront également le débat abolitionniste en Grande-Bretagne, ce qui aboutira à l’abolition de l’esclavage dans les Caraïbes anglophones en 1833. Né en Guinée au sein d’une famille dirigeante et prince dans son propre pays, Balla est arrivé à la Dominique en juin 1764 et a été l’un des premiers Noirs à effectuer le tristement célèbre voyage transatlantique, après que les Britanniques eurent commencé à importer des Africains réduits en esclavage dans le pays en 1763.

Dès son arrivée à la Dominique, il réussit à échapper à ses ravisseurs et ne passera pas un seul jour en captivité. Pendant plus de vingt ans, Balla a réussi à échapper aux autorités, construisant des camps composés de centaines d’esclaves évadés et de leurs enfants dans les régions de Grand Fond et de Rosalie.

Il finit par devenir le chef le plus craint et le plus respecté des Marrons, gagnant le titre de Chef des Chefs Marrons, et fut souvent appelé simplement le Général. Entre 1763 et 1785, Balla a contribué avec succès à l’établissement de camps marrons dans toute l’île. Les principaux camps sont établis sur les hauteurs entre Colihaut et Morne Diablotins, sous la direction de Pharcel ; sur les hauteurs de Castle Bruce, sous la direction de Grubois ; entre Layou et Rosalie, sous la direction de Balla et Congoree ; et à Grand Baie, sous la direction de Pangloss. En outre, il y avait au moins quatre camps supplémentaires autour de Grand Baie.

En tant que chef des chefs marrons, Balla, avec les autres chefs, a lancé avec succès une série d’attaques contre les plantations d’esclaves, dans le but d’effrayer les propriétaires d’esclaves et de libérer par la force ceux qui étaient réduits en esclavage.

En 1781, au cours de ce qui sera connu plus tard comme la première guerre des Marrons, les Marrons ont intensifié leurs attaques en pillant les domaines, en tuant les planteurs et les surveillants blancs et en brûlant les champs et les bâtiments. Ces attaques surprises étaient généralement menées dans le plus grand secret, et le plus souvent la nuit, lorsqu’ils ne risquaient pas d’être appréhendés.

Les attaques sur les plantations ont commencé à Tarreau puis se sont étendues à Layou, Colihaut et d’autres domaines pendant plusieurs mois. Mais la plus spectaculaire d’entre elles a lieu le 9 décembre 1785 au domaine de Rosalie, propriété du lieutenant-gouverneur William Stuart. L’attaque effrontée, rapportée dans de nombreux journaux aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Irlande et en Écosse, a été menée et dirigée par Balla. À la fin de l’attaque, Balla et plus de 200 assaillants avaient tué 4 des 5 planteurs blancs du domaine, saisi une grande quantité d’armes et de munitions, incendié le domaine, tué le bétail et la volaille, et libéré les 180 esclaves présents ce jour-là.

À la suite de cette attaque, Balla est traqué sans relâche par des miliciens britanniques, des esclaves affranchis et des esclaves à qui l’on a promis la liberté en échange de la capture de Balla. Il faudra attendre trois mois supplémentaires, jusqu’au dimanche 18 mars 1786 à 14 heures, pour que Balla, le chef marron le plus redouté de la Dominique, soit traqué, abattu et tué à moins de trois kilomètres de la rivière Layou.

À sa mort, sa poitrine fut ouverte, son cœur arraché, puis sa tête coupée. Les miliciens s’emparent alors de ses armes, d’une dizaine de livres de poudre, de deux enfants dont son fils qui a assisté à sa mort. Un jour plus tard, la tête du chef marron, autrefois redouté, est exposée sur un poteau, sur la place du marché de Roseau.

La nouvelle de sa mort s’est rapidement répandue dans toute l’île, et des foules se sont rassemblées pour contempler un homme qui, pendant plus de vingt ans, n’était qu’un nom pour beaucoup. Dans toute la Dominique, à mesure que la nouvelle de sa mort se répandait, les Marrons et les esclaves du domaine entonnaient le triste chant de deuil “Balla mort, bois gatay” [“Balla est mort, l’arbre est gâté”]. Pour d’innombrables Noirs pris sous le joug de l’esclavage, il évoquait des aspirations à une liberté durable, mais pour de nombreux Blancs, son souvenir était synonyme de douleur et d’effroi.

Après la mort du chef marron acclamé, Chief Balla, les autorités ont poursuivi leur recherche incessante d’autres chefs tels que Mabuyah, Pharcelle, Goree Greg, Jacko, Congoree, Mabrie et Colligrie. Au cours de cette opération, de nombreux Marrons ont été capturés et exécutés, le gouvernement admettant avoir tué “plus de cent hommes, femmes et enfants”. ‘

Cependant, la mort de Balla n’a fait que renforcer la détermination des Neg Mawon de la Dominique à continuer de résister à l’esclavage dans les plantations. Leur résistance audacieuse, leur lutte et leur sacrifice allaient attirer l’attention de William Wilberforce et d’autres abolitionnistes, donnant un nouvel élan au débat sur la fin de l’esclavage dans les Caraïbes.

Note : Des extraits de cet article sont tirés du livre : “The Maroons of Dominica 1764 – 1818, Resistance, Rebellion and Freedom From Slavery” de Thomson Fontaine, disponible à la librairie Jay’s Bookstore à Roseau et https://www.amazon.com.

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