C’est donc en 1163 qu’aurait débuté la construction de la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Bien des fois, elle fut très près d’être détruite ou défigurée au gré des évènements politiques ou de l’évolution des idéologies.

Ce qui m’a frappé en revisitant tout cela, c’est que, lors de sa 1ère édification, Paris comptait à peine 25 000 habitants, et ce ne serait que vers 1220 (57 ans après) qu’elle en aurait compté 50 000 !

25 000 habitants, c’est, à peu près, la population de Fort-de-France, en 1901 ! Et 50 000, en 1936 ! Comment imaginer que la «capitale» de  la Martinique, avec les moyens financiers dont la «Colonie» disposait à l’époque, aurait pu être en mesure, même toutes proportions gardées, d’une édification aussi prestigieuse ?

Ce qui précède pose donc la question de la relation entre les concrétisations de la puissance et les arrière-plans qui lui donne naissance…

Aussi curieux que cela puisse sembler, le lien est direct.

Le cas de la construction de l’édifice parisien est d’autant plus extraordinaire, que, à l’époque, les sources d’enrichissement furent totalement différentes de celles des périodes qui suivirent, notamment après la découverte des Amériques.

En effet, à partir de cette «découverte» , une partie des «plus-values», j’entends par là, cette proportion de la richesse «nationale» qui est étroitement liée à des événements extérieurs et dont la grande masse de la population, a peu de chances d’en prendre conscience, mais dont elle « profite » sans en savoir vraiment les origines…

Je ne sais pas ce qu’aurait donné la révolution de 1789, en termes « de pouvoir d’achat », comme on dit de nos jours, à la grande masse des populations, si il n’y avait eu, juste après les « épopées » napoléoniennes des « conquêtes » fructueuses qui s’ensuivirent (cf : Napoléon en Egypte, en Italie, etc.).

Peu de temps après la « révolution de 1848 », il y aura l’expédition au Mexique et les avantages que « les intérêts français » réussirent à préserver ou à accroître ».

Avant ou après celle-ci , il y eut d’autres «conquêtes » dont celle de l’Algérie, de l’Indochine, etc., toutes aussi rentables.

On connaît l’apostrophe de notre grand Victor Hugo national (Dimanche 18 mai 1879) s’exclamant à un dîner «républicain» en l’honneur de notre cher Victor Schœlcher, et j’en résume ici l’essentiel : « Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème. L’Europe le résoudra. Allez, Peuples! emparez-vous de cette terre. Prenez-la. À qui ? à personne. »

Plus près de nous, la démarche du grand Charles de Gaulle, relançant la défense d’une des pierres (précieuses) de l’empire français, celle du Vietnam… Ou entrant en compétition avec les Américains, qui n’auraient pas été dérangés si le général Henri Giraud, l’ennemi juré de Charles de Gaulle, avait pu « évincer » le promoteur de la « France libre »…

Quoiqu’il en soit, l’« Afrique » si puissamment invoquée » par le  grand Victor Hugo sera restée, et avec elle les plus-values de ses richesses, pour plusieurs décennies encore après 1945, dans la giron direct de la République française.

Nous avons peu de points de repères clairs et bien mesurés, pour apprécier ce que « l’Extra France » apporte en « pouvoir d’achat » au Français de base et en résultat concret dans son niveau de vie, même si nous ne pouvons nous faire aucune illusion sur le fait que l’essentiel de ses plus-values est allé directement dans la poche de forces économiques dominantes des années en question…

Mais, même suite à cela, il en reste assez de miettes pour compléter l’ordinaire des citoyens… C’est pourquoi on peut se demander si la crise actuelle des « Gilets jaunes » n’est pas très directement liée aux rétrécissements de « l’empire »…

Dans la période qui commence, il se peut que la donne ait changé.

Dans le sens qu’une France seule, n’est probablement pas en mesure de répondre du tac au tac aux 4 grands géants qui occupent ou occuperont le devant de la scène pour quelques bonnes décennies (USA, Chine, Inde, Russie).

En dernière analyse, c’est probablement aussi cette conscience qui sépare les protagonistes actuels de la vie politique française, avec le renforcement d’une « Grande » Europe (1), donnant à celle-ci la capacité de vivre à la mesure de son histoire millénaire…

sinon, autrement,… de survivre…

Henri PIED – 25 Avril 2019

(1) Hors découverte scientifique majeure qui accoucherait de revenus également majeurs…

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