Montevideo, Berne, Paris… Moscou !

Billet de banque de 100 roubles en référence à la Coupe du Monde 2018Nombre de nations revendiquent l’invention du football : les Florentins, avec le calcio, jeu traditionnel très violent, les Français avec la soule qui se jouait, là aussi avec brutalité, entre villages, mais c’est incontestablement l’Angleterre qui a vu naître le jeu, au moins sous sa forme moderne, plus civile mais ô combien populaire.

Le football est aujourd’hui à la fois une religion, une industrie et un fait politique de première importance.

Depuis sa création en 1930 par Jules Rimet, la Coupe du Monde réunit de quatre ans en quatre ans un public chaque fois plus nombreux et plus enthousiaste. La finale de 1998 est devenue un élément de l’identité française, comme celle de 1954 de l’identité allemande. Qu’en sera-t-il de celle qui se jouera le 15 juillet 2018 à Moscou ?…

Une origine obscure

Le nom apparaît à la fin du Moyen Âge et se retrouve sous la plume de Shakespeare (dans le Roi Lear, I, 4, le comte du Kent insulte l’odieux intendant en le traitant de « vil joueur de football », avant de lui faire un croc-en-jambe).

Mais c’est dans les public schools huppées et les universités que se développe, au XIXe siècle, le football que nous connaissons. Les sports sont alors un passe-temps favori de l’aristocratie mais le football, alors appelé football-association, va très vite lui échapper, contrairement à sa variante, le rugby – à l’origine on parle de football-rugby – qui reste longtemps une activité de la bonne société.

L’avance britannique

En 1857 est créé le premier club, le Sheffield Football Club. La fédération anglaise suit en 1863, sous le nom de Football Association. Elle est chargée d’unifier le règlement et organise à partir de 1871 sa coupe, puis, en 1888-1889, le premier championnat.

En 1901, la finale de la Cup, qui se déroule au centre sportif de Crystal Palace, accueille environ 110 000 spectateurs ! À celle de 1923, lors de l’inauguration de l’Empire Stadium de Wembley, se pressent 200 000 personnes. L’Angleterre n’a durant ces décennies qu’un rival, l’Écosse, contre laquelle elle dispute le 20 novembre 1872 le premier match international officiel de l’histoire (0-0).

Football et révolution industrielle

La diffusion du football suit les ingénieurs et hommes d’affaires britanniques employés dans les chantiers et ports européens, puis sud-américains. Elle passe aussi par la Suisse, où sont implantées de nombreuses écoles anglaises.

Les clubs fondés par les Britanniques expatriés s’ouvrent progressivement aux étrangers, comme Naples ou Gênes en Italie, ou Le Havre, premier club français (1872). Progressivement, ces clubs s’émancipent et se structurent au niveau national et international, sous l’impulsion notamment du Français Jules Rimet.

Convaincus de leur supériorité, les Britanniques se tiennent à distance des organisations internationales qui se mettent en place, et boycottent la FIFA en 1920 pour protester contre la réintégration de l’Allemagne et de l’Autriche, puis contre le faux amateurisme pratiqué aux Jeux Olympiques, auxquels leurs joueurs professionnels ne pouvaient participer.

La grande époque britannique se termine aux yeux du monde en 1950, lorsque l’Angleterre est vaincue à la Coupe du Monde par les États-Unis. Il y a longtemps alors que le football n’est plus une affaire de gentlemen d’Oxford ou Cambridge

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