Au comité de pilotage Chlordécone on a appris que les services de l’État ont réalisé 2 338 contrôles sur les produits agricoles et de la mer et que plus de 97% des contrôles sont conformes. Cela est rassurant.

  • Par ailleurs le préfet s’est dit-il engagé, au nom de l’État, « pour protéger la santé des populations, tendre vers le « zéro chlordécone » dans l’alimentation et prendre en charge les impacts de cette pollution ». Pourquoi à priori en douter, même si la vigilance s’impose…
  • Pour pratiquer la transparence, la synthèse des connaissances scientifiques (élaborée par le comité de pilotage scientifique national (CPSN) chlordécone) est mise en ligne sur le site : chlordecone-infos.fr
  • 14 vidéos réalisées par le Carbet des sciences – « Sa sé Matinitjé-a lé sav », sont visibles sur sa chaîne YouTube, révèlent que 6 projets de recherche sont en cours (dont 5 sur la dépollution des sols et 1 sur l’impact sur la fertilité féminine).
  • 5,53 millions d’euros ont été débloqués par l’Agence nationale de la recherche, en partenariat avec la Région Guadeloupe et la Collectivité territoriale de Martinique pour financer ces travaux.
  • Tout aussi important, le point des travaux de l’Anses publiés début décembre 2022, sur les risques liés à l’exposition révèle que 25% de la population adulte en Martinique dépasse la valeur toxicologique de référence (VTR) chronique interne, basée sur la concentration de chlordécone dans le sang, appelée chlordéconémie. Précision faite que « Pour cette partie de la population surexposée, le risque sanitaire ne peut être écarté et les mesures de réduction de l’exposition doivent être renforcées », ont dû admettre les services de l’État.

Toutefois il est conclu, à la suite de ces travaux, que ces risques peuvent être fortement réduits en respectant l’ensemble des recommandations de consommation de certains aliments issus de circuits informels (produits de la pêche en mer, en rivière, légumes racines issus des jardins familiaux en zone contaminée…)

Les révélations scientifiques les plus récentes démontreraient que le chlordécone s’éliminerait naturellement de l’organisme lorsque la source d’exposition est stoppée, avec une division par deux du taux de chlordécone en 6 mois. Ce qui change totalement la donne…

  • A été créé un nouveau site Internet portant sur le Programme JAFA (jafamatinik.mq) prodiguant des conseils pour réduire l’exposition alimentaire et faire procéder à l’analyse gratuite de sols, proposant des ateliers chlordéconémie, jardinage ou nutrition. Un contact téléphonique gratuit, 0596 50 33 44, est mis à la disposition des personnes intéressées.

La chlordéconémie est gratuite pour tous. En 2022, 6 648 personnes en ont bénéficié, soit au total 10 350 personnes depuis le lancement du dispositif.

Par ailleurs L’ARS a institué un accompagnement pour les personnes surexposées, ayant une chlordéconémie supérieure à 0,4 microgramme par litre de plasma. Elles sont suivies par un professionnel de santé. Après 9 mois, une nouvelle chlordéconémie est recommandée.

  • Les services de l’État comptabilisent 2 338 contrôles sur les produits agricoles et de la mer, révélant que plus de 97% des contrôles sont conformes et 64% ne montrent aucune trace de chlordécone.
  • Encore plus rassurant,100% des contrôles effectués dans l’eau du robinet seraient en conformité avec les normes requises. Faits entre 2019 et 2022 par l’ARS sur 226 prélèvements d’eau au robinet des particuliers sur 116 points de prélèvement répartis sur territoire pour rechercher 320 molécules phytosanitaires. Or, 93% des échantillons ne présenteraient aucune trace de pesticide et 7% porteraient des traces ponctuelles de pesticides à la limite de détection, dont la chlordécone.

En Martinique, une trentaine de dossiers ont été adressés au « Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides dont la chlordécone », 25 victimes ont prises en compte pour recevoir indemnisation.

Les associations France Assos Santé Martinique et Phyto victimes ont pour objet d’aider les victimes dans leurs démarches de demande d’indemnisation. Le contact : martinique@phyto-victimes.fr.

Il y a lieu d’espérer que tous ces dispositifs mis en place perdurent pour la sauvegarde de notre population. Espérons…

Gérard Dorwling-Carter.


Chez l’Homme, la toxicité du chlordécone a été révélée, suite à l’empoissonnement des employés d’une usine fabriquant le pesticide à Hopewell (Virginie, États-Unis), causant des atteintes neurologiques (tremblements des membres, incoordination motrice, troubles de l’humeur, de l’élocution et de la mémoire récente, mouvements anarchiques des globes oculaires…), atteintes testiculaires (diminution du nombre et de la mobilité des spermatozoïdes) et une hépatomégalie fonctionnelle regroupées sous le terme de Syndrome du Képone.  La survenue et la sévérité des troubles ont été retrouvées corrélées positivement à la concentration plasmatique en chlordécone, permettant ainsi d’établir un seuil pour la manifestation d’un signe ou d’un symptôme clinique de l’ordre de 1 mg par litre de sang. Au fil des années, ces troubles se sont avérés en grande partie réversibles après l’arrêt de l’exposition et en lien avec la diminution des concentrations de chlordécone dans le sang. Dans ces circonstances d’arrêt définitif de l’exposition, la demi-vie du chlordécone dans le sang a été estimée entre 120 et 160 jours.

C’est donc dire, sans minimiser l’aspect catastrophique de cette affaire du chlordécone, que des politiques publiques adaptées à la gravité de la situation, et une éducation de la population pourront atténuer le syndrome causé par ce maudit organochloré appelé Chlordécone.


 

 

 

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