La double championne olympique de judo et le double champion du monde en titre de cyclisme sur route ont réalisé une année 2021 exceptionnelle, se plaçant au sommet du sport français.

Article rédigé par
Jean-Pierre Blimo, Arthur Fradin, Thomas Giraudeau et Fanny Lechevestrier – franceinfo
Radio France
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Clarisse Agbégnénou, double championne olympique de judo à Tokyo, et Julian Alaphilippe, double champion du monde en titre de cyclisme sur route, ont été désignés Champions des champions tricolores par le journal L'Équipe. (MILLEREAU PHILIPPE / KMSP via AFP // DIRK WAEM / BELGA via AFP)

Ils voient double, l’une en or, l’autre en arc-en-ciel ! Clarisse Agbégnénou et Julian Alaphilippe sont couronnés “Champions des champions” tricolores 2021 par L’Équipe. Cette année, ils s’étaient donnés un objectif, et ils l’ont atteint.

Pour la judoka, le titre olympique à Tokyo, dans la catégorie des – 63 kg, complété, cerise sur le gâteau, par l’or avec ses camarades de l’équipe de France, ainsi qu’un cinquième titre mondial. Et pour le coureur, le droit de porter le maillot de champion du monde une année de plus, après sa victoire à Louvain, dans les Flandres, pays du vélo, sans compter une victoire d’étape et une journée en jaune sur le Tour, et la Flèche Wallonne.

Clarisse n’aurait “pas pu imaginer mieux”

Quand il s’agit de décrire l’année 2021 de Clarisse Agbégnénou, les superlatifs pleuvent : extraordinaire, dorée, parfaite… En moins de deux mois, la judoka licenciée à Champigny-sur-Marne a effacé toutes ses adversaires et remporté, coup sur coup, un cinquième titre de championne du monde, le 9 juin, le titre olympique en individuel, le 27 juillet, et celui par équipes, le 31.

Pour la porte-drapeau de la délégation tricolore à Tokyo, le moment le plus fort de son année a certainement eu lieu au Nippon Budokan. 18h45, finale femmes dans la catégorie des -63 kg. Face à elle, Tina Trstenjak, la slovène qui l’avait privée de l’or olympique, cinq ans plus tôt, à Rio. Golden Score. La première judoka qui marque un point a gagné. L’heure de la revanche. Après cinq minutes d’un combat étouffant, Clarisse Agbégnénou fait basculer son adversaire sur le tatami. Waza-ari. Fin du combat. Championne olympique.

 

Clarisse Agbégnénou en larmes après avoir vaincu son ancienne bête noire, Tina Trstenjak, en finale des JO de Tokyo, le 27 juillet 2021. (JACK GUEZ / AFP)

 

Les larmes coulent, instantanément. Puis le signe d’un cœur, vers les tribunes. Et l’explosion de joie, devant les micros : “Je suis dans un bonheur pas possible. Je n’aurais pas pu imaginer mieux !”

“A chaque fois, je me dis que oui, je vais gagner, je suis forte, en forme. De le dire, c’est une chose, mais de le faire en finale, prendre sa revanche, c’est incroyable !”

Clarisse Agbégnénou, double championne olympique de judo

à franceinfo

Quelques minutes après le combat, sa mère, Pauline, restée en France en raison de l’épidémie, la complimente par médias interposés. “Tu as travaillé pour, et tu l’as fait. C’est magnifique ! Tu restes comme tu es, humble, sans te prendre la tête, avec la joie de vivre. Tu es géniale ! La fille à maman.”

“Elle a épaté la France entière”

Pour les journalistes de L’Équipe, qui ont élu Clarisse Agbégnénou “Championne des championnes” françaises, c’était une évidence. “Avant même le vote, on se doutait qu’elle serait largement devant et elle l’est. C’était sûr qu’elle allait gagner”, décrit Frédérique Galametz, rédactrice en chef àL’Équipe.

“Elle a épaté la France entière aux Jeux Olympiques”, estime-t-elle, en montrant “des choses énormes, notamment lors de sa finale face à la Slovène, puis dans l’épreuve mixte par équipes. C’est une grande championne, très engagée dans la vie aussi”, notamment contre les violences faites aux femmes.

“On peut difficilement faire mieux que d’aller aux Jeux, concourir pour deux médailles et revenir avec deux en or.”

Frédérique Galametz, rédactrice en chef à “L’Équipe”

à franceinfo

Clarisse Agbégnénou, première judoka française double championne olympique (David Douillet et Teddy Riner l’ont réalisé chez les hommes, Riner étant même triple médaillé d’or) devance, au classement des “Championnes des championnes” tricolores, la hanballeuse titrée à Tokyo Cléopatre Darleux, et la championne du monde et vainqueure du Globe de cristal de ski de bosses Perrine Laffont.

Julian, à jamais le premier

Une journée de folie sur les routes flandriennes. 26 septembre. Dans la côte de Saint-Antoine, à 17 kilomètres de l’arrivée, un maillot bleu jaillit du peloton des favoris, essorés par le train d’enfer mené par les coureurs tricolores. Julian Alaphilippe use de ses qualités de puncheur, et s’échappe. Derrière lui, on se regarde. Personne ne le reverra. Il s’impose, en solitaire, et pour la deuxième fois de suite, après Imola, en 2020. Jamais un coureur français n’avait remporté deux fois les Championnats du monde de cyclisme sur route, encore moins deux années consécutives.

 

Le Français Julian Alaphilippe sur la ligne d'arrivée des Championnats du monde à Louvain, dimanche 26 septembre. (DAVID STOCKMAN / BELGA MAG / AFP)

 

Sur le podium, maillot arc-en-ciel sur les épaules, il renverse le public belge, pourtant acquis à la cause du local de la course, son rival et grand favori, Wout Van Aert. Alaphilippe lance un clapping, suivi par des milliers de spectateurs. Conscient qu’il marque l’histoire de son sport, mais loin de prendre la grosse tête, Julian reste humble, comme “je l’ai toujours été”, déclare-t-il après son titre mondial.

Double champion du monde, maillot jaune 18 jours et vainqueur de six étapes sur le Tour, multiple vainqueur de Classiques. À 29 ans, le coureur de Montluçon n’est pourtant pas rassasié, et “veut toujours avoir des rêves, sinon la vie, c’est nul”. Et pourquoi pas rêver de jaune, sur les Champs-Élysées ? La question lui est souvent posée depuis sa cinquième place au général, en 2019.

“Est-ce que je suis capable [de jouer le général du Tour] ? Peut-être que j’y répondrai dans le futur.”

Julian Alaphilippe, double champion du monde de cyclisme sur route

à franceinfo

Mais Julian Alaphilippe est d’abord un puncheur, un des meilleurs artificiers du peloton, capable de dynamiter les courses d’un jour pour les remporter avec brio, en solitaire ou en sprint. Mes objectifs restent de remporter des grandes Classiques [Flèche Wallonne, Milan-San Remo, déjà gagnés], d’autres Monuments [Tour des Flandres, Amstel Gold Race, Liège-Bastogne-Liège, pas encore à son palmarès]”, confirme-t-il.

 

Et pourquoi pas aller chercher un troisième titre mondial, dès 2022. Le parcours australien, comprenant une bosse très pentue à huit kilomètres de l’arrivée, pourrait lui convenir. De quoi imaginer trois maillots arc-en-ciel, comme la légende Eddy Merckx.

“Il est rentré dans le coeur des Français”

Julian Alaphilippe a été désigné “Champion des champions” français par les journalistes de L’Équipe, mais avec moins d’avance sur ses poursuivants qu’en 2019 et 2020, où il avait déjà été distingué. Le premier champion du monde français de Moto GP, Fabio Quartararo, et le vainqueur du gros Globe de cristal, le skieur alpin Alexis Pinturault, complètent le podium.

“Julian Alaphilippe a aussi ce côté très populaire, il est rentré dans le coeur des Français.”

Frédérique Galametz, rédactrice en chef au journal L’Équipe

à franceinfo

Le vote a été serré, confie Frédérique Galametz, mais la rédactrice en chef au journal L’Équipe insiste sur son style sur le vélo, “sa manière de se comporter”lors des Mondiaux. Attaquer à 17 kilomètres de l’arrivée, et “y croire”, espérer gagner en solitaire, “ça a beaucoup marqué les journalistes”.

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