Le Nouvelliste.
Six agriculteurs de la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite, dont un adolescent d’une quinzaine d’années, ont été arrêtés et exécutés par des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH), selon les dénonciations publiques de leurs proches parents qui s’adressaient, jeudi 13 février 2025, à la presse.
Louis Chadrac
Six agriculteurs de la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite, dont un adolescent d’une quinzaine d’années, ont été arrêtés et exécutés par des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH), selon les dénonciations publiques de leurs proches parents qui s’adressaient, jeudi 13 février 2025, à la presse.
Daniel Exylhomme, Jacob Dornevil, Erol Teneus, Dorméus Kelo, Louissaint Kelo et Exavier Baby, « s’occupaient de leurs plantations, le vendredi 7 février 2025. Appelés par des policiers haïtiens qui sillonnaient la zone, ils ont été arrêtés et emmenés au commissariat de la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite dans un blindé », a rapporté l’entrepreneure Margueritte Denéus, qui raconte leur exécution sommaire « peu de temps après », puisque les responsables du commissariat avaient « rappelé » aux policiers que « la garde à vue n’a pas de place pour les gens de Palmis. »
Oratrice principale de la cause, Madame Denéus, dans une brève présentation des victimes, a insisté sur le cas de l’adolescent Daniel Exylhomme, né le 6 novembre 2009 de madame Tilienne Joseph et de monsieur Tinois Exylhomme. Coresponsable des terres héritières, elle le décrit comme « un bon gestionnaire et un rude travailleur. » Cousine du jeune Exylhomme, Margueritte Denéus exige des explications de la part des autorités policières, qui, dit-elle, « font passer les pauvres paysans assassinés pour des bandits ou des alliés des bandits, la réhabilitation des victimes et des réparations judiciaires. »
« Le pire de l’histoire, c’est que ces habitants qui fuyaient la zone avaient décidé d’y retourner du fait que la PNH se vantait de récupérer Palmis et de tout mettre sous contrôle », regrette Madame Denéus. Elle se demande « comment peut-on appeler les déplacés forcés à retourner chez eux si on les associe aux gangs n’importe comment ? ». « Si la police arrête, ce n’est pas pour exécuter, mais c’est pour remettre à la justice à des fins judiciaires », croit savoir Madame Denéus.
Sur la même lancée, Jean René Dornevil, grand frère de Jacob Dornevil, a déclaré que « les pauvres agriculteurs ne disposaient même pas d’un couteau face aux armes lourdes et aux blindés des policiers qui les ont maîtrisé en quelques secondes. » Informés du refus du commissariat de placer les six personnes arrêtées en garde à vue, l’ainé de la famille Dornevil atteste : « le pays est une jungle ou ceux-là mêmes qui sont placés pour faire respecter la loi sont les premiers transgresseurs de la loi. »
« Les six personnes exécutées ne sont pas des inconnus de la région. S’ils étaient interrogés, cette incroyable bévue policière serait évitée », a fait savoir M. Dornevil, qui condamne « toutes les exécutions sommaires effectuées dans la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite sans aucune forme d’attaque sérieuse contre les vrais ennemis de la population. » Il a illustré ses propos avec le martyr de l’octogénaire Wilner Chaldé, quelques jours de cela, « fusillé et mutilé sous les pneus d’un véhicule ».
Jetés dans la rivière Artibonite, « les sacrifiés du 7 février 2025 ont été tués dans un lieu public, baptisé Sou Kanal, sous les yeux de plus d’un », a relaté monsieur Jeff Alexandre qui a témoigné des qualités philanthropiques de son cadet Erol Tenéus et des frères Kelo. « Ils sont tous morts de la conception chimérique qui veut faire croire que ceux qui habitent les territoires perdus sont tous des bandits. »
Contactés par le Nouvelliste, les responsables du commissariat de la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite se montrent très réservés. Sans infirmer ou confirmer quoi que ce soit, ils nous renvoient au sommet de la hiérarchie policière. De telles dénonciations persistent dans l’opinion pendant que les gangs armés continuent de régner