Et si l’un des tout premiers abolitionnistes martiniquais avait été un gendarme ? C’est à cette question surprenante que répond l’ouvrage Les mystères de Fort-Royal, écrit par le général William Vaquette, ancien commandant des forces de gendarmerie de Martinique. À travers une enquête historique romancée, l’auteur exhume le destin effacé de Joseph France, officier de gendarmerie devenu militant abolitionniste et député de la Martinique en 1848.
À l’occasion de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, le général Vaquette sera de retour sur l’île du 5 au 12 juin 2025 pour assurer la promotion de ce livre aussi érudit que captivant, paru aux éditions Caraïbéditions.
Une histoire méconnue, un roman nécessaire
Lorsque William Vaquette est nommé à la tête de la gendarmerie en Martinique, il ignore que son parcours croisera celui de l’un de ses prédécesseurs les plus singuliers : le chef d’escadron Joseph France. Ce Mosellan, engagé dans l’armée napoléonienne avant d’embrasser la carrière de gendarme, fut affecté à Fort-de-France en 1843. Là, il découvre la réalité brutale de l’esclavage colonial. Loin de rester passif, cet homme de l’ordre devient alors un homme de conscience. Il ordonne à ses hommes d’enregistrer les plaintes des esclaves, enquête sur des abus dans les habitations, et finit par être écarté du territoire par une administration hostile à ses prises de position.
Un roman nourri d’archives et d’imaginaire
Dans Les mystères de Fort-Royal, William Vaquette choisit un angle original pour restituer ce destin oublié : un huis clos imaginaire, sous forme de dialogue entre Joseph France et Victor Schoelcher lors d’un voyage en mer entre Le Havre et Dakar en 1847. Ce procédé littéraire donne au récit une dimension intime, presque introspective, tout en déroulant les grands faits historiques : la condition des esclaves, les tensions politiques, les réseaux de résistance.
Mais ce roman est aussi une fresque caribéenne : entre quimbois, franc-maçonnerie, trésor disparu de l’Église et histoire d’amour avec une femme libre de couleur – Milabelle, arrachée à l’Afrique par la traite – le récit navigue entre mémoire et mystère, entre rigueur documentaire et souffle romanesque.
Un devoir de mémoire salué et partagé
Le livre s’inscrit dans une dynamique mémorielle plus large. Depuis le 9 juillet 2024, la caserne de gendarmerie de Fort-de-France porte officiellement le nom de Joseph France, grâce au soutien de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Cette reconnaissance institutionnelle redonne une place dans l’espace public à celui qui osa désobéir pour l’humanité.
Les médias ont relayé cette démarche, saluant la volonté de faire émerger les figures oubliées de l’histoire coloniale, comme le montre la couverture médiatique sur France Télévisions et La Voix du Gendarme.
Un ouvrage accessible et disponible partout
Publié par Caraïbéditions, Les mystères de Fort-Royal est disponible dans toutes les librairies des Antilles-Guyane, dans les rayons « Caraïbe » des librairies de l’Hexagone, et sur les principaux sites de vente en ligne comme fnac.com, decitre.com ou cultura.com. Il s’adresse à un large public : passionnés d’histoire, étudiants, enseignants, curieux de mémoire ou simples lecteurs avides de récits puissants.
La Martinique, source d’inspiration et de transmission
Avec cet ouvrage, le général Vaquette ne se contente pas d’honorer un aîné. Il prolonge son propre engagement pour une histoire plus juste, plus complète. En revenant en Martinique du 5 au 12 juin, il vient non seulement présenter son livre, mais aussi dialoguer avec les Martiniquais, prolonger cette parole retrouvée, et rappeler que derrière l’uniforme, parfois, se cache un cœur qui bat pour la justice.
Qui était Joseph France ?
Né en 1787 en Moselle, Joseph France s’engage dans l’armée napoléonienne avant d’intégrer la gendarmerie. Affecté à la Martinique en 1843, il se heurte à l’inhumanité de l’esclavage. Ses prises de position courageuses lui valent d’être contraint au silence par l’administration coloniale. De retour en France, il publie en 1846 un pamphlet virulent contre l’esclavage et est élu deux ans plus tard député suppléant de Victor Schoelcher. Il meurt en 1869 à Paris, officier de la Légion d’honneur.
Pour aller plus loin :
- Le site de Caraïbéditions : https://www.caraibeditions.fr
- La presse en parle :
- Informations complémentaires sur la tournée du Général William Vaquette à venir dans les médias locaux.