À propos de l’auteur

Omar Hilale

Omar Hilale est Représentant permanent du Maroc auprès des Nations Unies et Président du Comité de l’information de l’Assemblée générale (2019-2021).

Le violent choc épidémiologique de la COVID-19, qui a pris de court tous les pays sans distinction aucune, restera un évènement majeur du XXIème siècle. Il a mis à nu l’impréparation de la communauté internationale dans ses différentes composantes étatique, onusienne et autres. Son impact a été sans précèdent au niveau politique et socio-économique pour les pays et également systémique et managériale pour les Nations Unies et ses agences.

Les ondes tectoniques de cette pandémie ont suscité des réactions globales, bien que parfois non coordonnées, et un sursaut du système multilatéral mondial. La réponse de l’ONU a été globale, à travers ses organes principaux et ses agences spécialisées. Ils ont assuré la continuité de leurs activités et la mise en œuvre de leurs mandats respectifs en adaptant leurs méthodes de travail au confinement et à la distanciation sociale. Elles ont adopté des résolutions pour faciliter la coordination de la réponse internationale à la COVID-19. Démontrant ainsi leur engagement résolu en faveur du multilatéralisme, même dans une conjoncture extraordinaire.

Pour sa part, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a fait preuve de leadership, s’activant dès les premiers jours à mobiliser la communauté internationale, pour combattre efficacement cette pandémie.

C’est dans ce contexte que s’inscrivent ses appels successifs, notamment à un cessez-le-feu immédiat et global, à mettre fin à la violence sexiste et domestique, à protéger les enfants, à faire face aux changements climatiques, à alléger la dette, à lutter contre la propagation du discours de haine, et plus récemment, à protéger les personnes déplacées. Ses initiatives ont suscité une prise de conscience universelle sur l’importance de renforcer et mutualiser les efforts afin de réduire les conséquences de cette crise sanitaire.

Le Maroc s’enorgueillie d’avoir été en phase avec ces appels, notamment en organisant le 12 mai 2020 une Conférence de haut niveau réunissant des représentants des religions chrétiennes, juives et musulmanes, sur le rôle des leaders religieux dans la lutte contre les multiples défis de la COVID-19, y compris dans la lutte contre les discours haineux.

Parallèlement, l’Organisation mondiale de la Santé a continué d’orienter les programmes de recherche, définir les normes et standards, fournir un support technique et d’assurer le suivi de la situation sanitaire. Le Programme des Nations Unies pour le développement, en appui au nouveau système du coordonnateur résident, a pour sa part mis en place une stratégie de réponse globale intégrée, se basant sur le triptyque « préparation, riposte et relèvement ». Les fonds et agences des Nations Unies, les Institutions de Bretton Woods ainsi que les organisations régionales et sous régionales ont toutes pris des mesures urgentes et ciblées pour contrer cette pandémie.

La pandémie sera inéluctablement vaincue alors que les changements climatiques demeurent la plus grande menace planétaire du XXIème siècle.

Le récent Sommet de l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination, qui s’est tenu à Londres le 4 juin 2020, illustre parfaitement l’efficience et la pertinence de l’action collective et multilatérale dans la lutte contre cette pandémie. Il a été couronné par la promesse de 8.8 milliards de dollars pour soutenir la recherche d’un vaccin contre le coronavirus, qui sera à la disposition de tous les pays du monde. L’urgence sanitaire a constitué un facteur d’appel pour l’urgence écologique, en termes d’obligations des Etats à l’égard de l’Accord de Paris de 2015 et du Sommet Action Climat 2019. Ainsi, la crise de la COVID-19 a conforté les pays dans leurs initiatives et leurs coalitions pour la transition énergétique et la diversification de l’approvisionnement en sources d’énergie, en investissant dans les énergies renouvelables. La pandémie sera inéluctablement vaincue alors que les changements climatiques demeurent la plus grande menace planétaire du XXIème siècle.

Alors que la crise sanitaire accapare l’attention mondiale, elle a également exacerbé les tensions préexistantes dans les zones de conflit, et ce malgré l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu global. Certains groupes armés ont mis à profit le climat actuel pour contrôler de nouveaux territoires et multiplier leurs attaques contre les civils, les hôpitaux, les écoles et les infrastructures économiques.

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Le Président du Comité de l’information, M. Omar Hilale, du Maroc, lors de l’ouverture de la 41e session du Comité, le 29 avril 2019. Photo ONU/Loey Felipe Le Président du Comité de l’information, M. Omar Hilale, du Maroc, lors de l’ouverture de la 41e session du Comité, le 29 avril 2019. Photo ONU/Loey Felipe

Faisant face à ce double front, les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ont apporté un soutien essentiel dans la lutte contre la COVID-19 aux pays dans lesquelles elles sont déployées, tout en maintenant autant que possible la mise en œuvre de leurs mandats, en prenant très tôt une série de mesures préventives.

Dans ce contexte, les Nations Unies ainsi que les partenaires institutionnels internationaux et privés ont vu juste en accordant une attention particulière aux pays les plus vulnérables sur le continent africain, qui malgré la formidable résilience dont il a fait preuve jusqu’à présent, ne possède pas d’infrastructures sanitaires qui lui permettent de lutter efficacement contre cette pandémie.

Retenant les leçons passées, notamment la crise de l’Ebola qui avait affecté l’Afrique de l’Ouest en 2014, le Maroc a acheminé des millions de masques et du matériel médical à plusieurs pays africains amis. Bien plus, Sa Majesté Le Roi Mohammed VI a proposé un cadre opérationnel de coopération entre  États africains, appuyée par plusieurs de ses pairs.

Certains analystes rêvent déjà d’une refonte de l’architecture mondiale. D’autres, déclarant l’obsolescence des Institutions de Bretton Woods et augurant de l’avènement d’un nouvel ordre international post-COVID.

Par ailleurs, la désinformation a été une facette toxique de la pandémie. Le Secrétaire général des Nations Unies a alerté sur cette « misinfo-demic spreading », synonyme de comparaison de la désinformation au coronavirus lui-même.

Conscient de ce danger, le Maroc, en sa qualité de Président du Comité de l’information, a soutenu fermement les actions prises par le Département de la communication globale de l’ONU, qui a redoublé d’efforts durant cette crise. La création du label « Verified » illustre parfaitement l’importance de l’action onusienne en matière de diffusion d’information fiable.

Cette pandémie est autant une catastrophe qu’une chance. Elle représente un miroir grandissant les dysfonctionnements des relations internationales et en même temps de la centralité des Nations Unies.

Certains analystes rêvent déjà d’une refonte de l’architecture mondiale. D’autres, déclarant l’obsolescence des Institutions de Bretton Woods et augurant de l’avènement d’un nouvel ordre international post-COVID. Certes, la pandémie et ses conséquences multidimensionnelles invitent résolument à un questionnement légitime et existentiel sur la gouvernance mondiale. Les oracles d’une démondialisation seront certainement déçus. La déflagration de la géopolitique actuelle perdurera encore pour quelques temps et le monde multipolaire d’aujourd’hui sera encore celui de demain.

Alors que l’Organisation des Nations Unies célèbre son 75ème anniversaire, il serait injuste de réduire son bilan au blocage du Conseil de sécurité. Les réalisations de l’Organisation dans ses trois piliers, développement, paix et sécurité et droits de l’homme sont incontestables. Leur impact sur la vie quotidienne des citoyens du monde est sans conteste concret et éloquent.

Aussi, la célébration de ce 75ème anniversaire devra être l’occasion de renforcer notre attachement collectif aux valeurs et principes du multilatéralisme, et de réaffirmer notre engagement infaillible à agir avec unité et solidarité. Ce sera également l’occasion d’engager une réflexion concertée en vue d’adopter une vision à long terme. A cet effet, le système multilatéral mondial, malgré ses faiblesses, demeure notre unique option et les Nations Unies notre meilleur espoir pour relever les défis présents et futurs de l’humanité.

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