Le Premier ministre a prononcé son discours de politique générale ce mardi 30 janvier. Il a dévoilé ses objectifs et plusieurs annonces. Source : Le Journal du Dimanche – lejdd.fr

Marianne Lecach30/01/2024 à 15:47, Mis à jour le 30/01/2024 à 16:40

Photo : Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale. AFP / © EMMANUEL DUNAND / AFP

À 15h ce mardi 30 janvier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Pour débuter, le Premier ministre a rappelé qu’une “société ne se perd pas jamais quand elle cherche à avancer”. “Nous ne sommes pas n’importe quel pays. La France n’est pas et ne sera jamais une nation qui subit, ni hier, ni demain”, a-t-il insisté. Très offensif, Gabriel Attal a estimé qu’il fallait “affronter pour avancer”. En pleine crise des agriculteurs, il a assuré avoir “confiance” étant donné que le pays s’est “toujours relevé” des épreuves.

Des “actes” et du “concret” promis

Le Premier ministre de 34 ans est aussi revenu sur les multiples crises qui ont secoué le pays et le monde entier, dont la pandémie de Covid-19, le dérèglement climatique ou encore la guerre en Ukraine. “La crise énergétique, l’inflation, la menace terroriste : les crises se superposent, s’enchevêtrent et s’additionnent”, a-t-il concédé, avant de promettre que la France y répondra. Gabriel Attal a sans surprise promis des “actes” et du “concret”.

La souveraineté française et européenne

Il a alors abordé l’une des premières thématiques de son discours: la “souveraineté française et européenne”. Gabriel Attal a rappelé le bilan positif du gouvernement à ce sujet en engageant “une action résolue pour la souveraineté économique avec, pour la première fois, le retour de l’industrie sur notre sol”. Il a également vanté la loi immigration. Voté le 19 décembre dernier au Parlement, le texte a été censuré de 40 % de ses mesures par le Conseil constitutionnel.

La colère des agriculteurs

Il était attendu sur ce point qui cristallise les tensions. Gabriel Attal a abordé la colère des agriculteurs. Comme l’ensemble du gouvernement, il a réitéré son soutien aux paysans : “Notre agriculture est notre force, et notre fierté aussi. Alors je le dis ici solennellement : il doit y avoir une exception agricole française.” Le chef de l’exécutif s’est d’ailleurs dit “lucide face à l’empilement des normes, face aux décisions qui tombent d’en haut et qui parfois tombent d’on ne sait où”.

Plus loin dans son discours, Gabriel Attal a annoncé que “toutes les aides Politique agricole commune (PAC) seront versées sur les comptes bancaires des exploitants” d’ici le 15 mars prochain. “Nous travaillerons avec les régions pour que les aides à l’installation des jeunes agriculteurs puissent être versées dans les prochaines semaines”, a-t-il encore évoqué. Il compte financer ces aides grâce aux “amendes qui seront infligées à l’industrie et à la grande distribution”. Sans donner davantage de détails, le Premier ministre a déclaré : “Je vous annonce que nous allons débloquer des moyens nouveaux avec un fonds d’urgence avant la fin de la semaine pour soutenir nos viticulteurs, particulièrement en Occitanie.” Il a annoncé lancer un “grand plan de contrôle sur la traçabilité des produits” pour “garantir une concurrence équitable”. 

Gabriel Attal a également lancé une pique au Rassemblement national (RN), sans nommer le parti dirigé par Jordan Bardella. “Pendant que nous agissons, certains guettent, entretiennent les colères et espèrent en récolter les fruits”, a-t-il lâché. Or, le Premier ministre s’est adressé “à tous ces Français, souvent de la classe moyenne, toujours au rendez-vous de leurs responsabilités, qui ne se plaignent pas alors qu’ils ont si souvent le sentiment de subir”.

Travail : pour “désmicardiser la France”

Le chef du gouvernement a aussi parlé du travail. Sa priorité est “claire” : “Favoriser le travail pour que ceux qui en sont éloignés s’en rapprochent, en soutenant ceux qui n’ont que le fruit de leur travail pour vivre, et qui sont toujours au rendez-vous de leurs responsabilités.” “Parler aux Français, c’est entendre quatre appels à l’action. Pour le travail, pour qu’il paie mieux et toujours plus que l’inactivité, partout et pour tous.” Gabriel Attal a cité les “services publics”, pour qu’ils soient “accessibles et de qualité, partout et pour tous”. Il a poursuivi : “Pour l’autorité, le civisme et le respect des droits et devoirs, partout et pour tous. Pour un environnement plus respirable, partout et pour tous.” Il a alors annoncé : “J’assume de le dire : il faut désmicardiser la France.” Avant d’indiquer qu’on ne peut “accepter une France où beaucoup sont condamnés à rester proches du SMIC toute leur carrière”. Gabriel Attal s’est ainsi engagé à “réformer ce système” dès le prochain projet de loi finances sur le budget 2025.

Baisse d’impôts, semaine de 4 jours…

Le Premier ministre a ensuite fait une série d’annonces. Il a notamment promis de tenir “l’engagement du président de la République d’une nouvelle baisse d’impôts de 2 milliards d’euros” : “Cette baisse d’impôts sera financée et la solidarité nationale devra s’exercer pour nos classes moyennes.” Il a aussi annoncé la généralisation de l’expérimentation du conditionnement du RSA à 15 heures d’activité pour l’insertion dans “tous les départements de France, d’ici le 1er janvier 2025”. Pour l’heure, le dispositif est expérimenté dans 18 départements du pays. Gabriel Attal compte aussi tester la semaine de 4 jours pour “tous (ses) ministres” dans “les administrations centrales et déconcentrées”. “Je veux que l’Etat montre l’exemple et que, désormais, dans l’Etat, les personnels d’entretien de l’administration qui le souhaitent puissent travailler aux mêmes horaires que tout le monde : aux horaires de bureau”, a-t-il assuré. Un projet de loi devrait voir le jour au printemps dans le but de “déverrouiller certaines professions comme les syndics ou encore les ventes en ligne de médicaments par les pharmacies”. 

Le secteur de la santé

Concernant le secteur de la santé, Gabriel Attal a confirmé qu’un émissaire serait nommé pour “aller chercher à l’étranger des médecins qui voudraient venir exercer en France”. “Nous procéderons à la régularisation des médecins étrangers sur notre territoire. (…) Nous devons trouver les moyens de faire revenir nos jeunes Français, partis étudier la médecine à l’étranger.” Le Premier ministre a dès l’été que chaque département soit “doté d’un service d’accès aux soins, avec des professionnels organisés pour assurer la permanence des soins”. Il s’est même dit prêt à restaurer “des obligations de garde pour les médecins libéraux, en soirée ou le week-end, dans leurs cabinets, à l’hôpital ou en maisons de santé”. Il souhaite également un “principe simple” à l’égard des patients qui n’honorent pas leur rendez-vous : “Quand on a un rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paie.” La santé mentale sera “une grande cause” de l’action de son gouvernement par la réforme du dispositif “Mon soutien psy”. Le tarif de la consultation remboursée sera augmenté afin de “limiter au maximum le reste à charge pour les jeunes patients et leurs familles”. Les infirmières scolaires vont bénéficier d’“une prime exceptionnelle de 800 euros” et d’une revalorisation de leur salaire à hauteur de “200 euros net par mois en moyenne à compter de cette date”.

L’éducation

La thématique de l’école a ensuite été abordée. Gabriel Attal a annoncé que l’Etat financera “l’accompagnement des enfants en situation de handicap sur leur pause-déjeuner”. Comme l’avait annoncé Emmanuel Macron, le Premier ministre a promis de généraliser le port de l’uniforme à l’école à la “rentrée 2026”, “si cette expérimentation est concluante“. Gabriel Attal compte se montrer plus ferme à l’égard des élèves pouvant être considérés comme délinquants : “Je vous annonce que nous créerons des travaux d’intérêt éducatif, qui seront leurs équivalents et seront donnés plus facilement que les peines d’intérêt général.” Il a insisté qu’il fallait revenir à un principe simple dès le plus jeune âge : “‘Tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l’autorité, tu apprends à la respecter’.” Le Premier ministre a fait part de son soutien à la mise en place de “travaux d’intérêt général pour les parents de jeunes délinquants, qui se sont totalement soustraits à leur responsabilité parentale.” Il souhaite néanmoins “aider” les familles monoparentales : “Nous proposerons aux parents de placer (l’élève) en internat, en y facilitant l’accès, y compris financier.”

La sécurité

Gabriel Attal a ensuite poursuivi son discours sur la sécurité et l’ordre public, annonçant des “actions coordonnées de tous les services de l’Etat, forces de l’ordre, éducation, services sociaux, dans certains quartiers”. Il a aussi annoncé vouloir “taper les dealers au porte-monnaie et leur couper les vivres” : “C’est pourquoi je vous annonce que nous allons désormais geler les avoirs des trafiquants de drogue identifiés.” Les travaux pour généraliser le Service national universel (SNU) à la rentrée scolaire 2026 ont d’ailleurs été lancés.

L’écologie

Le chef du gouvernement a évoqué la transition écologique. Il n’a pas manqué de critiquer les écologistes, sans les nommer : “Pour eux, l’écologie doit être punitive, douloureuse, passer par la désignation de boucs émissaires et par la décroissance. La décroissance, c’est la fin de notre modèle social. C’est la pauvreté de masse. Jamais je ne l’accepterai.” Gabriel Attal s’est dit “fier” que les 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre se soient “tous engagés à réduire leurs émissions de près de moitié d’ici 2030”. Une initiative similaire sera lancée contre la pollution plastique, “pour les 50 sites qui mettent le plus d’emballages plastiques sur le marché”, a annoncé le Premier ministre. Avant de rappeler que le nucléaire est “une fierté française” et “un atout majeur pour notre pays”. Pour que la jeunesse s’engage dans la lutte contre le réchauffement climatique, Gabriel Attal a encore annoncé lancer “un service civique écologique, qui rassemblera d’ici la fin du quinquennat 50 000 jeunes prêts à s’engager concrètement pour le climat“.

La fin de vie

Gabriel Attal a abordé brièvement le débat sur la fin de vie. Il a confirmé l’examen d’un projet de loi avant l’été : “Ce débat animera notre société, je le sais. Je souhaite qu’il puisse se tenir dans une volonté d’équilibre et dans le respect des convictions de chacun.”

Le RN pris pour cible sur l’Europe

À quelques mois des élections européennes, le Premier ministre a conclu son discours de politique générale de plus d’une heure par la thématique européenne. En s’affichant en Premier ministre pro-européen, il n’a pas hésité à s’attaquer au RN : “Ceux qui prônent la fin de l’application des traités sont les partisans d’un Frexit déguisé, qui affaiblirait la France.” Il a insisté : “Qui, ici, étaient les premiers soutiens du Brexit ? Qui, ici, a baptisé, dans les villes qu’il dirige, des ‘rues du Brexit’ ? Qui, ici, s’est affiché ouvertement avec le leader du camp du Brexit ? C’est le Rassemblement national !” Pour finir, Gabriel Attal a évoqué ouvertement son homosexualité : “Être français en 2024, c’est – dans un pays qui, il y a 10 ans seulement, se déchirait autour du mariage pour tous – pouvoir être Premier ministre en assumant son homosexualité.” 

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