Covid-19 : vers une sortie de crise contrastée en Europe

Après avoir enregistré une nouvelle baisse du nombre de cas de Covid-19, l’Autriche est le premier pays européen à avoir annoncé lundi 6 avril des mesures détaillées de sortie de crise. Un optimisme qui ne fait pas l’unanimité dans le reste de l’Europe.

“Des lueurs d’espoir s’allument à mesure que les courbes de contaminations commencent à s’infléchir et que le décompte macabre de décès ralentit”, écrit Le Monde. Plusieurs gouvernements européens ont déjà envisagé des mesures de sortie progressive de crise, mais c’est l’Autriche qui est devenue ce lundi “le premier pays d’Europe à assouplir sa politique de lutte contre la pandémie de coronavirus” [Financial Times]. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a présenté un calendrier détaillé avec des premiers magasins qui doivent ouvrir dès le 14 avril. “Nous avons réagi plus vite et plus drastiquement, on a pu éviter le pire”, a-t-il justifié, alors que le pays a été parmi les premiers d’Europe à mettre en place des mesures de confinement, rappelle le Washington Post.

Déconfinement progressif

Si Vienne a été la première à présenter un plan aussi précis, d’autres pays ont également l’intention de lever partiellement les mesures mises en place pour limiter la propagation du virus. Le Danemark a ainsi annoncé sa volonté de “commencer à rouvrir les crèches et les écoles primaires à partir du 15 avril si le nombre de décès et de nouveaux cas de Covid-19 reste stable”, rapporte The Guardian. En Espagne, le Premier ministre Pedro Sanchez a déclaré que le confinement “resterait en place jusqu’au 26 avril”, mais envisage “un assouplissement de certaines restrictions après Pâques”, indique Reuters. Dans certains pays d’Europe centrale et orientale, le déconfinement commence déjà. En République tchèque, le gouvernement a annoncé la réouverture des espaces sportifs dès le mardi 7 avril. D’autres commerces pourraient également ouvrir dans les prochains jours “si la tendance rassurante se poursuit”. En Slovaquie, un assouplissement des mesures de confinement est aussi envisagé [Le Monde].

Malgré les mesures annoncées, le Premier ministre danois reste prudent. “Ce sera probablement un peu comme marcher sur une corde. Si nous restons immobiles en cours de route, nous pourrions tomber et si nous allons trop vite, cela peut mal tourner. C’est pourquoi nous devons faire preuve de prudence, une étape à la fois”, a-t-il expliqué [Le Guardian]. Le gouvernement autrichien a lui aussi indiqué qu’il pourrait “mettre le pied sur le frein à n’importe quel moment en cas de reprise de l’épidémie”, précise Le Monde.

Optimisme mesuré.

La plupart des gouvernements restent en effet hésitants quant à la levée progressive du confinement et redoutent un “rebond” du nombre de cas de personnes contaminées, explique le quotidien. L’Italie, dont le nombre de morts est reparti à la hausse ce lundi “après une accalmie de plusieurs jours”, restera probablement encore confinée pendant deux à trois semaines, a indiqué le ministre de la Santé de la Lombardie [DNA]. Rome doit néanmoins annoncer les modalités d’un “plan de déconfinement progressif” d’ici la fin de la semaine, poursuit le média régional.

Au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson, placé en soins intensifs a confié la gestion du gouvernement à son ministre des Affaires étrangères Dominic Raab. Celui-ci a déclaré lors du point presse quotidien du gouvernement que “les mesures actuelles commencent à fonctionner”, mais qu’un changement d’orientation serait encore prématuré tant que le pays n’a pas encore atteint le pic de l’épidémie [BBC News].

En Allemagne, la chancelière Angela Merkel estime de son côté qu’il est encore “beaucoup trop tôt pour envisager un assouplissement des règles de confinement”, dont la sortie se fera nécessairement “par étapes” [Le Monde]. Une vision partagée outre-Rhin, où le ministre des Solidarités et de la Santé français Olivier Véran a déclaré qu’il était encore “trop tôt pour parler de déconfinement”, rapporte Le Figaro. “Il semble toutefois acquis que le déconfinement se fera par étapes, dans tous les pays d’Europe”, concluent les DNA.

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a reconnu l’efficacité du confinement face au ralentissement de l’épidémie dans son pays.

Ce week-end, le nombre de nouvelles victimes du virus a diminué en Italie, en Espagne et en France. Un ralentissement qui soulage les professionnels de santé et laisse entrevoir une sortie du confinement.

Le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Europe, Hans Kluge, a quant à lui exprimé son “optimisme prudent” quant à la situation espagnole. “Les unités de soins intensifs restent encore sous tension”, insiste Angela Hernandez, porte-parole du syndicat de médecins Amyts. De même en Italie, où le ministre de la Santé Roberto Speranza a appelé à ne pas baisser la garde : “nous avons encore quelques mois difficiles devant nous, ne gâchons pas les sacrifices consentis”, rapporte Le Monde. Les autorités craignent en effet “un relâchement des comportements avec les beaux jours et les vacances de Pâques”, poursuit le quotidien. “Pas question”, donc, “d’alléger les mesures de confinement dans l’immédiat”. “L’Italie a prolongé sa période d’isolement jusqu’au 13 avril, l’Espagne a prudemment étendu la sienne jusqu’au 25 avril”.

Afin d’éviter de nouveaux pics de contagion à la sortie du confinement, l’Italie a dévoilé dimanche “un plan sanitaire stratégique en cinq points ‘pour sortir graduellement’ de la pandémie. Celui-ci préconise entre autres le port du masque généralisé, un dispositif d’hôpitaux consacrés au Covid-19 qui resteront ouverts après la crise pour empêcher un éventuel retour du virus et la mise en place d’une application sur smartphone pour cartographier les mouvements des malades diagnostiqués, liste le journal.
La reprise de l’activité sera ainsi progressive, explique Le Monde : “les premières activités qui devraient reprendre sont celles liées à la chaîne d’approvisionnement alimentaire et pharmaceutique”, et les “artisans dont les boutiques comptent un nombre limité de clients”, tandis que “les transports publics devront maintenir une fréquentation basse”. “Même lorsque les cas de coronavirus seront tombés à zéro, la vie ne sera plus la même pendant longtemps”, a prévenu le directeur de l’Institut supérieur de la Santé italien Silvio Brusaferro .

 

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