Cayman News
Par Simon Boxall
Certains pêchent pour le loisir, d’autres pour se détendre, et d’autres encore pour survivre.
Ils s’assoient sur les murets au bord de la mer avec une canne à pêche et un seau, traversent les herbiers marins dans les eaux côtières peu profondes, lancent des moulinets colorés ou pêchent à la main sur une jetée éclairée par la lune. Ces scènes sont aussi vieilles que les îles Caïmans.
Mais aujourd’hui, le droit de pêcher le long du littoral est remis en question.
Les stocks de poissons ont diminué et certains pêcheurs affirment que les différentes nationalités ont introduit des pratiques moins durables, menaçant à la fois les ressources halieutiques et le droit des Caïmaniens de profiter de ce passe-temps traditionnel.
Pour d’autres, en particulier les travailleurs à bas salaire, la pêche est plus qu’un simple passe-temps : c’est un moyen de mettre de la nourriture sur la table.
Dans ce contexte, un régime de licences a été proposé, obligeant les titulaires de permis de travail à obtenir une licence pour pêcher.
« Chaque fois que je vais pêcher, cela me donne de l’espoir »
Gregory Simms, un chauffeur de bus jamaïcain, pêche sur le rivage près de Lobster Pot. Pour lui, la pêche est synonyme de liberté.
« Je ne pense pas qu’une licence soit nécessaire pour le moment, et j’espère qu’ils laisseront cela gratuit pour les gens. Laissons-nous profiter de la nature », dit-il.
Simms explique que, bien qu’il apprécie les îles Caïmans, le coût de la vie y est très élevé.
« Chaque fois que vous allez pêcher, cela vous donne de l’espoir. Vous ne savez jamais ce que vous allez attraper. »
« C’est ma seule chance d’avoir de la viande à manger »
Alphonso Cameron, un agent de sécurité jamaïcain qui gagne le salaire minimum, pêche à la ligne à la main à South Sound.
« Si je dois payer pour une licence, je devrai probablement rentrer chez moi », dit-il.
« Honnêtement, je lutte pour joindre les deux bouts. Je travaille 18 heures par jour pour survivre aux îles Caïmans et je rentre seulement chez moi pour dormir. »
« Une licence pour les étrangers protégerait les stocks de poissons »
Anthony Welcome, propriétaire d’une entreprise de climatisation, pense qu’une licence obligatoire pour les étrangers serait bénéfique.
« Cela aiderait à protéger les stocks de poissons », dit-il.
Débat politique
En octobre dernier, le député McKeeva Bush a proposé une motion en faveur d’un système de licences pour les travailleurs étrangers. Cependant, des obstacles juridiques pourraient empêcher sa mise en place.
En 2007, un amendement obligeait les non-Caïmaniens à obtenir une licence de pêche coûtant 400 $ par an ou 150 $ par mois. Mais en 2010, un tribunal a jugé cette loi discriminatoire et anticonstitutionnelle.
Actuellement, aucune licence de pêche n’est requise, ni pour les résidents ni pour les visiteurs.
Le Département de l’Environnement étudie différentes options, mais il souligne que l’application d’une licence uniquement pour les étrangers serait coûteuse et difficile à gérer.
L’une des solutions proposées serait d’accorder gratuitement une licence aux Caïmaniens.