Rédaction.
En 2025, Haïti demeure dans une situation extrêmement précaire, marquée par une instabilité politique chronique, une violence grandissante des gangs et une grave crise humanitaire. Le pays se débat dans une conjoncture complexe où les enjeux sécuritaires, économiques et institutionnels se nourrissent mutuellement.
La transition
Depuis juin 2024, un gouvernement de transition a été instauré avec la mise en place d’un Conseil présidentiel composé de neuf membres, chargé de préparer des élections générales prévues en février 2026. Malgré ces efforts, la violence des gangs continue de sévir, en particulier à Port-au-Prince, où près de 80 % de la ville était sous leur contrôle entre mars et mai 2024. Cette insécurité généralisée a provoqué le déplacement de plus de 700 000 personnes, transformant la capitale en une zone de non-droit où la vie quotidienne est profondément perturbée.
L’économie moribonde
Sur le plan économique, Haïti connaît une contraction pour la cinquième année consécutive, avec une baisse de 1,9 % enregistrée en 2023 et des prévisions pessimistes de -4,0 % pour 2024. Bien que le FMI anticipe un léger redressement avec une croissance de 1,0 % en 2025, la pauvreté continue de s’aggraver. Aujourd’hui, 5,4 millions d’Haïtiens vivent en situation d’insécurité alimentaire et l’espérance de vie reste l’une des plus faibles au monde, à seulement 63,7 ans.
L’environnement économique est préoccupant. Outre la contraction persistante et l’inflation élevée due à la hausse des prix alimentaires, Haïti souffre de faibles recettes fiscales, représentant à peine 5 % du PIB, et d’un déficit commercial aggravé par la baisse des exportations, notamment dans le secteur textile. Les micro, petites et moyennes entreprises, qui constituent 90 % du tissu entrepreneurial haïtien, peinent à survivre dans ce contexte d’instabilité et de vulnérabilité face aux catastrophes naturelles.
Un État à vau-l’eau
Les racines de cette instabilité politique sont multiples et profondément enracinées dans l’histoire et la structure socio-économique du pays. La lutte permanente pour le pouvoir, souvent perçue comme la principale source d’enrichissement dans un pays marqué par la pauvreté, s’accompagne d’une impunité généralisée et d’institutions étatiques fragiles incapables d’assurer une gouvernance stable. Par ailleurs, les inégalités sociales persistantes, les tensions historiques entre différents groupes, ainsi que l’influence croissante des gangs armés et les catastrophes naturelles récurrentes, renforcent ce cercle vicieux qui complique toute tentative de rétablissement de l’ordre.
Les gangs au pouvoir
À Port-au-Prince, l’impact des gangs est particulièrement dévastateur. Le contrôle exercé par ces groupes couvre environ 80 % de la capitale et a pour effet de paralyser l’activité économique et sociale. La population vit dans une peur constante face à des violences quotidiennes — enlèvements, viols, meurtres et attaques armées — et les enfants, en particulier, se retrouvent dans une situation de vulnérabilité extrême. La perturbation des services essentiels, comme l’accès à l’eau, à l’éducation et aux soins de santé, ainsi que l’imposition de droits de passage pour se déplacer, témoignent de la gravité de cette crise.
Dans ce climat difficile, le gouvernement de transition n’a pas encore présenté de plan détaillé pour préparer les élections de 2026. Néanmoins, plusieurs objectifs semblent prioritaires : stabiliser la situation sécuritaire en luttant contre l’influence des gangs, renforcer les institutions étatiques pour organiser des scrutins crédibles et améliorer l’enregistrement des électeurs. Un soutien technique et financier de la part de la communauté internationale, ainsi que l’inspiration tirée de modèles de participation citoyenne, notamment en France, pourraient jouer un rôle déterminant dans cette transition.
Parallèlement, la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS tente de rétablir l’ordre dans un environnement marqué par la violence. En apportant un soutien opérationnel et en renforçant les capacités de la Police nationale d’Haïti, la MMAS s’efforce de réduire l’emprise des gangs armés et de créer des conditions propices à l’organisation d’élections libres et transparentes en 2026. Toutefois, avec seulement 400 forces déployées sur les 2 500 promises, un financement insuffisant et une forte résistance des groupes armés, la mission fait face à d’importants défis. Son succès dépendra d’un soutien international accru et d’un respect strict des droits humains afin de regagner la confiance de la population.
Alors qu’Haïti continue de faire face à ces défis multidimensionnels, l’urgence de rétablir la sécurité et de lancer un processus électoral crédible se fait de plus en plus ressentir. L’avenir du pays repose sur la capacité de ses institutions à surmonter ces obstacles et à instaurer une gouvernance stable, capable de promouvoir un développement économique et social durable.