La majorité des archéologues ne doutent plus de l’existence dupersonnage historiquede Jésus.Aufildes fouilles en TerreSainte,son portrait s’affine.Bienvenue dansunjeude pistevieuxdevingtsiècles.

DE KRISTIN ROMEY

Légende photo de Simon Norflok
Portraits de Jésus, de l’époque romaine à nos jours PREMIÈRE RANGÉE (de gauche à droite) : 1) Marie, l’Enfant Jésus et un prophète, fresque du 3e siècle, catacombes de Rome ; 2) 6e s., monastère Sainte-Catherine, péninsule du Sinaï, Égypte ; 3) 6e s., basilique des Saints Côme et Damien, Rome ; 4) 13e s., Moscou. DEUXIÈME RANGÉE : 5) 14e siècle, musée épiscopal de Vic, Barcelone ; 6) 15e s., détail de La Cène, de Léonard de Vinci, église Sainte-Marie-des-Grâces, Milan ; 7) non attribué ; 8) 15e – 16e s., d’après Fra Bartolomeo. TROISIÈME RANGÉE : 9) 16e siècle, d’Andrea Previtali, pinacothèque de Brera, Milan ; 10) 16e s., attribué à Tullio Lombardo, Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas ; 11) 16e s., de Lucas Cranach l’Ancien, collection privée ; 12) 16e s., de Cima da Conegliano, National Gallery, Londres. QUATRIÈME RANGÉE : 13) non attribué ; 14) 16e s., de Ludovico Cardi (dit Le Cigoli), Metropolitan Museum of Art, New York ; 15) non attribué ; 16) 17e s., de Rembrandt, Gemäldegalerie, musées d’État de Berlin. CINQUIÈME RANGÉE : 17) École byzantine, Église du Saint-Sépulcre, Jérusalem ; 18) non attribué ; 19) non attribué. SIXIÈME RANGÉE : 20) 20e siècle, de Gustave van de Woestijne, musée des Beaux-Arts de Gand, Belgique ; 21) mosaïque japonaise, basilique de l’Annonciation, Nazareth ; 22) 21e s., image numérique conçue par Richard Neave à partir de l’étude du crâne d’un homme juif du 1er siècle.

Le bureau d’Eugenio Alliata à Jérusalem évoque n’importe quelle officine d’archéologue qui préfère le travail de terrain. Sur les étagères surchargées, des relevés de fouilles côtoient des mètres rubans et d’autres outils. Rien de bien différent des bureaux de tous les archéologues que j’ai pu rencontrer au Moyen-Orient, à deux détails près : Alliata porte l’habit couleur chocolat des franciscains, et son quartier général se trouve dans le monastère de la Flagellation. Selon la tradition de l’Église, le monastère fut bâti à l’endroit même où Jésus-Christ, condamné à mort, fut flagellé par les soldats romains et couronné d’épines.

La « tradition» : voilà un mot que l’on entend beaucoup dans cette partie du monde. Ici, des multitudes de touristes et de pèlerins sont attirés par les dizaines de sites qui, tradition oblige, sont considérés comme des étapes de la vie du Christ, de son lieu de naissance, à Bethléem, à celui de sa mort, à Jérusalem.

Selon l’Évangile de Jean, Jésus guérit un paralytique dans la piscine de Bethesda, à Jérusalem, un bassin à cinq portiques réservé aux bains rituels. Beaucoup de spécialistes doutaient de la réalité du lieu, jusqu’au jour où des archéologues en ont découvert des preuves évidentes, dissimulées sous les ruines de ces églises vieilles de plusieurs siècles.

L’archéologue devenue journaliste que je suis le sait : des cultures entières sont nées et mortes presque sans laisser de traces. Aussi, fouiller d’antiques paysages en quête de tessons de poterie qui éclaireraient la vie d’un seul personnage semble aussi vain que la chasse aux fantômes.

Au monastère de la Flagellation, le frère Alliata accueille chacune de mes visites et de mes questions avec patience et perplexité. Professeur d’archéologie chrétienne et directeur du Studium Biblicum Franciscanum, il participe à un projet franciscain vieux de sept siècles, consistant à entretenir et à protéger les anciens sites religieux de Terre sainte – et, depuis le 19e siècle, à en dresser des relevés scientifiques.

Le frère Alliata ne semble pas préoccupé par ce que l’archéologie peut, ou ne peut pas, révéler sur la figure centrale du christianisme : « Il serait très étonnant, voire étrange, de trouver des preuves archéologiques de l’existence de quelqu’un qui aurait vécu il y a 2000 ans. Cela dit, on ne peut pas nier que Jésus a laissé une trace dans l’histoire. »

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