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DPP Sherma Dalrymple
La directrice des poursuites publiques (DPP), Sherma Dalrymple, a officiellement interjeté appel d’une décision de la Haute Cour suspendant définitivement l’inculpation de trois accusés : Thomson Fontaine, Lennox Linton et Edison James. L’appel, déposé devant la Cour suprême des Caraïbes orientales le 12 mars 2025, conteste la décision rendue par le juge Colin Williams le 28 février 2025, qui a déclaré que le droit constitutionnel des accusés à un procès équitable dans un délai raisonnable avait été violé.
L’affaire fait suite à des événements survenus en février 2017, pour lesquels les accusés ont été inculpés d’incitation à la violence. Ce jour-là, le Parti des travailleurs unis (UWP), alors parti d’opposition parlementaire, a tenu un rassemblement sur l’avenue Kennedy à Roseau pour réclamer la démission du Premier ministre Roosevelt Skerrit. À la suite de cet événement, plusieurs commerces ont été vandalisés dans la capitale. Plusieurs membres de l’opposition ont ensuite été inculpés d’incitation à la violence et d’entrave à la justice.
Le juge Williams a statué que le retard prolongé de plusieurs années dans la présentation de l’affaire au tribunal constituait une violation des droits des accusés en vertu de l’article 8(1) de la Constitution du Commonwealth de la Dominique. Le juge a imputé ce retard à l’État et a déclaré que les poursuites avaient abusé de la procédure judiciaire. Par conséquent, l’acte d’accusation a été définitivement suspendu, empêchant l’État de poursuivre d’autres poursuites liées aux accusations.
Le bureau du DPP a exposé plusieurs motifs d’appel, affirmant que le juge de première instance avait commis des erreurs de droit sur plusieurs points. Le DPP soutient qu’une suspension définitive de l’acte d’accusation était disproportionnée et excessivement sévère. D’autres recours, tels que l’accélération du procès ou la réduction des peines potentielles, n’ont pas été envisagés.
L’appel souligne l’intérêt public à poursuivre les infractions graves, soulignant que les accusations d’incitation étaient liées à d’importants troubles à l’ordre public, notamment des pillages et des dommages matériels. Dalrymple soutient également que des facteurs externes, tels que l’ouragan Maria, la pandémie de COVID-19 et l’absence des accusés du tribunal, ont contribué au retard et étaient indépendants de la volonté de l’État.
Le DPP conteste également la conclusion du juge selon laquelle le retard constituait un abus de procédure, arguant qu’il n’y avait aucune preuve d’une mauvaise conduite du procureur ou d’une conduite oppressive de la part de l’État.
L’appel met en lumière la contribution des défendeurs au retard, citant l’absence d’Edison James pendant plus d’un an et celle de Thomson Fontaine pendant plus de trois ans. Le DPP affirme que le juge n’a pas examiné si un procès équitable était encore possible, aucun préjudice spécifique, tel que la perte de preuves ou l’indisponibilité de témoins, n’ayant été démontré.
Le DPP a demandé à la Cour d’appel d’annuler la décision de la Haute Cour, d’accueillir l’appel et d’ordonner un nouveau procès. L’appel est interjeté en vertu de l’article 37(2) de la Loi sur la Cour suprême, chapitre 4:02, qui autorise les appels sur des points de droit.
Cet appel met en lumière la tension entre la garantie d’une justice rapide et la résolution des retards systémiques dans le processus judiciaire. L’issue de cette affaire pourrait avoir des conséquences importantes sur l’interprétation des droits constitutionnels et l’administration de la justice à la Dominique.