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Phyllis Byam Shand Allfrey est aujourd’hui peu connue des Dominicains, malgré son rôle de pionnière dans la réforme sociale en Dominique. Je soutiens qu’elle devrait être considérée comme une héroïne nationale. À l’approche de 2025, face à l’effondrement de la société civile et de la démocratie en Dominique, nous devrions nous souvenir de son héritage.
Née le 24 octobre 1908 et décédée le 4 février 1986, Allfrey a marqué de son empreinte le paysage social et politique de la Dominique. Elle a consacré sa vie à la justice sociale, la protection de l’environnement et l’amélioration des conditions de vie des marginalisés. Issue d’une société aux prises avec les héritages coloniaux, Allfrey est devenue une voix de conscience, plaidant avec passion pour les droits des travailleurs, l’avancement éducatif et le développement durable.
En tant que Dominicaine blanche, Allfrey a fondé le Parti travailliste de la Dominique avec le maçon Emmanuel Christopher Loblack. Dans sa jeunesse, elle était associée à l’aile gauche du Parti travailliste britannique et soutenait la mobilisation des forces socialistes en faveur de la République espagnole, alors en lutte contre les insurgés fascistes de Franco, soutenus par Mussolini et Hitler. Elle écrivait pour le magazine britannique Tribune et était amie de la petite communauté antillaise à Londres, où elle avait émigré dans les années 1930. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle organisait souvent des rassemblements sociaux chez elle pour les recrues de la Royal Air Force des Antilles britanniques.
Après la guerre, Allfrey est retournée en Dominique, choquée par la pauvreté qu’elle y a constatée. Elle a cherché à éradiquer cette pauvreté à travers des réformes socialistes inspirées du Parti travailliste britannique et des syndicats. Ses idées radicales lui ont valu les critiques de l’Église catholique et de la classe supérieure coloniale, qui la considérait comme une “communiste” et une femme ingrate ayant renié ses racines aristocratiques blanches. Dans une société dominicaine marquée par une stricte hiérarchie raciale et sociale, Allfrey a surpris l’élite en s’associant avec des travailleurs noirs modestes tels que son allié Emmanuel Christopher Loblack.
Sa carrière politique a été marquée par un engagement envers les droits du travail et le bien-être social. En tant que Ministre du Travail et du Bien-être social pour le gouvernement fédéral des Antilles britanniques de 1958 à 1962, elle a initié des réformes visant à améliorer les conditions socio-économiques des travailleurs dominicains. Ses efforts pour établir l’Aile technique de la Dominique en 1961 témoignaient de sa conviction que la formation professionnelle était un vecteur d’autonomisation économique et de mobilité sociale.
Allfrey était également une fervente défenseuse de l’environnement dominicain. Consciente du lien entre nature et bien-être des populations, elle a soutenu des politiques de protection des écosystèmes uniques de l’île, croyant que la gestion durable des ressources naturelles était essentielle pour les générations présentes et futures.
Son activisme était centré sur une dévotion inébranlable à l’éducation. Allfrey visitait fréquemment la Bibliothèque publique de Roseau, servant de mentor et d’encouragement pour les jeunes Dominicains. Elle comprenait le pouvoir transformateur de la lecture et de l’éducation, incitant les enfants à explorer le monde des livres avec chaleur et gentillesse. Dans les années 1970, elle se déplaçait à Roseau dans un petit véhicule appelé Mini-Moke, souvent accompagnée de deux garçons kalinago qu’elle avait adoptés.
Allfrey a également contribué à la littérature avec son roman “The Orchid House”, écrit en 1953, qui offre un commentaire poignant sur les complexités de la société caribéenne.
À travers son travail, Allfrey a illustré le pouvoir d’un leadership compatissant, luttant inlassablement pour la cause des travailleurs et agriculteurs dominicains. Son héritage témoigne de l’impact d’un leadership dédié et empathique dans la construction d’une société juste et équitable.
Son exemple continue d’inspirer les générations de Dominicains à poursuivre un avenir où l’égalité, l’éducation, la bonne gouvernance, la démocratie et la durabilité sont prioritaires. En nous remémorant son œuvre, nous sommes appelés à imiter sa dévotion et à réaliser les rêves qu’elle avait pour notre île bien-aimée.