Accompagner, faciliter toutes les prises en charge, les démarches administratives, aider à financer les projets d’amélioration de l’habitat ou de construction du premier logement par le biais d’aides gouvernementales, prendre à bras le corps et défendre les dossiers…telles sont les principales missions de l’Opérateur Social (OPS) à la Martinique créé en 1996. Rencontre avec Cédric Bistué son fondateur pour qui « contribuer à l’insertion par le logement et lutter contre les précarités et exclusions sociales » est une priorité.


Créer une entreprise de la sorte était un pari osé ! Face à vous il y avait déjà depuis bien longtemps les trois sociétés d’HLM historiques, était-ce réellement difficile ?

Effectivement ! Au début, il était difficile d’avoir notre place, car la rénovation de l’habitat n’était pas une priorité. Peu à peu les différents intervenants et décideurs ont réalisé qu’avec le vieillissement de la population et du parc, la paupérisation, le manque de terrains et les effets ghettos ou encore le noyage de populations dans de grands ensembles immobiliers, qu’il fallait faire de l’amélioration de l’habitat une part entière, un métier à part, afin de préserver l’habitat existant et les cellules familiales. Il y avait ce rôle à jouer, nous l’avons fait.

La réhabilitation sociale constitue l’unique activité d’OPS qui se donne pour objectifs de répondre aux exigences des  financeurs et de contribuer activement au maintien et à la valorisation du patrimoine des Martiniquais.

Nous avons fait le choix de favoriser l’écoute et le dialogue avec nos clients lors de toutes les phases d’accompagnement. Cela nous permet de mieux les informer sur l’évolution de leur dossier et sur la signification et l’utilité des documents qui leurs sont remis. Il s’agit pour nous de maintenir un véritable lien social de proximité.

Nous avons été, en 1996, le premier opérateur social privé agréé dans le domaine de l’amélioration de l’habitat par la Préfecture en parallèle au PACT qui était à l’époque la seule entité à faire de l’amélioration de l’habitat. Nous n’intervenons pas dans le LES, ça a été un choix depuis le début, et sommes le premier en volume depuis 1996. Nous sommes bénéficiaires, comme les sociétés d’HLM de la LBU.

Quen est-il en 2021 et combien cela représente t’il en terme de volume d’opérations traitées ?

Depuis 25 ans, nous intervenons pour aider toutes les populations vieillissantes, et traitons tout ce qui est sécurisation et adaptation de l’habitat, et plus particulièrement la couverture, le réseau électrique et les adaptations des salles d’eau (PMR) …, afin que ces personnes puissent rester habiter chez elles dans un environnement familier, souvent avec un petit jardin, plutôt qu’en maison de retraite ou en EPHAD.

Cela représente 150 chantiers par an et avons traités en 25 ans près de 5000 rénovations. C’est un métier très réglementé, tous les chantiers sont évidemment validés apriori mais aussi vérifiés et certifiés à posteriori par la DEAL.

Le métier à évolué depuis ?

Au fil des années, nous avons pu constater que les demandeurs se préoccupent de plus en plus de rester vivre dans leur maison et donc qu’il fallait mieux les faire rénover plutôt que de choisir l’hébergement « ailleurs ». Maintenant avec les aides de l’Etat et de différents autres organismes (CTM, CAF, ANAH…), les aides pour la performance énergétique(rénovation des toitures, isolation des combles), il y a une prise de conscience de la famille pour que les parents restent chez eux. Le bien entretenu peut aussi profiter aux générations qui viennent. Nous faisons partie du clusterILOM qui regroupe des opérateurs de maîtrise d’œuvre qui essaient tous de maintenir un cap dans la démarche souhaitée par la Deal.

Comment cela se passe-t-il, avec qui travaillez-vous ?

Nos clients sont des particuliers avec des plafonds de revenus à ne pas dépasser. Si ces personnes (souvent à la retraite) rentrent dans ces plafonds, elles bénéficient de l’aide de 60% pour des travails plafonnés à environ 35.000 – 40.000 euros de travaux. L’Etat peut aider à 60%, la Ctm à 20% et il reste généralement 20% d’apport. Il peut aussi avoir d’autres aides annexes, parfois de la CAF. Tout cela pour essayer de boucler la rénovation de l’habitat principalement la rénovation électrique pour qu’il n’y ait pas de problème de sécurité électrique, les toitures, on peut aussi faire les menuiseries, beaucoup de mises aux normes sanitaires pour des PMR. Ce sont les trois axes principaux, il peut éventuellement y avoir aussi un peu de peinture extérieure.

Avez-vous des habilitations spécifiques ?

Bien que nous possédons une triple certification, nous ne sommes pas une entreprise du bâtiment, mais les sous-traitants avec lesquels nous travaillons possèdes tous les habilitations nécessaires dans leur domaine d’activité. Ils sont donc formés et qualifiés.

Côté financement, rencontrez-vous des difficultés à être payés ?

Pour démarrer le chantier on s’assure que l’aide de l’Etat de 60% et les 20% de la Ctm, ont été accordés et qu’on ait bouclé le plan de financement. Une fois cela réalisé nous démarrons les travaux, avec les avances de démarrage. Une visite est faite en amont par la Deal pour voir si ces travaux correspondent au devis. Une fois terminés et la réception contrôlée par la Deal, nous sommes payés des sommes restantes.

Dans les 20% il y a son apport personnel et sa banque ?

Pas forcément, ce ne sont pas de gros montants, c’est maximum 7.000 à 8.000 euros et il est possible de faire plusieurs versements. Il y a aussi l’entraide financière familiale non négligeable.

Comment trouvez-vous vos dossiers ?

Beaucoup de travail de terrain, de relations…, nous sommes aussi en contact avec les CCAS et les mairies. Et puis il y a le « bouche à oreille », et notre bonne réputation.

Combien êtes-vous pour faire tous ces travaux ?

18. Nous avons 3 commerciaux, une personne pour le suivi financier, la directrice, Madame Céline Blandin, des personnes pour la constitutions des dossiers administratifs et techniques, les suivis de chantiers … Et bien sûr nos sous-traitants et artisans du BTP.

Comment avez-vous vécu la crise sanitaire en 2020 ?

Pendant 2 mois nous avons arrêté de travailler, après on avait les dossiers et on a continué. On a réussi à s’organiser aussi pour faire du télétravail, les locaux étant assez grands, les collègues ont continué à travailler, les équipes sur le terrain également, donc 2020 nous a rapprochés, ça a donné encore plus de sens à ce que l’on fait. Toute notre équipe est contente et fière du travail fait et du service amené aux plus démunis depuis ces années.

On est très bien équipé pour la dématérialisation ; la Deal est aussi sur cette phase de dématérialisation au niveau des dossiers, cela facilite grandement nos missions et la rapidité de celles-ci.

Que souhaiteriez-vous de plus en tant qu’opérateur ?

Il y a 20 à 25 ans l’amélioration de l’habitat était une simple valeur d’ajustement par rapport à la construction neuve portée par les HLM. Aujourd’hui la démarche est différente. On est sanctuarisé avec la globalité de l’AAH de 500 dossiers par an, avec le budget alloué. Au travers du GIDOS avant et d’ILOM aujourd’hui nous avons fait un gros travail pour faire comprendre aux politiques et aux instances que c’était important de garder le patrimoine immobilier en état.Honnêtement, aujourd’hui le système fonctionne bien.

Vous avez parlé des artisans, qu’en pensez-vous ? Quel est votre avis ?

Nous avons un pool d’artisans sérieux, que nous essayons d’accompagner dans leur évolution et formation. Il est vrai que depuis 25 ans nous avons eu le temps de sélectionner les meilleurs et tisser avec eux une relation de confiance.

Comment devient-on opérateur social ?

Une démarche doit être faite auprès de la Préfecture. La Deal décide si elle en a besoin ou pas puisque c’est elle qui traite les dossiers envoyés par les opérateurs. On s’est bien professionnalisés. Pour l’instant les opérateurs existants donnent entièrement satisfaction, ils arrivent à tenir les objectifs.

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