Bernard Stasi vient de décéder. Il faisait partie des trois jeunes loups de la majorité dénommés les 3 « S » au début des années 1970, qui, directement ou non, ont eu un rapport avec les DOM  : Olivier Stirn (RPR), Jean-Pierre Soisson (UDF) et Bernard Stasi, lui-même (Centriste). Il a été le premier à être nommé ministre, un bref ministre des DOM, en 1973. En effet, il y demeurera moins d’un an, ses idées avancées ayant déplu au gouvernement de Pierre Messmer qui avait été, lui, ministre d’Etat de l’outremer deux ans plus tôt.

Olivier Stirn, le second « S », sera plus tard, lui aussi, ministre des DOM. C’est sous l’exercice de ce dernier que les H’mongs seront introduits en Guyane. On se rappelle qu’Aimé Césaire s’y était opposé au cours de son discours à l’Assemblée nationale du 13 novembre 1975. C’est ce jour-là qu’il avait évoqué le « génocide par substitution » et jamais, comme on le laisse volontiers accroire, pour évoquer le Bumidom. Il est vrai que le chiffre de 30.000 H’mongs avait été prononcé. En réalité ils furent moins de 2000.

Aujourd’hui les H’mongs sont fêtés par la population guyanaise unanime, dont ils font désormais partie intégrante, et leur réputation dépasse les frontières du département. En effet, trente-cinq ans plus tard, leur installation en Guyane apparaît comme un succès tant par les progrès qu’ils ont apportés au développement de l’agriculture guyanaise que par la qualité des rapports noués avec la population. Avec le centre spatial de Kourou, ils font partie des facteurs allogènes du décollage de la Guyane. On aimerait bien avoir l’avis des sociologues et des politiques sur une opération qui avait été en son temps désavouée par toute la gauche.

Notons que le troisième « S », Jean-Pierre Soisson, ancien ministre de Giscard d’Estaing, fut la première grosse « prise » de la gauche après 1981. On lui a reproché de s’être fait réélire, grâce aux voix du Front national, alors qu’il était ministre de François Mitterrand, au poste de Président du conseil régional de Bourgogne. En ces temps de montée en force du parti d’extrême-droite on se rappelle que ce soutien du FN ne fut pas désavoué par le PS. N’était-ce pas, après l’accueil fait par la gauche à ce parti à l’assemblée nationale en 1986, une nouvelle pierre apportée à l’essor de ce mouvement qui conduit à ce bal des hypocrites auquel on assiste aujourd’hui ?

Homme ouvert mais non obnubilé par des postes ministériels, Bernard Stasi fut le seul des trois à ne pas se compromettre dans des ralliements politiciens de circonstance. D’où peut-être sa nomination consensuelle en qualité de médiateur de la République.

Yves-Léopold Monthieux le 04 mai 2011

 

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