par Pierre Ancery – Retronews.fr  

A l’origine chants religieux des esclaves noirs des États-Unis, les spirituals sont popularisés en France, sous leur forme enregistrée, dans l’entre-deux guerres. La presse s’intéresse alors à cette musique venue d’outre-Atlantique.

Également appelé negro spiritual, le spiritual est un genre musical né au XIXe siècle parmi les esclaves afro-américains. Issu du mélange entre des traditions musicales africaines et européennes, il est marqué par la dominante religieuse des paroles. Chants d’espoir, les spirituals sont d’abord un dialogue avec Dieu : ce sont des cantiques, qui font référence dans leur majorité à l’Ancien Testament.

Mais la plupart évoquent aussi, en filigrane, les conditions de vie abominables des esclaves noirs aux États-Unis, pays où l’esclavage demeura en vigueur jusqu’en 1865. Entonnés en chœur ou sur le mode de la « question-réponse », les spirituals sont à l’origine des work songs, chantés pour rythmer le travail dans les champs. Les nombreuses références qui y sont faites à l’oppression du peuple hébreu, tirées de la Bible, font ainsi écho aux souffrances présentes des esclaves.

Les spirituals vont devenir, à la fin du XIXe siècle, la musique emblématique des Noirs américains. Certains de ces chants deviendront célèbres : « Sometimes I Feel Like A Motherless Child », « When The Saints Go Marching In », « Deep River »…

Le premier ensemble choral à populariser les negro spirituals est celui des Fisk Jubilee Singers. Formé en 1871 et dirigé par un chef de chœur blanc, George White, ce groupe de chanteurs et chanteuses a cappella (quatre hommes et cinq femmes afro-américains, anciens esclaves pour la plupart) va produire une version arrangée des chants traditionnels, afin de coller aux goûts du public de l’époque.

L’ensemble se produit d’abord aux États-Unis, notamment le long de la Underground Railroad (route secrète des esclaves en fuite vers le Nord). Puis les Fisk Jubilee Singers voyagent en Europe, où ils rencontrent un vif succès, jouant même devant la reine Victoria en 1873.

Le 11 mai 1878, la presse strasbourgeoise rend ainsi compte de leur concert à l’église Saint-Pierre-le-Vieux :

« Le concert des Jubilee Singers nègres avait attiré mercredi, a l’église Saint-Pierre-le-vieux, un public énorme, et la recette a atteint tout près de 3000 fr. L’auditoire a écouté et sincèrement admiré les chanteurs (sept femmes et quatre hommes), qui ont exécuté des chœurs, des hymnes populaires américains et anglais, et des chants d’esclaves proprement dits.

Les voix sont justes, pures, métalliques et guidées par un sentiment musical d’autant plus profond qu’il est instinctif. La société nègre a obtenu un vif succès, qui infailliblement se renouvellera jusqu’à leur retour de Suisse. »

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