Les phénomènes de sécheresses prolongées sont une des nombreuses manifestations prévues du dérèglement climatique en cours. Les prévisions prévoient une diminution significative des moyennes de précipitations annuelles pour la zone des Petites Antilles (-10 à 15%), mais en même temps des risques d’occurrences de phénomènes cycloniques plus violents apportent ponctuellement des volumes d’eau dévastateurs pour les cultures (inondations, érosion des sols arables…). En milieu tropical, on est donc confronté à des pénuries et des excès et les deux situations posent des problématiques complexes qui impactent l’activité agricole.

Les enjeux d’usage de l’eau que l’on voit déjà se traduire en conflits ça et là risquent d’impacter de plus en plus les politiques publiques déployées par l’Etat et les collectivités locales, y compris dans un territoire comme la Martinique où la ressource disponible est encore abondante.

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Les réflexions en cours sur la transformation du modèle agricole martiniquais vont notamment devoir s’intéresser plus sérieusement à la question de la disponibilité de l’eau tout au long du cycle agronomique des différentes cultures. La régularité de la disponibilité est la clé et il faut pouvoir capter et stocker l’eau lorsqu’elle est naturellement mise à disposition par la nature. Si j’ai bien compris la volonté politique qu’exprime la Gouvernance de la Collectivité Territoriale de Martinique, il s’agit non pas d’un remplacement des cultures d’exportation par des cultures maraîchères nourricières, mais d’une reconquête des terres agricoles aujourd’hui en jachère par la diversification. Et, de mon point de vue, contrairement au slogan mis en avant, il s’agit bien d’arriver à une autonomie partielle, donc tout simplement et en termes plus justes en matière de sémantique à une réduction significative des importations de produits agricoles.

La situation est simple, la banane et la canne occuppent la quasi-totalité des surfaces cultivées de l’île. Le melon est également cultivé dans l’extrème sud de l’île. Banane et melon sont des cultures qui exigent des volumes d’eau importants pour assurer la croissance des fruits. La canne à sucre est généralement laissée à la merci du régime des pluies, mais les précipitations au bon moment influent sur la taille des cannes donc sur les tonnages récoltés alors même que des besoins restent aujourd’hui insatisfaits.

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Exploitation agricole au quartier Champ Fleuri

Globalement, avec une très nette augmentation des surfaces cultivées, il y aurait nécessairement une augmentation sensible des besoins en eau pour les usages agricoles. Mais, les captages de surface dans les rivières posent déjà des problématiques graves de continuité écologique en période d’étiage des cours d’eau, et ces captages ne peuvent donc constituer les solutions les plus acceptables.

Dans un tel contexte, la conservation et la réhabilitation des mares va représenter un intérêt croissant. Ces équipements séculaires de gestion de la ressource en eau, très communs dans la commune de Sainte-Anne, la plus sèche de l’île assurent déjà la survie d’une agriculture paysanne, en complément du réseau du périmètre d’irrigation du sud-est (PISE) alimenté à partir du barrage de la Manzo.

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Mare au quartier Fond Repos
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Mare au quartier Cap Ferré
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Réseau d’iirigation connecté à une mare au quartier Baréto

Un dernier point mérite notre attention à propos de ces mares, elles accueillent une biodiversité exceptionnelle, comme ces poules d’eau (Gallinulla Chloropus), une espèce qui voit son habitat se réduire dangereusement chaque année. Il s’agit d’une espèce protégée par l’arrêté du 17 février 1989 qui symbolise aussi le combat que nous devons mener pour sauvegarder ces points d’eau éparpillés dans les campagnes de Martinique. Même si ce combat écologique est aujourd’hui inaudible et invisible, il mérite qu’on y accorde du temps et de l’énergie. Et si la poule d’eau devenait un symbole de résistance ?

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Les mares sont des lieux de reproduction des poules d’eau
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