Ces immeubles de treize étages font l’objet d’une attention digne d’un laboratoire de haute sécurité.

Repéré par Céline Deluzarche sur Al Jazeera

À Jiaxing, à l’est de la Chine, un immense immeuble de treize étages s’élève au-dessus des habitations. Surveillé par une armée de caméras et soumis à des contrôles d’accès draconiens, ce gigantesque complexe abrite un cheptel de 10.000 cochons.

Depuis quelques années émergent partout dans le pays ces «hôtels à cochons», à l’initiative de grands groupes industriels tels que Muyuan Foods ou New Hope.

Ce dernier vient ainsi d’achever la construction d’un complexe de trois bâtiments de cinq étages sur une surface de 140.000 mètres carrés, soit vingt terrains de football.

Cette usine géante, dont on sent les relents à plus d’un kilomètre à la ronde, affiche une capacité de production de 120.000 porcs à l’année, décrit Al Jazeera.

Vu le nombre de bêtes présentes dans le bâtiment, n’importe quel virus ou bactérie est susceptible de se propager comme une traînée de poudre. Tout est donc fait pour isoler au maximum les cochons du monde extérieur.

«Room service»

Le personnel est soumis à des protocoles sanitaires dignes d’un laboratoire de biosécurité, relate Al Jazeera, avec douche obligatoire à l’entrée et à la sortie et interdiction de porter le moindre bracelet ou montre.

Des robots surveillent la température des animaux et leur distribuent à manger plusieurs fois par jour. Un système de filtration d’air avancé et de désinfection automatique vise à éradiquer le moindre microbe. Certaines usines ont même construit des dortoirs pour les employés afin de limiter les risques de contamination venus de l’extérieur.

Si la Chine s’est convertie à ces hôtels à cochons aseptisés, c’est que la crainte de la peste porcine africaine est omniprésente dans le pays. En 2019, l’épidémie avait quasiment divisé par deux le cheptel chinois, ce qui avait entraîné une inflation record.

Les petits élevages familiaux aux piètres conditions d’hygiène avaient notamment été mis en cause, et des abattages massifs avaient été effectués. Bien que le cheptel se reconstitue à grande vitesse, l’épidémie continue de circuler: onze foyers de peste porcine ont été détectés depuis le début de l’année, selon le ministère chinois de l’Agriculture.

L’essor de ces hôtels à cochons répond également à l’urbanisation rapide, qui réduit les espaces disponibles pour l’agriculture. On peut ainsi amasser trois fois plus de porcs par unité de surface, et les effluents peuvent être utilisés pour fertiliser et irriguer les vergers environnants, vante New Hope.

La hausse de la production est un enjeu majeur pour la Chine, qui a importé un record de plus de 4,4 millions de tonnes de porc en 2020 en raison de la crise de fièvre porcine.

Même si en France on est loin de ces porcheries géantes à la chinoise, la taille des élevages ne cesse d’augmenter, souligne le ministère de l’Agriculture. Elle est ainsi passée de 220 porcs en moyenne en 2000 à 844 porcs en 2019. Les élevages de plus de 2.000 bêtes représentent désormais 65% du cheptel français

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