Frog | Matthias Liffers via Flickr CC License by

Avouez que ça fait envie.

Repéré par Thomas Messias Pour Slate

Pour The Atlantic, la journaliste scientifique Katherine Wu s’est intéressée aux étangs dans lesquelles on trouve parfois jusqu’à douze espèces de grenouilles différentes. Ces lieux peuvent s’avérer extrêmement bruyants (plus de 100 décibels, soit l’équivalent d’un «baladeur écouté à pleine puissance»).

Il est recommandé aux êtres humains de ne pas s’exposer plus d’un quart d’heure par jour à ce niveau de bruit, sous peine d’endommager leur audition. À tel point que les scientifiques qui étudient ce genre d’écosystème doivent porter des protections auditives en permanence.

Cette cacophonie pose problème aux grenouilles elles-mêmes: si les femelles ne parviennent pas à reconnaître l’appel des mâles de leur espèce, alors certaines opportunités de se reproduire risquent d’être ratées. Un peu comme si on tentait de faire connaissance au cours d’une soirée où la musique est trop forte, et que la conversation finissait par tourner en eau de boudin.

Heureusement pour la survie des grenouilles, l’évolution s’en est mêlée en dotant leurs poumons d’un système leur permettant de mieux discerner les signaux émis par les mâles. Ce dispositif est assez stupéfiant, puisqu’il ne consiste pas à amplifier les sons émis par les mâles de la bonne espèce, mais à faire baisser le volume des bruits produits par ceux qui n’ont aucun intérêt reproductif.

Les poumons des femelles font donc office de casque anti-bruit: ils peuvent réduire les sons ambiants d’environ 10 décibels, ce qui est énorme sur l’échelle logarithmique de cette unité de mesure. Cela signifie en fait que le bruit peut être divisé par 10. En comparaison, les vrais casques anti-bruit peuvent faire diminuer le son de 30 à 40 décibels, soit une division par 1.000, voire par 10.000. Mais à l’échelle de la nature, le filtre des grenouilles est déjà conséquent.

Inconscient mais intelligent

Ce filtrage n’est pas conscient de la part des femelles grenouilles, explique Amritha Mallikarjun, spécialiste en sciences cognitives à l’université vétérinaire de Pennsylvanie, mais pour autant, «il semble incroyablement intelligent».

Plus d’une humaine rêverait d’avoir des aptitudes similaires et de se couper des hommes qui ne l’intéressent pas —que ce soit à des fins reproductives ou non. Mais contrairement aux grenouilles, leur système auditif n’est pas relié aux autres fonctions de leur corps, comme par exemple leurs poumons.

Une étude danoise récente a confirmé que les vibrations pulmonaires des femelles grenouilles leur permettaient de s’orienter dans l’espace en se repérant notamment par rapport aux sons. Les fréquences des vibrations leur permettent d’éliminer partiellement les fréquences de certains sons, et notamment ceux des mâles considérés comme inutiles ou indésirables. Et si la baisse n’est «que» de 10 décibels, c’est aussi parce que les femelles tiennent à pouvoir rester alertes et surveiller les prédateurs potentiels.

 

 

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version