Coronavirus : plus de 60.000 vies sauvées par le confinement en France
Selon une étude épidémiologique française, les mesures de restriction de la circulation ont permis de réduire de 83,5 % le nombre de décès survenus à l’hôpital entre le 19 mars et le 19 avril. Le besoin en soins de réanimation aurait été supérieur à 100.000 lits, soit vingt fois la capacité initiale.
Les efforts consentis par les Français pour respecter le confinement ne l’auront pas été en vain. C’est ce que montre une étude épidémiologique publiée mercredi par trois chercheurs de l’EHESP et du CHU de Rouen, Pascal Crépey, Clément Massonnaud et Jonathan Roux. Ils se sont penchés sur les effets du confinement entre le 19 mars et le 19 avril, région par région. Il s’agit de travaux théoriques, permettant a contrario de montrer l’efficacité des politiques publiques. Car il est impensable qu’un gouvernement ne réagisse pas lorsqu’une épidémie aussi alarmante se profile. Et au pire, face à l’impéritie de la puissance publique, ce sont les citoyens qui auraient adapté leur comportement, pour se calfeutrer. Selon les chercheurs, le confinement a permis d’éviter 61.739 décès à l’hôpital : au lieu de faire 73.909 victimes depuis le 1er mars, le virus a fauché 12.170 personnes au 19 avril, soit une baisse de 83,5 % par rapport au pronostic. Ce calcul ne tient pas compte des décès survenus en Ehpad et à la maison.

590.000 hospitalisations évitées
De plus, on peut supposer que la submersion du système de santé aurait entraîné des décès encore plus nombreux, si rien n’avait été fait pour briser la dynamique épidémique. « Le confinement pourrait avoir évité autour de 590.000 hospitalisations et 140.000 admissions en soins intensifs sur l’ensemble du territoire métropolitain, soit des réductions respectives de 88 % et 91 % », écrivent les chercheurs.
En particulier, vu la durée moyenne élevée des passages en réanimation , il aurait fallu pouvoir disposer de 104.550 lits de soins intensifs au 19 avril ! C’est vingt fois plus que les capacités initiales de 5.000 lits, et encore dix fois plus que les capacités augmentées depuis le début de la crise (10.500 lits). Grâce au confinement, 7.180 patients Covid-19 ont été traités en réanimation au moment du pic, le 8 avril, et leur nombre décroît chaque jour depuis.
50 % de cas asymptomatiques
L’Ile de France est la région qui a le plus bénéficié de cette stratégie , avec 160.000 hospitalisations évitées en un mois et 40.000 passages en soins intensifs en moins, dont plus de 27.000 auraient dû être mobilisés simultanément. Cette étude converge avec l’étude Salje et alii dévoilée par l’Institut Pasteur lundi, qui faisait état d’une « grande efficacité du confinement en France », avec une baisse de 3,3 à 0,5 du nombre de reproduction du virus, c’est-à-dire du nombre de personnes contaminées par chaque personne infectée.
Les trois auteurs estiment que 23 % des Français auraient été attaqués par le virus et auraient présenté des symptômes le 19 avril, si rien n’avait été fait pour freiner sa circulation. Selon eux, 50 % des porteurs seraient asymptomatiques. Il est certes hautement improbable qu’un gouvernement ait pu sacrifier ces dizaines de milliers de vies. Mais même l’absence de confinement n’aurait pas permis d’atteindre le Graal d’une population protégée par des anticorps, insistent les auteurs : « Il est probable que même sans le confinement, l’immunité collective n’aurait pas encore été atteinte à ce point ».

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