Après les très nombreux appels à un plan de relance durable, le Shift Project lance un vaste chantier pour dessiner la transformation de l’économie. Le think tank, spécialiste de la décarbonation, entend proposer, secteur par secteur, des mesures concrètes en tenant compte de leur impact sur le climat, la biodiversité, l’emploi et la résilience des différentes catégories sociales. Les premières propositions seront dévoilées avant l’été.

“La question n’est pas combien ça coûte mais que fait-on ?”, résume le Shift Project pour décrire le plan de transformation de l’économie qu’il vient de lancer (1). Un chantier d’urgence pour “poser les jalons d’un plan stratégique, concret, cadencé, et ainsi ouvrir le débat”, précise Matthieu Auzanneau, directeur du think tank, spécialisé dans la décarbonation de l’économie. “Nous avons le diagnostic et maintenant il faut une méthode thérapeutique.” Les premières propositions seront dévoilées avant l’été.

“La méthode que nous voulons échafauder s’intéresse à l’économie concrète : pas ‘euros’, ‘croissance’ et ‘dette’, mais ‘métiers’, ‘tonnes’, ‘joule'”, détaille l’équipe. “Notre ambition est de rentrer dans un niveau de détail suffisamment clair pour être compris de tous, tout en étant assez précis pour avancer. Nous laissons délibérément la question des financements de côté. L’argent n’est presque plus un problème, au sens où partout dans le monde, il y a eu des programmes de création monétaire. La seule question qui compte est celle des moyens matériels et des compétences”, explique Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project.

Une transformation de gré ou de force

Le think tank entend mobiliser un important panel de spécialistes pour échauder ce plan autour de 15 secteurs parmi lesquels l’énergie, la mobilité, le logement ou encore l’enseignement. L’objectif est de respecter l’objectif de 2°C de l’Accord de Paris et de réduire chaque année les émissions de 4 %. Il s’agit aussi de prendre en compte les effets d’un tel plan sur la biodiversité et les écosystèmes, sur l’emploi et le PIB mais aussi sur la résilience des catégories sociales et la résilience aux chocs exogènes.

Deux équipes d’experts sont constituées : la première proposera notamment des contreparties “décarbonantes” aux aides de l’État dans la cadre de la crise du Covid-19, détaillées par filière, par territoire ou par acteur, tandis que la seconde décrira les possibilités de transformation concrète de chaque secteur, en termes d’emploi et de besoins de formation, d’organisation et de flux physiques. Pour mobiliser ces ressources techniques, le Shift Project lance en parallèle une campagne de crowdfunding (2).

“La sortie des énergies fossiles est inexorable. Elle se fera de gré, pour éviter un réchauffement de plus de 2 °C, ou bien de force, car le pétrole, qui dicte aujourd’hui sa loi à l’économie mondiale, commencera à se tarir bien avant la fin de ce siècle” explique l’association. “Il n’est ni souhaitable ni possible de revenir au monde d’avant la pandémie de coronavirus en raison de la raréfaction en cours du pétrole, prévient Jean-Marc Jancovici. La croissance, sur laquelle reposent toutes les politiques mises en œuvre jusqu’ici, risque de ne pas revenir avant longtemps. Il faut donc réinventer un modèle qui ne s’appuie plus sur cette croissance.”

 

(1) Voir la présentation du Shift Project

(2) Participer à la campagne de crowdfounding

Partager.

Comments are closed.

Exit mobile version