En mai 2021 était présenté le projet ‘’Interamericas Gate’’, à savoir la création d’un « observatoire économique interportuaire » qui réunirait, outre notre Grand Port Maritime de Martinique, les établissements similaires de Guadeloupe, Guyane et Saint-Martin, ainsi que la Caribbean Maritime University de la Jamaïque. Un Observatoire qui, selon ses acteurs et promoteurs, est désormais lancé. Rappel des enjeux et actualité de ce projet de grande envergure.

Jean-Remy Villageois, Président du directoire du Port. MI

« La genèse de ce projet se situe dans le ‘’Conseil de Coordination Interportuaire Antilles-Guyane’’ (CCIAG) », expliquait à l’époque Jean-Rémy Villageois, le président du Directoire de l’établissement portuaire de notre péyi, « et cette idée de l’Observatoire est venue de Martinique, lors d’une réunion du CCIAG, parce que ça répondait à l’objectif de mieux comprendre les marchés, à un moment où ils se complexifiaient. » Le dirigeant précisait alors : « C’est-à-dire que durant les 10-15 dernières années, on était connectés principalement à la France hexagonale, avec un bateau qui arrive toutes les semaines, qui reste 3 jours, qui charge ‘’sa’’ banane et qui repart. Mais nous avons senti, avec l’ouverture du Canal de Panama, que tout ça allait changer ; qu’on ne serait plus seulement un ‘’satellite’’ mais qu’on serait relié aux autres ports internationaux, qu’on le veuille ou pas. » Un observatoire qui est aussi né, parmi de multiples raisons, du constat suivant.

« Il s’agit de comprendre le marché, plutôt que le subir » 

« Nous avons clairement un déficit de connaissances et d’expérience(s), d’où l’idée de l’observatoire, qui doit gérer des données, détecter des tendances et les partager avec les autres ports », indiquait Jean-Rémy Villageois en effet, « donc il s’agit de comprendre le marché, plutôt que le subir, et d’équilibrer les rapports entre les lignes et les ports, avec une bonne connaissance : c’est ça l’enjeu. Et quand cette idée a commencé à prendre de l’ampleur, cette Université de la Jamaïque nous a rejoints, avec notamment un travail sur les données et leur analyse. C’est donc de l’intelligence économique : faire ‘’parler’’ les données, de façon à alimenter les stratégies de notre Grand Port Maritime. » Un dirigeant qui illustrait ce dernier point par l’exemple. « Imaginez qu’une ligne maritime développe du transbordement* de voitures », indiquait-il ainsi, « les ports entreront donc en concurrence et là, une réponse pourrait être d’utiliser tel port parce qu’il a de la capacité là, et tel autre (port) parce qu’il en a là. Ces deux ports pourraient donc s’unir et faire une offre commune. »

Containers

Un regroupement interportuaire qui, en outre, développe un outil de coopération absolument crucial quant aux ambitions et missions essentielles de cet Observatoire, à savoir une plateforme « unique et sécurisée, de partage des données portuaires de la grande Caraïbe. » Un outil qui est, selon les acteurs de cet Observatoire, « actuellement en phase de construction et de tests », et des données qui, à terme, seront relatives à des réalités telles que les trafics portuaires (tonnage, volume de conteneurs chargés), les services maritimes (partage des lignes et des trajets), l’économie (investissements, impacts socio-économiques) ou encore les éléments techniques (longueur de quais, surface de terre-plein, nombre et type d’outillages). Enfin, il s’agit là d’un projet global dont l’un des futurs objectifs – et non des moindres – est d’intégrer, également à terme, d’autres établissements de grande envergure, notamment des ports d’Amérique latine et centrale. A suivre donc.

                                                                                                                                                      Mike Irasque

*Le transbordement consiste à décharger et faire transiter des marchandises d’un quai d’arrivée vers leur lieu de sortie, mais sans entreposer ou stocker ces marchandises.

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