L’ordre économique mondial est en pleine mutation, avec des changements significatifs en matière de politiques industrielles, de subventions et de protectionnisme. Jean-Marc Siroën, économiste et professeur, nous donne sa perspective sur la situation actuelle. Cet article est basé sur une interview réalisée par Atlantico avec M. Siroën*.

Un « Nouveau Désordre Économique Mondial »

Le monde assiste à un démantèlement progressif du système multilatéral, établi après la Seconde Guerre mondiale, qui reposait sur des règles strictes. L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) avait pour rôle de réguler les subventions et le protectionnisme. Cependant, avec le refus des États-Unis d’accepter de nouveaux juges à l’OMC, certains pays, notamment les États-Unis, se sont affranchis des règles qu’ils avaient autrefois approuvées. Des actes, tels que l’Inflation Reduction Act américain, violent les règles de l’OMC, rappelant le désordre économique de l’entre-deux-guerres.

Les Véritables Perdants

Contrairement à l’analyse du Wall Street Journal qui suggère que les petits pays, comme la Grande-Bretagne, Singapour et l’Indonésie, sont les principaux perdants, Jean-Marc Siroën estime que tous les pays pourraient être économiquement affectés. Les fonds utilisés pour les subventions pourraient être mieux dépensés dans la recherche, l’éducation ou les infrastructures. De plus, les objectifs de ces politiques sont souvent ambigus, allant de la réindustrialisation à la création d’emplois, en passant par la revitalisation des territoires négligés et la transition énergétique.

Perspectives pour l’Avenir

La situation actuelle n’indique pas la fin de la mondialisation, mais plutôt son adaptation. Les grandes puissances comme les États-Unis, la Chine et l’Union européenne cherchent à contrôler les points stratégiques des chaînes de valeur, laissant des opportunités pour d’autres nations. Les pays asiatiques, par exemple, bénéficient de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Cependant, les alliances futures seront probablement plus politiques que purement économiques.

En conclusion, il est encore trop tôt pour déterminer quels pays ou entreprises sortiront véritablement gagnants ou perdants de ce nouvel ordre économique. Les objectifs des nations sont multiples et parfois contradictoires, et seul le temps dira comment les choses évolueront. Ce qui est sûr, c’est que les entreprises, en particulier celles liées à la transition énergétique et aux applications numériques, semblent actuellement être les plus avantagées.


* Jean-Marc Siroën est un économiste français spécialisé dans les questions internationales, notamment les échanges et la mondialisation. Au moment de ma dernière mise à jour (en septembre 2021), il était professeur d’économie à l’Université Paris Dauphine. Outre ses fonctions académiques, Siroën a également écrit plusieurs ouvrages et articles sur des sujets liés à l’économie internationale, la mondialisation, et les politiques commerciales.

Il est fréquemment sollicité par les médias pour donner son point de vue sur des questions économiques d’actualité et est connu pour ses analyses approfondies des dynamiques économiques mondiales.

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