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NOVETHIC  Et si le CAC40, fleuron boursier, était valorisé sur le prix de sa contribution au changement climatique ? C’est l’idée du cabinet Axylia qui vient de dévoiler son Indice Vérité40. Son CAC40 classe les entreprises en fonction de leur capacité à payer ce qu’il appelle la facture carbone, soit la traduction, en euros, de l’impact environnemental des entreprises. Or aujourd’hui, moins de la moitié des grandes entreprises françaises du CAC40 est en capacité de la payer. 

Le CAC40 représente le fleuron de l’économie française. Une baisse de cet indice boursier est perçue comme une dégradation de la santé économique de l’Hexagone, stipule même Bercy sur son site. Mais à l’heure du réchauffement climatique, cet indice, créé en 1987, ne reflète que la partie financière de l’économie. “Les indices actuels s’appuient sur la capitalisation boursière mais ne reflètent pas les impacts environnementaux des entreprises”, explique Axylia, spécialiste de la finance responsable.

Le cabinet vient ainsi de dévoiler son Indice Vérité 40. Exit Alstom, Total, Kering, BNP Paribas, Engie… Le CAC40 version climat change de visage. Concrètement, le cabinet détermine le niveau d’émissions de CO2 de l’entreprise et calcule combien ces émissions lui coûteraient pour un prix de la tonne de carbone fixé à 108 euros (préconisation du GIEC). Les émissions directes, indirectes mais aussi celles émises par l’usage des produits vendus par l’entreprise sont prises en compte. Elle déduit ensuite ce coût des résultats d’exploitation de l’entreprise et estime sa valeur boursière pour constituer son indice. Selon les calculs du cabinet, moins de la moitié des grands groupes côtés français ont ainsi les moyens de s’acquitter de leur facture carbone.

Les performances boursirco-climatiques de Danone sont excellentes

“Les bénéfices avant impôt de Total ne sont pas proportionnels à sa facture carbone”, explique le président et fondateur d’Axylia, Vincent Auriac. Ubisoft, Eiffage, Euronext ou Icade font ainsi leur entrée dans ce nouvel indice Vérité40. Les 40 premières entreprises sont notées sur une échelle de A à F en fonction de l’exposition au risque carbone des entreprises. Sur son podium on retrouve des entreprises florissantes qui ont les moyens de payer leur facture avec dans l’ordre LVMH, Sanofi et L’Oréal.

L’exemple de Danone est intéressant. En raison d’une baisse de ses performances boursières, le groupe, première entreprise à mission du CAC40, s’est séparé de son illustre PDG, Emmanuel Faber après avoir été la cible de fonds activistes actionnaires. Or, le cabinet Axylia a calculé que, depuis la nomination d’Emmanuel Faber à la tête du groupe, la valeur de l’action ajustée au prix du carbone a en réalité progressé de 48 % en trois ans.”Si on ne regarde pas seulement les indicateurs classiques, si on élargit notre champ de vision, on se rend compte que les efforts générés par une stratégie orientée sur la transition durable sont payants”, estime Vincent Auriac.

Le chemin est encore long

La méthodologie d’Axylia est une possibilité d’analyse de l’impact climatique du CAC 40. L’ONG Oxfam a de son côté publié un rapport sur la trajectoire de réchauffement climatique des entreprises du CAC 40, dans lequel elle prend en compte l’empreinte carbone (les émissions générées par l’entreprise), mais aussi l’intensité carbone des entreprises (la quantité de CO2 générée par chaque euro de chiffre d’affaires), ainsi que la stratégie future de l’entreprise sur la réduction de ses émissions.

Objet de toutes les attentions, le CAC 40 a aussi sa déclinaison ESG (environnemental, social et de gouvernement) lancée par Euronext le 22 mars qui pour le climat a prévu une exclusion charbon. En revanche pas de facture carbone ou de calcul de l’empreinte des entreprises sélectionnées. Le cabinet Axylia regrette que l’urgence climatique ne soit pas au premier plan : “Celui qui doit nous occuper le plus, c’est le climat”, défend Vincent Auriac, “Si on ne le fait pas, il n’y aura pas de S ni de G”.

Si la multiplication de ces indices alternatifs est une bonne nouvelle, elle se fait en parallèle des indices traditionnels, regrette Lucie Pinson, à la tête de l’ONG Reclaim Finance. “On développe une petite finance durable sans toucher à LA finance”, déplore-t-elle. “Il faudrait que les indices benchmark standard intègrent ces impacts”.

Marina Fabre, @fabre_marina

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