Vu sur https://www.novethic.fr/ – Blocage de l’autoroute A6a, interruption d’un opéra en pleine représentation à Bastille, mise en berne du drapeau tricolore au Panthéon… Durant plusieurs jours, le collectif Dernière Rénovation a multiplié les actions pour appeler le gouvernement à agir sur la rénovation énergétique des bâtiments. Une mobilisation surprise a été encore organisée mercredi 2 novembre pour appeler à conserver des amendements inédits votés en début de semaine par l’Assemblée nationale sur le sujet. En vain.

La pression citoyenne n’aura pas suffi. Mercredi 2 novembre, en fin de journée, Elisabeth Borne a de nouveau eu recours à l’article 49.3 pour adopter le projet de loi de finances définissant le budget 2023. Ce faisant, la Première ministre a écarté deux amendements portant sur la rénovation énergétique des bâtiments, votés quelques jours plus tôt par les députés et ardemment défendus par plusieurs associations.

Un peu plus tôt dans l’après-midi, les militants de Dernière Rénovation, soutenus par Alternatiba, les Amis de la Terre, ainsi que des députés écologistes et de La France Insoumise, étaient dans la rue, bloquant la circulation durant plus de deux heures devant l’Assemblée nationale pour interpeller le gouvernement. Les mains collées au bitume, ils appelaient à “sanctuariser les crédits votés à l’Assemblée en faveur de la rénovation thermique”. Sans succès.

12 milliards d’euros pour la rénovation thermique

Pourtant, le collectif qui avait multiplié les actions ces derniers jours, entrevoyait une victoire. Lors de l’examen du projet de budget 2023 le 31 octobre dernier, les députés avaient en effet adopté coup sur coup deux amendements écologiste et PS, débloquant près de 12 milliards d’euros en faveur de la rénovation thermique des logements, au grand dam du gouvernement. Un “moment historique” se félicitait Dernière Rénovation, qui milite pour l’adoption d’un “plan ambitieux de rénovation thermique des bâtiments d’ici 2040”. Mais c’était sans compter sur l’utilisation du 49.3.

“On ne peut pas multiplier par sept, du jour au lendemain, les travaux de rénovation thermique”, a déclaré Elisabeth Borne. La Première ministre évoque les tensions d’approvisionnement des matériaux ou encore la formation des salariés du secteur du BTP pour justifier la décision du gouvernement, mais elle pointe particulièrement du doigt la répartition du budget, faisant une référence directe au maintien du bouclier tarifaire. “Par vos votes, vous privez les Français de mesures indispensables pour lutter contre la hausse des prix de l’énergie. (…) Vos amendements conduiraient à doubler les factures des Français”, a-t-elle affirmé face aux députés.

Dernière Rénovation maintient la pression

Si Elisabeth Borne assure malgré tout que le gouvernement “accélère la rénovation énergétique des bâtiments”, un rapport récemment publié par la Cour des comptes tire un bilan sévère des politiques en place. “Il manque un pilotage fort et efficace et un service public de l’accompagnement efficient”, a-t-elle déploré. Cette conclusion rejoint les revendications de Dernière Rénovation qui rappelle que le secteur représente 20% des émissions carbone de la France et que 12 millions de Français se trouvent aujourd’hui en situation de précarité énergétique.

A quelques jours du lancement de la COP27, le collectif compte accélérer le mouvement pour attirer l’attention des politiques et des citoyens sur ce sujet clé, tant sur le plan climatique que social. Depuis le printemps, il orchestre des actions coup de poing, comme lors de la demi-finale de Roland-Garros ou du Tour de France, au risque de parfois provoquer des réactions négatives. Mais Dernière Rénovation assume ses méthodes : “Après avoir tout essayé pour faire entendre raison à nos responsables politiques (…), la résistance civile non-violente est notre meilleure chance d’obtenir un réel changement”. En parallèle, une pétition a été lancée pour maintenir la pression sur l’exécutif.

Florine Morestin avec AFP

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