Le déconfinement ou le retour à l’anormal

Par Sylvain Garraud, naturopathe

Réseau PureSanté,

Le déconfinement est amorcé et le retour à la normale est programmé[1].

Mais de quelle normalité parle-t-on, celle qui conduit au désastre écologique et ouvre la voie à des pandémies mettant en péril nos sociétés, accentuant les inégalités et dévoilant sans ambages la faiblesse de nos dirigeants[2] ?

Il serait vain de croire que nous sortirons indemne de cette crise planétaire.

Les premiers clients de mon cabinet témoignent de cet état de fait. Ils sont désemparés de cette frénésie d’un retour à l’ordre… qui ne sème que le désordre.

Après la crise du Covid-19, bienvenue à la crise existentielle, juste légitime en regard de la crise environnementale que nous avons créée[3].

Il ne s’agit plus, dès lors, de prendre vitamine C ou des œufs au petit-déjeuner. Cette crise planétaire doit nous amener à revoir en profondeur nos choix de vie pour vivre en cohérence, enfin, avec notre Terre.

Eco-ronavirus

Y a-t-il une analogie entre le développement du coronavirus et le choc climatique ?

Autant pour l’un que pour l’autre, les scénarios de crises étaient prévus de longue date[4].

Autant pour l’un que pour l’autre, nous laissons les fléaux s’abattre sur nos sociétés anesthésiées par la théorie de la croissance économique. Nous réagissons dans l’urgence avec des mesures d’un autre temps et peut-être avec d’autres qui anéantiront un peu plus nos libertés individuelles[5].

Nous avons construit un réseau de propagation virale extrêmement efficace par nos incessantes exploitations de terres, la concentration animale et humaine via une agriculture et une urbanisation intensive et un réseau de transports et déplacements des personnes et de la matière sans limites[6].

Le coronavirus, un incendie de forêt

Du coronavirus aux sécheresses à répétition[7], les alertes se multiplient mais il existe une différence fondamentale entre une molécule de CO 2 et un virus… qui sont pourtant aussi invisibles l’une que l’autre.

La première s’accumule en permanence dans l’atmosphère et conduit à des dégâts indirects irréversibles[8]. La deuxième suit une courbe en croissance/décroissance[9], nous touche directement et s’en ira probablement comme l’histoire nous l’a démontré.

De cette crise permanente à cette crise temporaire, le coronavirus apparaît comme un violent incendie qui ne fera qu’ajouter quelques cendres à l’immense feu latent du changement climatique.

Vive le Big Mac !

Malgré l’alerte corona, qui n’est qu’une des manifestations du choc climatique, les premières heures du déconfinement ont vite nimbé les espoirs des partisans d’un nouveau monde.

Le Big Mac est et restera roi[10] et le ciel se voilera de nouveau de ses guirlandes carbonées[11]. La planification écologique attendra le prochain coup de semonce.

Pour autant, mes premières consultations sont sans équivoque sur l’angoisse de ce retour à la normale amorcée. Les personnes reviennent à leur agenda surchargé avec encore moins de convictions et sentent de plus en plus l’incohérence de leur mode de vie.

Le stress chronique, inversement proportionnel à la qualité de l’air qui nous a fait redécouvrir les beautés du Mont Blanc[12], recommence son travail d’autodestruction jusqu’à ce que nous comprenions, souvent par la maladie, que nous devons changer.

Changez vos habitudes dans la douceur

  • 1. Parlez, communiquez à votre entourage, dites-leur que vous ne souhaitez plus recommencer comme avant, avec ces semaines qui usent le temps comme un vulgaire objet de consommation. Échangez avec votre partenaire, votre famille pour envisager des réaménagements dans votre vie dans la mesure du possible.
  • 2. Communiquez avec vos collègues, dites-leur que vous ne pouvez plus revenir comme avant en adoptant de nouveaux temps et outils de travail.
  • 3. Ne cherchez pas à tout remettre en cause en visant la situation idéale, qui ne peut générer que frustration, découragement ou désillusion. Fixez-vous en premier lieu des buts faciles et réalistes.

C’est à chacun de prendre conscience de ce qu’il peut faire individuellement et collectivement. Il est aussi nécessaire d’accepter le monde comme il est, dans sa souffrance, comme nous devons accepter les autres comme ils sont.

Retrouvez le lien avec la nature[13]

Une des conditions de cette transformation sera de réapprendre à faire connaissance avec la nature[14].

La pratique des expériences en nature nous offre un authentique moyen de guérison et de prévention de la santé de l’esprit, du corps et de l’âme[15].

Le défi écologique ne peut se relever sans l’amour du vivant.

Ma prescription : 2 x 90 minutes en forêt par semaine avec respiration profonde. Laissez venir ces images cérébrales et chassez-les une à une sans vous arrêter sur aucune.

Mangez flexitarien

Si vous pensez que nos petites actions personnelles sont vaines… L’alimentation pèse lourd dans notre empreinte écologique avec plus d’un ¼ de tous les biens de consommation[16].

La surconsommation de viande représente une part importante de cette empreinte écologique. Une assiette avec un steak, c’est trois fois plus de CO 2 qu’un poulet ou un poisson et 9 fois plus qu’un plat végétarien[17].

Le régime flexitarien est une bonne alternative. Nous respectons les engagements internationaux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, tout en valorisant la qualité nutritionnelle de notre assiette[18].

De plus, une étude INCA 3 de l’ANSES[19] a déterminé que l’adoption de ce régime fait baisser le coût moyen de notre panier d’un cinquième.

Ma prescription : une alimentation biologique, locale et vivante avec deux fois de la viande locale et biologique par semaine.

À vous d’agir…

Ce virus laissera des traces dans notre histoire. Il nous fait entrer véritablement dans le XXIe siècle et dans l’ère des conséquences de l’humanité[20].

Cette maladie de l’anthropocène, envoyée du vivant[21], nous impactera tous.

Passez l’onde de choc de la peur, on ne peut plus croire que ce monde sera comme avant. Chaque maladie est une épreuve individuelle, le coronavirus est probablement une épreuve collective à accepter, à surmonter et surtout un appel sérieux à agir.I

Sources :

[1]. Francois Villeroy de Galhau, 19 avril 2020, le journal du dimanche, gouverneur de la banque de France

[2]. Urgence sanitaire, réponse sécuritaire. Tréguer Félix. Le monde diplomatique, avril 2020.

[3]. www.youtube.com/watch?v=4MqArCjrkmI

[4]. Jones, K. E. et al., « Global trends in emerging infectious diseases », Nature 451, 990–993, 2008.

[5]. Kempf Raphaël, « Et le gouvernement décida de confiner les libertés », Le monde diplomatique, Mai 2020.

[6]. Philippe Descamps, Thierry Lebel, « Un avant-goût du choc climatique », Le monde diplomatique, Mai 2020.

[7]. www.rts.ch/info/suisse/11241056–il-est-trop-tot-pour-predire-si-la-suisse-connaitra-une-secheresse-extreme-.html

[8]. www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2019/09/sroc-press-release-fr.pdf

[9]. Avec probablement quelques rebonds

[10]. www.rts.ch/info/monde/11292374-le-hamburger-frites-madeleine-de-proust-de-la-liberte-pre-confinement.html

[11]. www.rts.ch/info/suisse/11301083-le-parlement-vote-une-aide-a-l-aviation-sans-contrepartie-environnementale.html

[12]. https://groupe-ecomedia.com/covid-19-pollution-quand-le-malheur-des-uns-fait-le-bonheur-des-autres/

[13]. www.sylvain-garraud.ch/2020/03/22/oserez-vous-avoir-une-relation-intime-avec-la-nature/

[14]. Clayton et al., « Transformation of experience : Toward a new relationship with Nature », Conservation Letters, vol.10. pp. 645–651, 2017.

[15]. Berger, « Nature Therapy: Incorporating Nature Into Arts Therapy », Journal of Humanistic Psychology, 2017

[16]. Office fédéral de l’environnement (OFEV), Suisse

[17]. www.eco2initiative.com/single-post/2016/05/26/En-connaissant-le-contenu-de-notre-assiette-nous-pouvons-b%C3%A2tir-un-monde-meilleur-1

[18]. Thomas Uthayakumar, « Vers une alimentation bas carbone, saine et abordablevolet 2 – prospective des régimes alimentaires et évolution de l’empreinte carbone de l’alimentation en France », wwf et ecoinitiave2, 2019

[19]. www.anses.fr/fr/content/etude-inca-3-pr%C3%A9sentation

[20]. https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/02/jerome-baschet-le-xxie-siecle-a-commence-en-2020-avec-l-entree-en-scene-du-covid-19_6035303_3232.html

[21]. https://www.youtube.com/watch?time_continue=35&v=JKY1i7IpK3Y&feature=emb_logo

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