Notre société antillaise est issue des  affres de l’esclavage, et de la colonisation, mis en place par un État qui s’est arrogé   le droit d’imposer la mort, de disposer des corps sur l’unique principe de sa souveraineté, d’asservir par la violence politique, bien au-delà de ses frontières.

De nombreux phénomènes que nous vivons actuellement et qui semblent incompréhensibles résultent  très certainement de la création aberrante et tourmentée de nos sociétés.

On trouve dans cette genèse l’explication des comportements et attitudes de certains qui actuellement sèment le trouble dans les esprits.

Comment en effet  justifier que des personnes responsables, des syndicalistes, des élus  ne s’inquiètent guère de nos centaines de morts et même pour certains s’érigent en héros d’une bataille perdue.

Comment comprendre que les scientifiques soient l’objet de pires railleries, le corps médical suspecté de propager la mort en prescrivant la vaccination.

Est-ce que ce sont les siècles de silence sur notre asservissement originel qui ont créé chez beaucoup d’entre nous, par réaction tardive, cette  quête éperdue d’apparente  liberté ? Cette affirmation désordonnée de notre existence. Une   pseudo liberté individuelle, une   illusion  de la maîtrise de chacun sur sa personne qui conduit à une violence généralisée  des rapports avec les autorités,  au sein des familles, une hargne syndicale et sociale. Cette violence que nous subissons actuellement,  cette compensation psychique narcissique des individus, poussée à l’extrême, génèrent  un processus d’implosion suicidaire du corps social, le refus de toute harmonie sociale, la rébellion stérile et permanente comme mode de vie et de pensée. En conséquence s’institue une anarchie, une libération de la force aveugle  qui se retournera à terme contre ses auteurs et l’ensemble du groupe social. Un jeune interne antillais souhaitera-t-il dorénavant rejoindre nos hôpitaux,  faire  carrière au sein de l’ARS de Guadeloupe et de Martinique? A terme la santé deviendra un secteur totalement privatisé et géré par d’autres avec un personnel trié sur le volet

(c’est-à-dire de l’extérieur), peu syndiqué, qui posera moins de problèmes.

L’exacerbation du narcissisme, la propension au sacrifice de soi tient souvent du pathos, d’une idéalisation fantasmée de soi-même. Comme on peut le voir dans ces affrontements où nos pseudo-héros ont pour arme fatale de pires insultes lancées au visage des forces de l’ordre armées, casquées et bottées…

On assiste actuellement  à l’ébrèchement de la vie sociale, au déploiement  d’une agressivité dans tous les rapports, au mépris et à l’incompréhension. Le summum ayant été atteint dans la guerre des tranchées entre pro et anti-vaccin.

Est en train de naître une société du chacun pour soi du recroquevillement pseudo identitaire.

Les manifestations contre la vaccination exprimant  l’indifférence d’un groupe qui a abandonné ses principes traditionnels de solidarité pour  une quête illusoire de liberté individuelle. Et ce, au mépris des plus faibles, des défavorisés, des porteurs de maladies, de nos vieux…

Cette exacerbation libertaire s’est emparée de pans entiers du groupe social, du monde syndical, politique …

Le droit à la vie passe en second plan, la rancœur a remplacé la quête du bonheur. Le racisme, la haine et le  ressentiment s’installent dans les esprits de manière insidieuse pendant que les familles sont décimées par le coronavirus, nos aînés, nos diabétiques éliminés dans l’indifférence.

La préservation de la vie à été remplacée par un culte éperdu du Moi. Une folie s’est emparée de nous, un sursaut salvateur est indispensable parce que la survie et la cohésion du groupe passent avant le Moi.

Notre histoire est riche d’exemples de solidarité et de bienveillance. Alors, ressaisissons-nous et , ensemble, engageons-nous pour sauver la Martinique.”

Dorothée de Reynal, Gérard Dorwling-Carter Coprésidents de Tous Créoles.

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version